Omar Sharif, le prince charmant venu d'Orient

By www.touwensa.net juillet 13, 2015 555

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Le comédien d'origine égyptienne, grand séducteur et joueur passionné, est décédé vendredi à l'âge de 83 ans. Il était entre autres l'interprète mythique du Docteur Jivago et de Mayerling.

L'acteur égyptien aura beaucoup voyagé au cours de sa vie et de sa carrière mais c'est dans son pays natal qu'il s'est éteint, vendredi, à l'âge de 83 ans. «Il est mort cet après-midi d'une crise cardiaque au Caire. Il était dans un hôpital spécialisé pour les patients atteints d'Alzheimer», a annoncé son agent, depuis Londres.
 

Prince arabe, archiduc autrichien, conquérant mongol, docteur russe, guérillero castriste, tsar… Son physique de jeune premier n'aura pas empêché Omar Sharif de se glisser dans les rôles les plus divers, parfois inoubliables. De son vrai nom Michel Chalhoub, il est né le 10 avril 1932 à Alexandrie, dans une famille d'origine syrienne. Il a confié qu'il rêvait depuis toujours de devenir acteur. Il goûte au théâtre amateur au Victoria College mais, après ses études en mathématiques et physique à l'université du Caire, il rejoint sagement la société familiale de négoce de bois précieux. Comme le jeune homme n'a pas vraiment le sens du commerce, son père, Joseph Chalhoub, finit par accepter sa vocation. Le fils envoie une demande d'inscription à la Royal Academy of Dramatic Arts, à Londres. Avant que la réponse n'arrive, il rencontre par hasard le cinéaste Youssef Chahine qui lui offre ses premiers rôles dans Le Démon du désert et Ciel d'enfer, sortis tous deux en 1954. Michel Chalhoub prend alors le pseudonyme d'Omar El Sharif. En 1956, troisième film avec Chahine, Les Eaux noires. Cette fois, le jeune comédien prend du galon et partage l'affiche avec la grande vedette égyptienne du moment, Faten Hamama, qu'il a épousée en 1955. Il s'est converti à l'islam pour ce mariage. Le couple, qui aura un fils, se séparera en 1968 alors qu'Omar Sharif est devenu une star internationale. Ils divorceront en 1974.
 

En 1962, David Lean lui confie, dans Lawrence d'Arabie, le rôle du prince Ali Ibn Kharish, compagnon de route de T.E. Lawrence qu'incarne Peter O'Toole.
 

L'acteur égyptien, qui a simplifié son pseudonyme en Omar Sharif, reçoit le Golden Globe du meilleur second rôle et une nomination aux Oscars. L'acteur polyglotte (il parle le français, l'arabe, l'anglais, le grec, l'italien…) s'installe à Hollywood, fait ses gammes avec trois films mineurs avant de retrouver David Lean pour le Docteur Jivago, avec Julie Christie. Omar Sharif gagne le Golden Globe du meilleur acteur mais l'oscar lui échappe. En 1968, Terence Young l'entraîne dans une autre fresque romanesque, Mayerling, avec Catherine Deneuve.
 

Le «Sharif de ces dames»
 

Son rôle le plus intéressant pourrait finalement être celui du major Grau dans un étrange polar, La Nuit des généraux (1967) d'Anatol Litvak. Pendant la Seconde Guerre mondiale, un officier allemand traque sans relâche un général SS (Peter O'Toole) tueur en série de prostituées. Le major joue les Colombo (têtu comme lui mais sans son humour) tandis que l'Europe invente le crime de masse. En 1968, Omar Sharif s'essaie à la comédie musicale avec Funny Girl de William Wyler. À l'écran comme à la ville, il file le parfait amour pendant quatre mois avec sa partenaire féminine, Barbra Streisand. L'acteur y gagne sa réputation de séducteur, de «Sharif de ces dames», selon un bon mot dont la presse ne s'est jamais lassée. «On m'a prêté des aventures multiples, se confie-t-il, un brin désabusé, dans Le Figaro, en 1982, alors que je n'ai pu maintenir aucune liaison stable et régulière avec une femme. Je ne suis qu'un don Juan mythique. Au fond, ma vie est un échec.»
 

«Au fond, ma vie est un échec» (Omar Sharif au «Figaro» en 1982)
 

«Un film de retard sur mes dettes».
 

Plus que le cinéma ou les femmes, sa grande passion aura été le bridge. Dès les années 1960, il a participé à des tournois internationaux, puis tenu une chronique dans les journaux, édité des cartes à son effigie et parrainé des jeux vidéo sur le bridge.
 

Il a aussi beaucoup fréquenté les hippodromes, devenant même l'icône des turfistes en posant pour la publicité de Tiercé Magazine: «Les courses, vous le savez, c'est ma grande passion!», disait le slogan.
Il a surtout flambé dans les casinos. Toujours au Figaro, il confie: «Tu sais, le jeu pour moi m'a tenu lieu de famille. Je n'ai pas de foyer. J'ai loupé mon coup avec les femmes. Je suis un nomade. Rien ne m'appartient, même pas mon appartement parisien qui est en location.»

 

À sa biographe, Diane Saenger, en 2006, il explique: «Vous jouez pour ressentir une émotion, pour combattre l'ennui et la solitude. C'est tout.» Il se refaisait grâce au cinéma, quitte à accepter n'importe quel rôle. «Quand je jouais beaucoup, j'étais tout le temps fauché. J'avais toujours un film de retard sur mes dettes.» En 2003, il efface ces films alimentaires en interprétant l'épicier philosophe de M. Ibrahim et les Fleurs du Coran, le film de François Dupeyron tiré du roman d'Éric-Emmanuel Schmitt. Le comédien reprend alors la main et rafle le césar du meilleur acteur.

 

Évaluer cet élément
(0 Votes)