L’heure du conte à Khdairia : Pour éveiller l’esprit des enfants

Tabarka : Touwensa (Mokhtar TRIKI)

« C'est toujours pour des raisons pédagogiques que l'on invite des conteurs en bibliothèque ou que les bibliothécaires se font conteurs, même si le public s'est un peu élargi. Il y a aussi des séances pour les adolescents, voire des « ateliers-conteurs » pour les adultes.

Même si exceptionnellement le conte est l'occasion d'un événement spectaculaire ou permet d'attirer le public sur tel thème, ou à propos de telle parution, la raison principale de la présence des conteurs en bibliothèque est la pédagogie, et même, plus précisément, la pédagogie par l'art. »Précise Mme Amel Sleïmi, Directrice de la Bibliothèque de Tabarka. Qui ajoute encore : « Le but est d'inciter à la lecture, en particulier les enfants, mais cette incitation à la lecture est le fruit même de la prestation du conteur, c'est-à-dire de son art. La réapparition des conteurs professionnels a d'ailleurs créé un effet d'entraînement et de stimulation chez les bibliothécaires ».
 

Le motif de cette pédagogie est tout simple. Le conte « marche » pour la lecture des enfants, et en plus.   il est pour eux un plaisir très attendu. C'est peu dire qu'ils en redemandent. «  Bien sûr, à l'appui de ce succès, on ne peut faire état de mesures statistiques. Et d'ailleurs l'écoute régulière des contes par les enfants serait bien difficile à évaluer dans ses effets concrets. Ajoute Mme Monia Trabelsi, animatrice et conteuse à la Bibliothèque citée plus haut.
 

Simplement, c'est une constatation de bon sens que l'on doit sans cesse refaire, tant l'institution scolaire fonctionne à rebours du principe de plaisir. Il n'y a qu'une solution pour apprendre durablement aux enfants à lire : celle de leur donner envie, mais très envie, de déchiffrer la page imprimée, envie au point de payer le prix de l'effort nécessaire. Or le plaisir d'agrément ne suffit pas à faire accepter pareil pensum, il y faut une récompense importante. Le désir d'imiter un parent, un instituteur qu'on aime beaucoup, est le chemin le plus courant. Mais, si on est fâché avec l'école, comment un nouveau départ est-il possible ? C'est ici que les bibliothèques peuvent jouer, hors du cadre scolaire, un rôle pédagogique, rôle qu'elles ont toujours revendiqué : non pas seulement mettre le livre à disposition, mais le faire aimer.
 

  « J’ai eu l'occasion et la chance de réaliser régulièrement et très souvent pour les classes des heures du conte, mais aussi de raconter en situation de scène, avec un public important, et enfin d'animer des ateliers-conteurs à destination d'enfants, d'adolescents et même d'adultes (enseignants ou animateurs) Nous a déclaré Mme Monia. Ainsi, dit-elle : en collaboration avec les écoles surtout rurales de la ville de Tabarka, a été monté, avec une mise en scène de théâtre, le récit à voix multiples (du vieux paresseux et les animaux), contés par les élèves. « Le conte, cela donne envie de lire », dit-on de manière unanime, mais le résultat n'est pas toujours immédiat ni automatique. Il arrive que de trop grands conflits avec l'institution ne dévient le processus : ainsi les instituteurs   se sont découvert l'envie de faire du théâtre (mais il est vrai que le théâtre est aussi de la littérature).
 

    Une matinée très agréable avec les bambins à l’Ecole de Khdairia samedi dernier avec des histoires et encore des histoires ! Et le but final : amener les enfants à découvrir le plaisir de se faire raconter les plus belles histoires et de se laisser transporter dans un monde imaginaire. Et pour bien terminer l’activité, quoi de mieux de les faire dessiner, chanter et même danser sur des rythmes africains et en présence du jeune clown Hafedh Mliki accompagne de l’organiste Sahbi qui a su comment tenir les enfants en haleine. Et bravo pour ce duo.                          

Mokhtar TRIKI
 

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