Lu pour vous : La quête du féminin, par Pierre Rabhi

By www.touwensa.net novembre 23, 2015 424

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

La quête du féminin m’a toujours accompagné. Je ne parle pas seulement du désir charnel, mais du besoin de l’amitié, de l’affection des femmes.

 

Je crois à la nécessité d’en finir avec cette exaltation du masculin, entendu comme la volonté de puissance, l’agressivité, la domination. Je me sens profondément blessé par la subordination universelle de la femme. Combien d’hommes sont capables de s’assumer sans celles qu’ils jugent inférieures? Combien de filles n’ont pas accès à l’éducation? Combien d’épouses sont encore opprimées ou battues? Je suis déconcerté que tant de vies puissent naître de cette rencontre violente entre le masculin et le féminin. Les familles, les sociétés qui en résultent, ne peuvent que connaître un profond déséquilibre. Dans la nature, les deux sexes sont indispensables à la création. Le féminin l’est peut-être même davantage.
 

Lorsque j’étais éleveur, il y avait dans mon troupeau un bouc pour trente bêtes. Une fois qu’il avait fait son office, il pouvait disparaître sans que cela affecte nullement la vie des petits qui, en revanche, n’auraient pas survécu sans leur mère. J’ai toujours été un peu jaloux de cet état de fait. Comment, devant le miracle de la procréation, ne pas se sentir… un peu surnuméraire ? J’aurais tellement aimé vivre cette expérience fantastique de porter un enfant.
 

C’est sans doute cette jalousie fondamentale qui engendre la violence chez tant d’hommes. Leur peur, fantasmée, de ne pas être indispensables. Même dans les pays les plus égalitaires, il nous faut corriger l’injustice et l’arbitraire, rééquilibrer le désir de conquête par l’instinct de protection de la vie. Je ne dis pas que l’un est masculin et l’autre féminin.
 

Je crois à la présence de ces deux forces en chacun de nous. Je suis tout aussi révolté par ces discours qui mutilent les hommes en leur interdisant de pleurer, que par ceux qui prétendent réduire la féminité à la seule maternité. Il nous faut retrouver le sens de notre complémentarité. Entre nous, et en chacun de nous.
 

 

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