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BATNA - Le Festival international de Timgad (Batna) qui souffle mardi sa 38ème bougie tire sa notoriété non seulement de son site archéologique classé patrimoine universel mais également du prestige que lui confère le fait d’être le plus ancien des grands festivals culturels de l’Algérie indépendante.
Rendez-vous annuel pour les mélomanes et fenêtre sur les cultures du monde, le festival a toujours attiré les stars de la chanson nationale et arabe ainsi que des troupes des quatre coins du globe.
Cet évènement culturel majeur qui s’était éclipsé pendant 10 années avant de reprendre en 1997 doit son existence à un groupe d’intellectuels et personnalités de la capitale des Aurès qui, par désir de créer une animation culturelle au sein de la cité archéologique Thamugadi, avait en 1967 organisé des pièces de théâtre sur le site et l’année d’après, le groupe lança la première édition du festival musical de Timgad.
En 1968, le début d’une belle aventure
Le doyen des journalistes à Batna, Ali Benbelgacem, se souvient que lors de l’édition 1968, les organisateurs avaient distribué un prospectus publicitaire qui rappelait que le théâtre romain de Timgad abritait depuis sa fondation des festivals et avait accueilli en 1939 sa première manifestation culturelle des temps modernes à l’initiative de la Société des amis de Carthage et des villes d’or créée en 1907 et qui organisait alors sa célèbre "tournées des villes d’or" à Tébessa, Timgad puis à Carthage.
Selon plusieurs intellectuels de la ville, le festival de Timgad a connu plusieurs évolutions. Au début, il était organisé sous forme de journées culturelles. Il devient en 1968 un festival de musique qui a réuni des troupes d’Algérie, d’Espagne et de France. Une année après, il prit une dimension méditerranéenne. A partir de 1973, il devient un festival international des arts populaires.
Après son éclipse, le festival revient avec force en 1997. Son organisation est depuis confiée à l’Office national de la culture et l’information (ONCI) et un commissariat du festival.
Maria Casarès, Wadi’ Essafi, Sabah Fakhri sont passées par là
Peu de gens se souviennent aujourd’hui des stars ayant chanté à Timgad durant les années 1960 et 1970. Le plasticien Hocine Houara qui a rejoint le comité d’organisation du festival au début des années 1980 en est un. Il cite notamment le chanteur engagé Léo Ferré, la chanteuse d’opéra Maria Casarès et George Moustaki au côté des grandes stars arabes Wadi’ Essafi, Sabah Fakhri, Abdelwahab Doukali et Ahmed Hamza.
Les troupes populaires des quatre coins du monde qui s’étaient produites à Timgad furent innombrables notamment entre 1968 et 1987, ajoute Houara qui souligne que le festival qui était tenu en avril durant les vacances scolaires avant d’être programmé l’été était précédé d’un grand défilé des participants au centre-ville de Batna.
Le peintre Abdou Tamine dessinait des motifs chaouis sur des étoffes en soie qu’il vendait durant la manifestation aux festivaliers, notamment étrangers, ajoute Houara qui souligne que les autres plasticiens Chérif Merzougui, Boughrara Abdelali (décédés), Mostefa Lakehal et Chérif Menoubi (en vie) étaient activement associés au festival.
La relance du festival à la fin des années 1990 lui apporta un nouveau souffle, assure l’ancien président d’APC (Assemblée populaire communale) de Timgad, Chaféï Mahboubi qui se rappelle que durant la soirée d’ouverture de l’édition 1998, animée pour la première fois par la star arabe Kadhem Essahir, l’affluence du public était telle que beaucoup n’avaient même pas pu accéder à la ville.
Le défilé des stars sur la scène de Timgad ne pouvait que régaler les mélomanes avec les artistes Majda El Roumi, Ahlem, Anouchka, Assala Nasri, Najwa Karem, Ihab Toufik, Saber Rebaï, les grandes vedettes algériennes et des troupes de tous les continents.
Le transfert depuis la 32ème édition des concerts du festival vers un nouveau théâtre de plein air construit près du site archéologique dans l’objectif de préserver le site archéologique a privé quelque peu, de l’avis de beaucoup de batnéens, la manifestation de la splendeur que lui conférait le bimillénaire théâtre romain.
La cité archéologique de Timgad est depuis 1967 classée patrimoine national par l’arrêté 281/67 et figure depuis 1981 sur la liste du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
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