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Touwensa (Agences).Mokhtar TRIKI
CRITIQUE - Après huit ans d'absence, ce jeudi, un nouvel album sort. Le 35e. Le Figaro se l'est procuré en avant-première. Une aventure passionnante qui renoue avec l'esprit de Goscinny et d'Uderzo.
Leurs premiers pas sans leurs créateurs René Goscinny et Albert Uderzo. Bonne surprise, le résultat est à la hauteur de nos attentes. En effet, le nouveau tandem, Jean-Yves Ferri (à Dans Astérix chez les Pictes, l'irréductible Gaulois et son comparse vendeur de dolmens font l'écriture)
- Didier Conrad (au dessin) fonctionne et, si l'on pouvait espérer un scénario de qualité de la part de l'auteur de De Gaulle à la plage, la capacité du dessinateur de Bob Marone à se fondre dans l'univers d'Astérix était l'inconnue de l'équation. Le nouvel album qui est, d'ores et déjà, à 5 millions d'exemplaires devrait plaire aux aficionados.
Une fois refermé cet Astérix chez Pictes, les a priori ont, presque tous, fondu. Dès la première case, on se sent rassuré. Comme un retour en terrain connu. La redécouverte du village gaulois que nous connaissons bien s'effectue dans un cadre surprenant: en plein hiver sous la neige. Au cœur de ces frimas, comme si de rien n'était, la paisible existence de nos irréductibles Gaulois ne semble pas avoir changé: le vendeur à la criée s'époumonne toujours: «Frais, il est frais mon poisson!» Et le forgeron Cétautomatix de répondre comme à l'accoutumée: «Ouais, il n'y pas de quoi se vanter!»
Vincent Cassel dans le rôle de l'odieux Mac Abbeh
Première réplique, premier éclat de rire. C'est bien parti pour le tandem Ferri-Conrad. Lors d'une promenade sur la plage, Astérix et Obélix découvrent un gros glaçon géant rejeté par la marée. À l'intérieur, un guerrier picte enchaîné du nom deMac Oloch. Où l'on goûte à sa juste valeur la référence bienvenue au célèbre film Hibernatus d'Édourad Molinaro (1969), resté bien au frais dans nos mémoires grâce aux mimiques du génialissime Louis de Funès, et bien entendu de l'aïeul retrouvé intact dans la glace...
Après l'avoir fait dégivré dans la tanière du druide Panoramix («Attention à ne pas rompre la chaîne du froid», prévient un gaulois prévoyant), le farouche combattant tatoué (qui évoque irrésistiblement le personnage du Peau-Rouge Oumpa-Pah) portant un kilt en tartan vert et jaune commence à s'ennuyer de son clan du Loch Andloll... et surtout de sa fiancée Camomilla, enlevée par l'odieux Mac Abbeh (dont on découvre bientôt qu'il ressemble comme deux gouttes d'eau à... Vincent Cassel).
D'autres joyeusetés attendent le lecteur de cette nouvelle aventure, qui retourne avec tact et élégance, aux sources de l'humour «goscinnyen». Le voyage en terre écossaise réserve son lot d'anachronismes, figure imposée imaginée par René Goscinny avec toute l'ironie dont il était capable. Le clan des Pictes regorge bien évidemment de Mac-ceci et Mac-cela (le plus inattendu étant un certain... «Mac Robiotik»). Les lochs abritent, comme on pouvait s'y attendre, de drôles de monstres, même si ceux-ci sont pris pour des «grosses loutres» par Obélix qui n'en rate pas une!
Pinceau virtuose de Conrad
Au petit jeu des caricatures, l'apparition désopilante d'un barde rockeur au patronyme intrigant. Oui, il se nomme Mac Keul («Quoi? Qu'est-ce qu'il a Mac Keul?»). L'ensemble de l'album, bien rythmé, se lit d'une traite, et laisse un bon goût de revenez-y. L'esprit d'Astérix «ne nous kilt pas», comme l'écrit Ferri.
L'autre enjeu de l'album était précisément le dessin. Uderzo ayant jeté l'éponge à l'exception du crayonné d'Obélix sur la couverture de l'album, comment Didier Conrad allait-il se sortir d'un tel casse-tête? Le résultat en surprendra plus d'un: le graphisme ressemble à s'y méprendre à celui d'Albert Uderzo. Copiste appliqué, mais ayant su insufler une certaine modernité et beaucoup de tendresse aux personnages clefs de la saga, Conrad réussit son examen de passage avec mention très bien. Uderzo peut dormir sur ses deux oreilles, ses Gaulois retrouvent le sourire sous le pinceau virtuose du jeune dessinateur.
On pourra toujours trouver qu'Astérix est un album un peu timoré en regard de quelques grands chefs-d’œuvre de la saga. On sent que le duo Ferri et Conrad n'a pas trop pris de risques d'entrée de jeu. Nos deux héros Astérix et Obélix servent plus de faire-valoir à l'histoire sans vraiment être psychologiquement approfondis ou redéfinis. Il n'empêche, Astérix chez les Pictes, allègre et enlevé, possède l'étoffe scénaristique d'un beau et moelleux plaid écossais, ainsi que la robe pur malt d'un graphisme nerveux. Que demander de mieux...
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