La pie n'est pas une voleuse

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Une expérience menée dans une université anglaise constate que les pies sont plutôt méfiantes vis-à-vis des objets brillants.

La mauvaise réputation de la pie n'est plus à faire. Grâce à l'opéra La Pie voleuse de Rossini et aux Bijoux de la Castafiore avec Tintin, tout le monde sait que cet oiseau est attiré par les objets brillants et n'hésite pas à dérober des bijoux pour en garnir son nid.
 

Des scientifiques de l'université d'Exeter en Grande-Bretagne, intrigués par l'absence d'observations sérieuses rapportant ce type de délit de la part de Pica pica, ont décidé de vérifier cette idée reçue. Lors d'expériences en conditions contrôlées, ils ont constaté que la pie n'était pas attirée par le métal brillant et qu'elle était même plutôt méfiante vis-à-vis des objets qu'elle ne connaît pas, un caractère courant, appelé «néophobie».
 

Les expériences ont été menées sur le campus de l'université d'Exeter, fréquenté par de nombreuses pies sauvages, ainsi qu'avec des pies élevées en captivité dans un refuge. Les chercheurs avaient préparé deux types d'objets, certains brillants et d'autres non. Parmi les objets brillants figuraient des vis métalliques, de petits anneaux argentés et des morceaux de papier d'aluminium. Pour le groupe témoin, non brillant, ces mêmes objets ont été peints en bleu mat. Ces petits «appâts» ont ensuite été placés à 30 cm de petits tas de nourriture, des noisettes et des vers.
 

« Nous avons une nouvelle fois démontré que ces animaux étaient intelligents».
 

Natalie Hempel de Ibarra, chercheuse à l'université d'Exeter
 

Lors des 64 tests réalisés en plein air, les pies n'ont attrapé que deux fois des objets brillants, des anneaux, mais les ont tout de suite laissé tomber après les avoir pris dans leur bec. Dans l'immense majorité des cas, les oiseaux ont ignoré les objets, brillants comme mats. En captivité, l'effet était encore plus fort: aucun animal n'a touché un seul des objets présentés.
 

Les pies étaient même plus méfiantes et mangeaient moins longtemps quand elles voyaient ces objets inhabituels à côté de leur nourriture. «Nous avons une nouvelle fois démontré que ces animaux étaient intelligents, et qu'au lieu d'être attirées de manière compulsive par des objets brillants, les pies gardaient leurs distances avec ces objets nouveaux et inattendus», commente Natalie Hempel de Ibarra, chercheuse à l'université d'Exeter et une des trois auteurs de l'étude publiée le 15 août dans la revue Animal Cognition.
 

Les chercheurs émettent l'hypothèse que la réputation de la pie fait qu'on remarque beaucoup plus les rares fois où elle ramasse un objet brillant, que toutes les autres fois où elle prend quelque chose qui ne l'est pas. Un biais de perception qui permettrait à cette idée fausse de perdurer.

 

Évaluer cet élément
(0 Votes)