Selah Sue, l'âge de raison

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

La diva du plat pays revient avec Reason, quatre ans après l'explosion de son premier album porté par le tube Raggamuffin. Sans tabou, la chanteuse nous parle de son évolution et de son combat contre la dépression.

Selah Sue a 19 ans quand le tube Raggamuffin la propulse sur le devant de la scène. En quelques mois, elle impose sa voix «afro-américainisante» et promène sa silhouette fluette sur les plus grandes scènes. Une voix, un groove mais aussi un déhanché, une coiffure, des yeux qui vous transpercent: Selah Sue surprend et impose son talent singulier.
 

Le succès arrive vite, un peu trop peut-être. Étudiante en psychologie, Sanne Putseys - de son vrai nom - jongle avec ses propres démons. Manque de confiance en soi, dépression: la popularité renforce ses névroses. Il lui faudra quatre ans pour sortir son deuxième album, Reason. Quatre ans pendant lesquels elle murit et se construit.
 

Une transformation personnelle qui se ressent dans sa musique. Reason est un album plus personnel, sur le fond et la forme. La chanteuse s'investit beaucoup plus dans la production, impose sa marque, choisi ses sons. «Je sais mieux ce que je veux. Je sais quelle genre de batterie, quel genre d'effet, quel genre de basse je veux. [...] Sur mon premier disque, je n'étais pas assez sûre de moi pour oser dire ce que je voulais.»
 

Le résultat est éclectique: le single Alone rappelle les ingrédients qui ont fait le succès de son premier album. Falling Out se frotte à la drum'n'bass, Right Where I Want You est plus électro. Sur Together, la chanteuse donne la réplique au rappeur Childish Gambino. Les textes sont aussi plus intimes, Always Home est sa première chanson d'amour. «Je ne pensais pas un jour écrire sur ce cliché, jusqu'à ce que j'en ressente le besoin.»
 

L'enregistrement s'est fait à Londres, en Belgique mais aussi en Jamaïque, où Selah est partie chercher l'origine des sons qui ont tellement marqué son premier album. Elle a travaillé avec Troy Taylor, producteur de Whitney Houston et Aretha Franklin et est revenu avec la chanson Sadness. Les arrangements tendance Motown ne couvrent pas la «tristesse» effective de cette ballade. «J'étais à Kingston. Cela n'a pas été une superexpérience. Je me suis sentie très seule et triste, d'où la chanson...»
 

«Plus j'ai de succès, moins j'ai confiance en moi».
 

À 26 ans, Selah Sue est encore fragile. Le succès ne l'a pas guéri, au contraire. «Ça ne marche pas comme ça, pour moi. Plus j'ai de succès, moins j'ai confiance en moi. Parfois, dans un mauvais jour, je peux jouer devant des milliers de personnes qui applaudissent et ne pas les croire». Loin de cacher ses faiblesses, la jeune chanteuse les utilise. En Belgique, elle est la marraine de la campagne Te Gek!? («T'es fou!?»), destinée à mettre en lumière les troubles psychologiques, trop souvent tabous.
 

Selah Sue est une habituée du Live. Elle vient pour la troisième fois dans le studio de Figaro nous présenter, en live et en acoustique, deux titres de ce deuxième album, avant d'écumer les plus grands festivals de France cet été et de retrouver le Zénith de Paris, le 24 septembre.
 

Biographie de Selah Sue
 

Née à Louvain, en Belgique flamande, Selah Sue, de son vrai nom Sanne Putseys, apprend la guitare à l’âge de 15 ans. Très vite, elle compose et met en musique ses propres textes. A 17 ans, elle participe à un concours de chant organisé par le chanteur belge Milow. Ce dernier, impressionné par la voix hors norme de jeune chanteuse, décide de l’engager pour assurer ses premières parties. C’est l’occasion pour Selah Sue de reprendre les chansons de ses idoles Lauryn Hill ou Erikah Badu, mais également certaines de ses compositions. Après différentes premières parties, dont celle de Jamie Lidell à Londres et Paris, elle fait la tournée des nombreux festivals belges, en tant qu’artiste à part entière. Des lives qui lui permettent de tester son premier EP, Black part Love, sorti en 2008. En 2010, elle sort son deuxième EP, Raggamuffin, qui la fait connaître au-delà de la frontière belge. La consécration arrive quelques mois plus tard, en mars 2011, avec la sortie de son premier album Selah Sue. La voix de la jeune flamande explose alors aux oreilles de tous et lui permet d’être invitée à tous les grands festivals hexagonaux, du Printemps de Bourges à Main Square en passant par Musilac. En octobre 2011, elle est la lauréate du prestigieux prix Constantin. Entre blues, reggae et pop, l'auteure compositeur interprète belge est de retour en 2015 avec un deuxième album, Reason, plus ambitieux en termes d’écriture et de production. Armée de son chignon banane blond, sa voix grave et de ses yeux bleus hypnotiques, Selah Sue se produit au Festival du Printemps de Bourges 2015.
 

 

 

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