Exposition pédagogique : découvrez le « laboratoire de la création » d’Auguste Rodin

By www.touwensa.net février 13, 2015 349

Touwensa. Agences (Mokhtar TRIKI)

La nouvelle exposition du Musée Rodin fait entrer le visiteur dans le secret de l’atelier de l'artiste, où se dévoilent les essais et maquettes qui ont mené à ses oeuvres les plus célèbres.

Découvrir les « chefs d’œuvre avant le chef d’œuvre » : voilà ce que propose la nouvelle exposition du Musée Rodin. Jusqu’au 27 septembre 2015, « Rodin, le laboratoire de la création » présente près de 140 études, maquettes et essais, issus des réserves du musée. De nombreuses photos, la plupart des oeuvres en cours, viennent compléter le dispositif.
 


Des « brouillons » de terre et de plâtre
 

On s’arrêtera, par exemple, devant la vitrine consacrée à la genèse du monument à Balzac, œuvre controversée, commandée à Rodin par la Société des gens de lettres en 1891. Pour ce travail, Rodin avait réalisé de nombreuses études de tête, modelées d’après des sosies de Balzac. Il est d’ailleurs fascinant de suivre l’évolution de sa réflexion à travers ces différentes maquettes, présentées sous forme de moulages en plâtre ou de photographies. Parmi tous ces « brouillons », il prendra pour point de départ de l’œuvre définitive l’un de ceux ressemblant le moins à Balzac, ayant choisi de représenter l’expression du génie plutôt que la ressemblance. L’œuvre fut refusée par la Société des gens de lettres, qui ne reconnut pas Balzac dans la proposition de Rodin. Cet échec blessa profondément l’artiste.
 

« Rodin ne préconçoit pas ce qu’il va créer, souligne Véronique Garnier, chargée d’action culturelle au Service culturel du musée Rodin. Il peut avoir un projet, il peut avoir envie de quelque chose, mais le travail en train de se faire amènera des bifurcations, des surprises, des accidents, des hasards, des trouvailles, des rencontres, des imprévus… L’artiste se surprend lui-même » Chez Rodin, même s’il dessine, le processus créatif se passe dans la terre lors du modelage. Les nombreux « brouillons » en terre cuite exposés sont les témoins de cette recherche permanente.
 


Les techniques décryptées
 

L’exposition propose également des focus passionnants sur les techniques utilisées par Rodin pour façonner ses œuvres : modelage de la terre, création des moules en plâtre pour les épreuves, techniques de taille du marbre ou de fonte du bronze… On y apprend aussi beaucoup sur les méthodes créatives particulières de l’artiste, comme l’utilisation des abattis. Rodin avait en effet l’habitude de multiplier les tirages en plâtre de morceaux isolés de ses sculptures : bras, jambes, pieds… Il disposait ainsi d’un « répertoire de formes » qu’il utilisait à sa guise pour recomposer d’autres œuvres.
 


Une grande richesse pédagogique et de multiples problématiques d’étude
 

L’exposition peut être abordée de multiples façons, elle ne propose pas de parcours pédagogique a priori. C’est aux enseignants de l’imaginer et c’est aussi ce qui en fait l’intérêt. « Tous les enseignants peuvent mettre en résonance leur champ disciplinaire avec l’exposition mais ils peuvent aussi montrer aux élèves combien le croisement de toutes les connaissances enrichit vraiment le regard », explique Véronique Garnier. « Le modelage peut s’expérimenter en arts plastiques mais c’est aussi une affaire de sciences, d’histoire, de technologie. La répartition du travail au sein de l’atelier, le contexte d’une commande ou la réception critique d’une œuvre peuvent s’entendre dans d’autres domaines artistiques, en littérature par exemple, ou être éclairés par la démarche historique, en relation avec l’histoire sociale ou celle des idées. La composition et l’expressivité de l’œuvre peuvent s’appréhender par le corps, à travers le mime ou le mouvement dansé, par les plus jeunes comme par les plus grands… Il y a beaucoup de pistes ».
 

Le dossier documentaire de l’exposition livre d’ailleurs quelques problématiques d’étude, dont les enseignants pourront s’inspirer pour préparer leur visite : la réception critique de l’œuvre de Rodin, par exemple, ou la relation artiste/artisan (Rodin ayant été artisan pendant les premières années de sa carrière).
 

Même les professeurs des écoles sont concernés par cette exposition,  signale Véronique Garnier. « On peut facilement faire comprendre aux jeunes enfants le principe du moulage des plâtres, en leur parlant par exemple de moule à gâteaux. Ils s’aperçoivent ainsi que c’est plus simple, quand on a fait un travail de modelage en terre, de créer un moule permettant d’obtenir plusieurs exemplaires en plâtre, plutôt que de refaire plusieurs fois l’œuvre en terre. Comme pour un gâteau ou un château de sable ».
 

Le musée propose également des visites accompagnées pour les publics scolaires, de la grande section de maternelle à la terminale.
 

Rodin, le laboratoire de la création
Jusqu’au 27 septembre 2015 au Musée Rodin de Paris

 

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