La mode des gros popotins fait débat

L'article fait débat en ligne. Le 9 septembre, le magazine Vogue US, dirigé par Anna Wintour, a publié sur son site un article intitulé «We're Officially in the Era of the Big Booty» («Nous sommes officiellement dans l’ère des gros derrières»).  Un article qui recueille de nombreuses critiques. Explications.

Shake Your Booty en backstage d’Alexander Wang

Vogue a probablement découvert les gros popotins depuis que Nicki Minaj s'est invitée dans les coulisses du défilé printemps-été 2015 d'Alexander Wang à New York, surfant sur l’immense succès de son dernier tube Anaconda. Le clip, une vraie débauche de fesses, a valu à ce single d'atteindre les 141 millions de vues sur YouTube.

La chanteuse a donné une leçon de twerk, cette danse populaire dans la culture afro-américaine depuis les années 1980 et reprise par Miley Cyrus aux MTV VMA's 2013, qui consiste à secouer ses fesses d'une manière très suggestive.

«Je crois qu'on a un problème», souffle la rappeuse dans la vidéo publiée sur le Vine du magazine Vogue. Si la voluptueuse plastique de la chanteuse est parfaitement adaptée à l’exercice, le physique filiforme d’Irina Kravchenko, de Ewa Wladymiruk, de Valery Kaufman et d’Aleah Morgan, ne l’est pas du tout.  

 

Ironie du sort, dans Anaconda, Nicki Minaj fait la promotion de son «big fat ass» («son gros cul»), en balançant «F**k you if you're skinny bitch». Meghan Trainor fait aussi allusion dans sa chanson aux «skinny bitches». Mais faut-il dénigrer les corps maigres pour valoriser les corps ronds?

Des bombes callipyges qui illustrent la diversité

Pour démontrer que les grosses fesses sont tendances, Vogue énumère toutes une série de bombes callipyges: de Rihanna à Beyoncé en passant par Kim Kardashian. La publication de l’article a valu au mensuel de nombreuses critiques: «Une partie du corps n’est pas un accessoire de mode», ont plaidé certains sur les réseaux sociaux.

Le site féministe américain Jezebel estime que l’article de Vogue illustre le «mépris de la diversité» du magazine, lui reprochant de ne pas assez parler de la culture afro-américaine. «Les gros derrières ne sont pas nouveaux, ne sont pas une mode», lance la journaliste Kara Brown.

«C'est “l'ère du Big Booty” pour les blancs inconscients seulement», ironise le site américain, «Vogue et son groupe de rédacteurs homogène sont tout simplement en train de remarquer pour la première fois qu’un gros derrière est en vérité plutôt charmant lorsqu’il n’est pas retouché», s’insurge la journaliste.

Même colère au Huffington Post américain, qui titre «Au fait Vogue, l’ère des grosses fesses a commencé il y a un paquet de fessiers d’années»

 

«On observe assurément une tendance»

Ces critiques sont légitimes. Reconnaissons à Vogue que l’attention  spécifique portée sur les grosses fesses est relativement récente et prégnante.

«On observe assurément une tendance», a dit cet hiver l’American Society for Aesthetic Plastic Surgery à Radio Canada. La demande pour des augmentations de fesses a augmenté de 58%  aux Etats-Unis en 2013.

Le «muscle grand glutéal», celui qui donne ce relief bombé au postérieur, est le plus puissant du corps. Il était temps qu’on lui prête attention et qu’on oublie le temps où  «T’as un gros cul» était une insulte.

 

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