Avignon : Alain Badiou et Fernando Arrabal, la pensée fait le plein

By www.touwensa.net juillet 13, 2015 541

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Après huit jours de festival, la foule est arrivée ce week-end à Avignon. Du monde dans les rues, dans les salles et pour les rencontres avec les intellectuels.

Vilar, dès 1947, en créant la première «semaine d'art en Avignon», avait rêvé que les représentations soient accompagnées de rencontres avec le public. Dans le fameux Verger, au pied du palais, des années durant, les spectateurs purent rencontrer les comédiens, les écrivains, les metteurs en scène. Les lieux ont changé.
 

Le Verger n'est plus qu'un passage qui mène à la Manutention. Mais le public répond toujours présent aux sollicitations. A l'Université d'Avignon, dont le président est le sagace Emmanuel Ethis, spécialiste notamment, des publics de Cannes ou du festival, se tiennent «les ateliers de la pensée», sous la houlette de notre confère du Monde, Nicolas Truong.
 

Tous les jours, à midi, au pied de la Livrée Ceccano, la grande bibliothèque d'Avignon, qui conserve des fonds incomparables, des comédiens, élèves de l'Ecole d'acteurs de Cannes (ERAC), et des amateurs, encadrés par trois artistes de talent, Valérie Dréville, Didier Galas, Grégoire Ingold, proposent un feuilleton d'après La République de Platon réécrite par Alain Badiou.
 

Samedi 11 juillet, le maître lui-même, pull blanc moulant et visage bien lisse, tenait le rôle de Socrate. Il y avait beaucoup de monde pour le voir faire l'histrion, toujours assez content de lui. Sa relecture mériterait une profonde analyse, ce n'est pas le lieu ici. Mais le public semblait ravi, avide qu'il est de moments rares.
 

Formules à l'emporte-pièce
 

Salle comble, deux heures plus tard, au Conservatoire, où avait lieu une rencontre entre le philosophe et Christian Schiaretti, directeur du Théâtre national Populaire (TNP) de Villeurbanne, qui mit en scène il y a des années une version des Fourberies de Scapin de Molière, retranscrite par Badiou, notamment sous le titre d' Ahmed le subtil. Un moment assez drôle. Une discussion fraternelle, riche des formules à l'emporte-pièce qu'adore Badiou, grand comédien devant l'éternel.
 

Schiaretti allait enchaîner avec une rencontre très intéressante avec Edwy Plenel, au Jardin du Off. Le journaliste de Mediapart, a été déterminant dans le dévoilement de l'affaire Bettencourt. Il est un ami de Michel Vinaver. Il lui a fait découvrir Sunset Boulevard, que l'écrivain ne connaissait pas. Il a été le premier lecteur, avec le metteur en scène, à lire la pièce de Michel Vinaver, Bettencourt Boulevard, une histoire française. Depuis son lit d'hôpital, l'écrivain a participé oralement à cette rencontre très suivie, expliquant le processus d'écriture de la pièce qui sera créée en novembre prochain à Villeurbanne. Passionnant!
 

Quelques heures plus tard, à 20h, toujours dans ce Jardin du Off où Greg Germain veille sur le festival aux 1336 spectacles, c'est Fernando Arrabal, qui faisait son entrée sous les applaudissements. Le maître des échecs, «transcendant satrape» et auteur joué dans le monde entier, a raconté comment son père, mort dans les prisons de la guerre d'Espagne, lui avait laissé une maquette de maison inachevée, pour héritage. Avec sa fantaisie poétique habituelle, il a expliqué que cette maison était l'image de l'architecture de tout ce qu'il a écrit depuis. Il a célébré le «off», où il est, comme tous les étés, à l'affiche. Encore un grand moment de théâtre!
 

 

 

Évaluer cet élément
(0 Votes)