L'excès de sel active les poussées de sclérose en plaques

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Réduire la consommation de sel : en France, 90.000 malades pourraient tirer profit de cette simple recommandation diététique.

Réduire sa consommation de sel pour éviter l'évolution de la maladie. Voilà une idée qui devrait retenir l'attention de toutes les personnes atteintes de sclérose en plaques (SEP). Une maladie auto-immune invalidante qui, neuf fois sur dix, évolue par poussées successives.
 

«L'information circulait déjà parmi les centres experts et nous recommandions déjà à nos patients de réduire leur consommation de sel ou du moins de ne pas resaler leurs plats», explique le Pr Patrick Vermersch, responsable d'un tel centre au CHRU de Lille. «L'étude qui vient de paraître dans le Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry nous conforte dans nos pratiques», ajoute-t-il.
 

L'étude en question est celle que le Pr Mauricio Farez et ses collègues de l'Institut de recherche en neurologie de Buenos Aires (Argentine) ont menée en collaboration avec le Pr Francisco Quintana, de Harvard (États-Unis). Pendant deux ans, ils ont méticuleusement observé la consommation en sel de 70 malades atteints de SEP et l'ont comparé avec l'évolution de leur maladie, symptômes et IRM à l'appui.
 

Lymphocytes toxiques
 

«Nous avons montré que les patients qui consommaient une quantité modérée (2 à 4,8 g/j) ou élevée (4,8 g/j) de sel avaient une maladie plus active que ceux qui en prenaient moins de 2 g par jour», explique au Figaro le Pr Farez. Pour arriver à des mesures aussi précises, les chercheurs se basaient sur l'excrétion urinaire du sodium. En pratique, par rapport aux petits consommateurs, le risque de poussées de SEP était multiplié par trois pour une consommation modérée et par quatre au-delà de 4,8 g/j. En France, on estime la consommation quotidienne de sel en moyenne de 7 g pour les femmes et 9 g pour les hommes.
 

Comment un environnement cellulaire riche en sel pourrait-il représenter un environnement favorable au développement de maladies auto-immunes? «Sur le plan immunologique, le sodium potentialise des cellules immunitaires appelées lymphocytes Th 17 qui sont véritablement toxiques», détaille le Pr Vermersch.
 

Pour le Pr Farez, «il est trop tôt pour émettre des recommandations officielles mais c'est certainement une bonne idée pour tous, et dans la SEP en particulier, de consommer moins de 6 g de sel par jour».
 

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