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Touwensa (Agences).Mokhtar TRIKI
Le réalisateur mexicain Alfonso Cuaron signe une odyssée spatiale à la limite de l'abstraction.
Lorsque Steven Spielberg joue les prophètes, il prédit l'Apocalypse pour l'industrie hollywoodienne: «Il y aura sans doute une grosse implosion, lorsque trois, quatre ou six de ces films aux budgets énormes se crasheront et on changera de paradigme pour de bon.» Bigre! Spielberg, l'«inventeur» du blockbuster moderne (Les Dents de la mer), dénonçant la logique des superproductions, c'est l'hôpital qui se moque de la charité. Alarmiste, l'oracle est peu réaliste. Pour un accident industriel (Lone Ranger), les explosions au box-office sont nombreuses (Iron Man 3, Fast & Furious 6 ).
Ce système, le Mexicain Alfonso Cuaron, 51 ans, le connaît bien. Pour la Warner, il a déjà réalisé Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban(2004), considéré par les fans du sorcier comme le meilleur volet de la série. En 2006, Les Fils de l'homme, dystopie inspirée, en font un cinéaste à suivre. Sept ans plus tard, le revoilà avec Gravity, thriller métaphorique (la résilience), théorique et opératique. Un film quasi expérimental déguisé en blockbuster de l'espace.
Chorégraphie en apesanteur d'une fluidité incroyable
Expérimental par la technologie que Cuaron et son équipe ont inventé pour produire cette chorégraphie en apesanteur d'une fluidité incroyable. Et, pour une fois, la 3D n'est pas un gadget, mais un adjuvant précieux à la puissance immersive de la mise en scène. La beauté plastique du film relègue le tout-venant des productions au rang de croûte numérique. L'ouverture du film, un premier plan-séquence de près de vingt minutes, donne le vertige.
L'ouverture du film, un premier plan-séquence de près de vingt minutes, donne le vertige
L'absence de repères du spectateur vaut aussi pour le docteur Ryan Stone (Sandra Bullock), héroïne malchanceuse. Pour son premier vol, l'experte en ingénierie médicale voit sa navette réduite en bouillie par une pluie de débris. Seule, sans contact radio et avec une réserve d'oxygène qui se réduit comme peau de chagrin, son odyssée tourne au cauchemar.
Stone fait songer à la Sigourney Weaver d'Alien, le huitième passager de Ridley Scott, dont l'affiche en 1979 proclamait : «Dans l'espace, personne ne vous entend crier.» Avertissement tout aussi pertinent ici. Les distributeurs de Gravity se sont rabattus sur «ne rien lâcher». Le slogan vaut comme définition du survival, genre en vogue chez les formalistes. En décembre, on verra ainsi All is Lost de J.C. Chandor, le réalisateur de Margin Call, avec un Robert Redford en pleine tempête au milieu de l'océan Indien. L'icône américaine ne lâche rien non plus.
Purger le genre
Expérimental, Gravity l'est aussi par la volonté de Cuaron de purger le genre. Le réalisateur fait bien quelques concessions au cahier des charges d'un projet d'une telle envergure (les stars Sandra Bullock et George Clooney, le deuil d'une petite fille en arrière-plan). Mais là où les tacherons hollywoodiens chargent la barque et rallongent la sauce en signe de cache-misère, le réalisateur sidère en 1 h 30 de mise en scène pure.
Attaqué d'un côté par le jeu vidéo, de l'autre par la série télé, le cinéma défend ici chèrement sa peau. On n'avait pas vu ça sur un écran depuis Avatar, de James Cameron. Un Cameron qui ne craint pas l'hyperbole en parlant de Gravity comme «le meilleur film sur l'espace jamais réalisé». What else?
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