Mireille Roobaert

Touwensa. Agences

À PROPOS DE L'ŒUVRE

L'artiste a tout fait, ou à peu près tout, avec bonheur: portraits, avec ou sans intérieurs, toujours avec profondeur. Paysages. Architectures. Jusqu’aux formes, dépouillées à l’extrême parfois. Une constante: depuis longtemps, Mireille Roobaert traite ses images par ordinateur, non pour les faire mentir comme quand on gomme les défauts d’une peau ou d’un corps, mais pour mieux leur faire avouer leur vérité. Avec ses “Objets photographiques”, son talent n’a pas déserté la photo, il sort du miroir de la réalité; il avait tout simplement envie de s’envoler dans une autre dimension. Laquelle ? Et pour aller vers où ? Elle avoue ne pas connaître elle-même le but du voyage mais, comme dans tout ce qu’elle entreprend, le voyage lui-même la passionne.

Ce n’est plus une photo qui est le but, le but devient lui-même objet interrogeant le regard. Que sont ces formes symétriquement numérisées, découpées comme au laser, où l’œil cherche vainement à identifier le réel dans ce qui ressemble parfois à l’image d’une galaxie lointaine ? L’émancipation de ces assemblages de pixels est totale par rapport au figuratif photographique. Comme les designers déstructurent pour réinterpréter ce qui nous habille, la photo se désimage, fait un pas de plus sur le chemin tracé par les peintres. Qui sait ? Peut-être un jour, Mireille, avec un logiciel de C.A.D. et une imprimante 3D, ira-t-elle jusqu’à créer des “objets photographiques” palpables, en relief ? Elle n’est pas au bout de ses surprises. Et nous non plus.
 


À PROPOS DE L'ARTISTE : Mireille Roobaert
 
La photographe crée ses œuvres en manipulant les pixels un à un car selon elle : "ils contiennent chacun une part de vérité essentielle". Elle se consacre spécialement aux questionnements sur les thématiques récurrentes des fausses symétries, impressions surréalistes d’une réalité flouée mais devenue visible, autant de sensations de miroirs twistés, d’une perception à deux visages qui montre à la fois le passé et le futur à travers l’œilleton.

Le grand pilier de son art traite les reflets de l’eau, avec leur part symbolique de fertilité, de féminité, de fluidité, ce qu’elle appelle joliment "MIDMVV" : le Monde Imaginaire De Ma Vraie Vie. Les noms de ces images portent déjà en eux l’exigence de poésie de leur auteure : "Il pleut des lunes", "En fin"… Comme dans la vie, Mireille Roobaert transforme la réalité qui l’a elle-même transformée, hors des sentiers battus, et rassemble ou oppose, selon, deux mêmes choses différentes.

Elle appartient à la génération argentique, mais Photoshop est son outil. Déjà avant l’apparition du numérique, dans la chambre noire, elle jouait de la photo expérimentale, mélanges de formes et de matières. Aujourd’hui grâce à l’informatique, l’artiste peut aller beaucoup plus loin. Dans un seul pixel, elle intègre une multitude d’informations.

Il y a des messages cachés dans ses pixels, comme dans chaque atome de vie. L’informatique lui offre une liberté infinie du bout de son stylet, et elle sculpte l’image, modèle le message. Chaque lieu vide l’inspire, et elle le remplit de sens. Ainsi, à remplir ses espaces de graphismes et de couleurs, Mireille questionne ce qui habite le vide.

 

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