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Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI
Irrésistible, elle a conquis le cinéma d’auteur français. Avec Et ta sœur de Marion Vernoux, Virginie Efira démarre l’année en fanfare dans un étonnant triangle amoureux. Rencontre avec une drôle de fille enfin consacrée.
Un sac, un look : Et Diana fit du Lady Dior une icône
Virginie Efira ressemble à l’image qu’on se fait d’elle. Elle reçoit sans chichis dans son appartement où traînent des jouets d’enfants, parle à toute vitesse, n’évite aucune question, mêle discours structuré et autodérision. Avec elle, la conversation - vive, piquante, joyeuse - rebondit d’une pièce mise en scène par Arnaud Desplechin à ses premiers tapis rouges à Cannes « tous seins dehors » et du souvenir d’une styliste personnelle (« Je crois qu’il faut intellectualiser tes tenues », lui serinait-elle), aux acteurs de Robert Bresson. Longtemps cantonnée à des comédies romantiques qui ne la méritaient pas, l’actrice amorce cette année un virage à 360 degrés. Et adopte avec cœur la politique des (h)auteurs.
Marie, lesbienne tatouée en mal de maternité
Dans Et ta sœur de Marion Vernoux (1), remake d’un long-métrage de l’Américaine Lynn Shelton, elle joue Marie, lesbienne tatouée en mal de maternité qui, sur une île bretonne, soigne une rupture à la vodka. La réalisatrice l’a choisie à la suite d’une soirée où Virginie Efira avait, de son propre aveu, un peu bu. « Marion, après m’avoir observée, m’a juste dit : "Quand tu es saoule, tu es à la fois là et pas là." » Nue sous un pull irlandais boutonné à la diable, Marie voit un escogriffe au fond du trou (Grégoire Ludig), suivi de près par sa demi-sœur secrètement amoureuse de lui (Géraldine Nakache) venir troubler sa solitude. « J’avais aimé le film de Lynn Shelton, explique Virginie Efira, j’enviais l’intimité qu’on y sentait entre les acteurs. Et je me demandais ce que Marion Vernoux allait faire de ces thèmes très américains que sont la sacralisation de la famille et le désir d’enfant. Marion - ça n’a rien d’un défaut pour moi - a un côté brouillon, donc ouvert. Je savais que les plans-séquences me laisseraient le temps du jeu, que l’improvisation aurait droit de cité. Nos rapports très proches n’empêchaient pas l’opposition. Le tournage n’a pas été confortable, tant mieux ! Le genre : "J’ai fait ma petite scène, tranquille, et c’était bien, je crois…", très peu pour moi. »
Comment incarner l’homosexualité ?
Cette Marie lui résiste pourtant. « Je la trouvais nébuleuse, poursuit Virginie Efira. Intolérante alimentaire, elle me semblait requérir un physique plus sec que le mien. Je me souviens avoir pensé : "Est-ce qu’on ne pourrait pas plutôt en faire une fille qui n’arrête pas de manger ?" M’être demandé comment incarner l’homosexualité sans la caricaturer. Bref, m’être posé 10.000 questions : pourquoi cette fille restait-elle là à empêcher une histoire d’amour ? Marie était le troisième personnage de l’histoire, il fallait lui trouver une place. » Dans un moment de flottement, Virginie Efira visionne Rien à faire, l’un des précédents films de Marion Vernoux, une histoire d’amour ultrasensible entre deux chômeurs. Et cesse aussitôt de douter.
Le tremplin de "La Nouvelle Star"
Née en Belgique, la comédienne a déjà eu plusieurs vies. Son père hématologue « compréhensif, intelligent », lui inculque l’appétit du travail. « Il voulait que je puisse faire Polytechnique si j’en avais envie. Et me répétait : "As-tu lu Racine ? J’ai planté des géraniums aujourd’hui, et toi, qu’as-tu fait ?" Il m’a transmis le dégoût de l’autosatisfaction. » Sa mère, elle, avait le don « de déceler la beauté partout ». Virginie Efira débarque à Paris où elle présente avec grâce « La Nouvelle Star » sur M6, fréquente les cercles de jeu, « pour leurs ambiances cinématographiques », et, entre deux tournois de poker à Las Vegas, croise le chanteur Christophe.
Girl Next Door
potentiel comique de cette « girl next door » à la Reese Witherspoon : les rôles, sans grand relief, s’enchaînent jusqu’à 20 ans d’écart. Elle y joue la rédactrice en chef d’un magazine féminin baptisé Rebelle qui, pour rester dans le coup, fait passer un jeune homme (Pierre Niney) pour son amant. « Lorsque j’ai lu le scénario, raconte-t-elle, quelque chose me gênait. J’ai rencontré David Moreau, le réalisateur, et lui ai demandé s’il accepterait que nous réécrivions des scènes ensemble. Il a jeté la moitié de mon travail en s’exclamant : "On dirait du Catherine Breillat." Je tirais le scénario vers mon féminisme et cette idée que le désir n’a rien d’avilissant. Peu importe, nous avions effectué un travail en commun ! » À son arrivée à Paris, l’actrice détestait ces rendez-vous avec les metteurs en scène : « Je pensais : "Quelle horreur, il va falloir lui plaire", alors qu’il s’agissait juste de se faire confiance. »
"Victoria", un nouveau défi
20 ans d’écart, martingale gagnante, change le regard que le milieu porte sur elle : Virginie Efira devient soudain légitime. « Je ne me pose cette question d’une éventuelle légitimité qu’en interview, glisse-t-elle, sourire en coin, il me semble qu’on l’a en soi ou pas. La vie est courte, alors autant s’abandonner à un réalisateur et choisir de chercher, quitte à se planter. » Depuis, la comédienne a un carnet de bal plutôt rempli. Avec Justine Triet, dont le film « la Bataille de Solférino » a été porté aux nues par la critique, elle vient d’achever Victoria. Une comédie où l’avocate pénaliste qu’elle incarne accepte de défendre un ami et recrute pour l’aider son baby-sitter, ancien dealer. « Victoria évoque quantité de choses de notre époque, en utilisant le vecteur de la sexualité. J’ai adoré que Justine, brillante, énergique, spontanée, fasse son second long-métrage contre le premier, puisqu’elle en garde le souffle mais en choisissant un autre genre. Et puis, je l’ai surtout adoré elle. »
Gena Rowlands, une référence
Dépourvue de cet esprit de chapelle qui sclérose le cinéma français, Justine Triet a repéré Virginie Efira dans une émission de télé, « la Parenthèse inattendue » de Frédéric Lopez, où, enceinte de sa fille, elle faisait la cuisine et citait Gena Rowlands comme une référence.
L’actrice sera aussi d’Un homme à la hauteur, de Laurent Tirard, dont on a vu quelques images au dernier Festival de Cannes, avec Jean Dujardin en homme de petite taille. « Je suis fan de Jean depuis les OSS 117 », lâche-t-elle. Elle a passé un casting pour décrocher le rôle et, loin du discours langue de bois des actrices, n’hésite pas à le dire. Elle est attendue dans Elle, de Paul Verhoeven, avec Isabelle Huppert. Et traversera enfin Pris de court, d’Emmanuelle Cuau, en mère de famille dont le mal-être contamine son fils adolescent. Ses rôles - beaucoup de mères célibataires, comme elle - dessinent-ils un autoportrait ? « On vient vers vous pour quelque chose qui émane de vous, analyse la comédienne de sa voix grave. J’ai toujours aimé l’idée que mes films, bons ou mauvais, soient en adéquation avec ce que je pense, qu’ils engagent une responsabilité. »
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