Adonis mal vu en Algérie, honoré en Tunisie

Deux intellectuels de renom, l’égyptienne Nawel Saadaoui , psychiatre de formation, romancière , grande militante pour les droits des femmes et le syrien Ali Ahmed Saïd Esber, alias Adonis, poète et critique littéraire , ont été décorés le 2 avril 2015, des insignes l’Ordre national du mérite par la ministre tunisienne de la Culture et du Patrimoine, pour leurs notables contributions .

Invités d’honneur à la foire internationale du livre de Tunis (27 mars-5  avril 2015), Nawal Saadaoui et Adonis ont été reçus, au Palais de Carthage, le 01 avril  par le Président de la république tunisienne , la presse relatant que l’ entretien a porté sur les questions relatives aux secteurs de la culture, de l’éducation et de la femme.

Selon  Nawel Saadaoui, l’ audience accordée par le Président tunisien, a permis "d’évoquer l’importance de l’éducation et de l’enseignement qui constituent une arme stratégique dans la lutte contre le terrorisme et un moyen idéal pour réaliser un essor culturel en profondeur". Quant au poète Adonis, il  a noté que « la Tunisie a une responsabilité politique et culturelle de grande envergure en vue de faire réussir son expérience démocratique et moderniste surtout qu’elle représente de l’avis de tous les intellectuels arabes, un modèle" et a notamment relevé qu’après "plusieurs récompenses d’intellectuels à travers le monde, c’est le premier mérite arabe que je viens de recevoir".

Que dire très succinctement de Nawel Saadaoui ? Née le 27 octobre 1931 près du Caire, cette grande figure lutte depuis des décennies  pour l'émancipation des femmes, dans son pays, contre l'excision des petites filles, les abus sexuels sur les enfants, les violences domestiques et toute autre forme d'oppression. Cette romancière maintes fois honorée ,  poursuit son militantisme, « pour une révolution des esprits en Égypte au lendemain des Printemps arabes ». Saadaoui est emprisonnée en 1981 pour s'être opposée à la loi du parti unique sous Anouar El Sadate. Son livre Mémoires de la prison des femmes relate cet épisode. Libérée sous Moubarak elle fonde, en 1982 l’Association arabe pour la solidarité des femmes qui est interdite en 1991.

Quant à Adonis, poète né le 1er janvier 1930 près de Lattaquié au nord de la Syrie, il est auteur d’une  anthologie « Le Dîwân de la poésie arabe classique (2008) » , d’ un bon nombre de recueils poétiques et d’essais. Emprisonné lui aussi En 1955, durant  six mois pour appartenance au Parti nationaliste syrien,  nous pouvons noter que ce critique littéraire a traduit en arabe Beaudelaire, Henri Michaux et Saint-John Perse et en français Abou Alaa Al Maari.

Pour conclure, alors que ces deux géants de la culture arabe contemporaine viennent d’être honorés par la Tunisie, ce pays dit  petit, certains doivent se souvenir du limogeage d’Amin Zaoui, de son poste de directeur général de la Bibliothèque Nationale (BN) payant ainsi son initiative d’inviter Adonis à s’exprimer dans une conférence et le fait que le livre de Benchicou  "Journal d’un homme libre" ait reçu son numéro ISBN.

 

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