Les fraises et tomates en grandes surfaces déçoivent

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Les consommateurs se montrent très majoritairement déçus par le goût des tomates et des fraises vendues en grandes surfaces et ce quels que soient les prix, dont les écarts peuvent pourtant être importants, l'origine ou la variété des produits, révèle mercredi une étude de la CLCV.

L'association de consommateurs a procédé entre le 15 mai et le 30 juin à 52 séances de dégustation à l'aveugle auprès de 1.000 consommateurs. Elle a parallèlement effectué des relevés de prix dans plusieurs enseignes de la grande distribution dans 60 villes.
 

"Les résultats globaux sont décevants en particulier pour les tomates qui ne sont appréciées que par 27% des consommateurs. Pour les fraises, les résultats sont meilleurs avec 43% des participants satisfaits du goût, mais là aussi les marges de progression apparaissent importantes puisque 39% considèrent que les fraises testées n'étaient "ni bonnes ni mauvaises", note la CLCV (Consommation, logement et cadre de vie).
 

Fait notable: la qualité gustative reconnue par les consommateurs ne diffère guère que le produit soit cher ou bon marché.
 

Pourtant les écarts de prix sont loin d'être négligeables, souligne la CLCV. Pour les fraises, ils peuvent varier de 1 à huit, entre 2,4 euros le kilo et 16,80 euros. Les fraises "origine France" ont un prix moyen de 9,2 euros le kilo, alors que celles en provenance de l'étranger tournent autour de 5,3 euros. Certaines catégories, comme les gariguettes (10,7 euros), les ciflorettes (11,2) ou les maras des bois (11,7), apparaissent encore plus onéreuses.
 

Et pourtant, l'enquête CLCV constate que "les fraises les moins chères ne sont pas plus mal notées que les fraises les plus chères".
 

Si 34% des consommateurs déclarent adorer les fraises à 10,4 euros le kilo, contre 29,4% celles à 4,8 euros, ils sont dans les deux cas 15,3% à déclarer ne pas les aimer.
 

- Conservation et apparence privilégiées au détriment du goût -
 

Pour les tomates, le bilan surprend plus encore: les "préférées des consommateurs sont plutôt les moins chères", 25,6% des sondés déclarant ne pas aimer les tomates à 2,9 euros le kilo, contre 22,2% celles à 1,7 euros.
 

Les écarts de prix sont moins importants (de 1 à 7 euros le kilo) que pour les fraises, car la majorité des tomates, au moment des relevés, étaient d'origine française, indique la CLCV. Les variations de tarifs se justifient davantage par la variété, les tomates en grappes étant meilleur marché que les rondes ou les côtelées (la fameuse "cœur de bœuf"). Mais là encore, les plus chères ne sont pas forcément les plus appréciées: 66,6% des consommateurs adorent ou aiment beaucoup les tomates en grappes, 61% les côtelées.
 

Enfin, alors que la question de l'origine des fruits et légumes agite certains producteurs, dénonçant une concurrence déloyale, en termes de prix, et un goût insipide des produits importés, les consommateurs ne sont pas d'un avis aussi tranché. S'ils sont un peu plus nombreux à apprécier davantage les fraises françaises que les espagnoles (31,7% contre 28,1%), ils sont aussi plus nombreux à ne pas les aimer (16,4% contre 15,5%).
 

Des raisons diverses pourraient expliquer ce manque de saveur constaté par les consommateurs. Des observateurs jugent que la recherche a privilégié la résistance aux maladies ou l'extension de la durée de conservation, parfois au détriment du goût.
 

Autre hypothèse: la grande distribution mise d'abord sur l'attrait des produits (couleurs et formes) pour séduire les clients. Or, relève Sophie Charmont, du Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (Ctifl), si on prend les tomates par exemple, "plus elles sont grosses, moins elles ont de goût".
 

Enfin, selon Guy Kastler, délégué général du Réseau Semences Paysannes, les grandes surfaces ont de plus en plus tendance à réclamer des produits qui ne sont pas à maturité pour des questions logistiques et pour les proposer à leurs clients plus longtemps. Or, à l'exception des bananes ou des avocats, la plupart des fruits et légumes ne murissent plus une fois cueillis de sorte qu'ils ne parviennent plus à atteindre la plénitude de leurs qualités gustatives.
 

La CLCV recommande donc d'expérimenter un marquage en rayons offrant aux consommateurs des repères fiables pour distinguer les produits les plus goûteux.

 

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