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J’écris cet article en hommage à toutes celles qui ont à subir ou subissent une pseudo-relation avec des hommes indécis. Ces hommes là, je les nomme « les hommes coupés en 2″.
Dans les cas de figures que je vais vous présenter, l’origine est la même : la difficulté à accepter les sentiments d’ambivalence, ce qui induit une tendance au clivage et une difficulté à aimer vraiment, pleinement l’Autre.
Nous sommes tous enclins à fonctionner de cette façon, à divers degrés. L’essentiel est de prendre conscience de son ambivalence première pour l’accepter et la dépasser.
L’amour triangulaire
Première mise en situation : Ce sont des hommes qui vivent en couple (mariés ou non) et qui tombent amoureux d’autres femmes.
Nous allons voir comment ce type d’amour, appelé amour triangulaire, s’ancre dans difficulté à accepter l’ambivalence de ses sentiments.
L’homme qui cherche à dissimuler une aventure se trahit souvent dans sa manière qu’il a de le faire car son attitude est provoquée par une culpabilité inconsciente et par le désir d’être pris. Ce qui sous-entend bien que le but de la liaison est, inconsciemment, de créer une relation triangulaire.
Parfois, le conjoint trahi s’associe à cette stratégie de par ses interrogations suspicieuses, à amener la tierce personne au milieu du couple.
En tout cas, ce qui est au fondement de la relation triangulaire c’est la difficulté à assumer sa propre ambivalence.
Par exemple, le mari trouve en son amante ce qu’il ne trouve pas chez sa femme et chez cette dernière, ce qu’il ne pense pas trouver chez sa maîtresse.
Quant à l’épouse, elle peut se convaincre que tout serait parfait si il n y avait pas cet obstacle incarné en cette maîtresse. Cela évite de regarder les problèmes en face : la personnalité de son mari qui est un homme capable de mensonge, de tricherie et de trahison.
En outre, la rivalité avec cette autre femme et la peur de perdre son partenaire accroissent et la valeur et le désir qu’elle éprouve pour ce dernier. Ce qui est une autre manière de faire taire son ambivalence (en agissant de la sorte, le mari a t-il aussi pensé à cela inconsciemment ; ce qui serait une tentative de protéger son couple de leur ambivalence mutuelle ?)
Les relations triangulaires ne se rapportent pas seulement aux relations sexuelles avec une autre personne. Le tiers peut être un(e) ami(e) proche, une belle-mère, une activité ou même un enfant.
Finalement, la tierce personne peut s’incarner en m’importe quelle personne qui ressemble à une cible extérieure idéale pour détourner l’attention de chacun des partenaires du sentiment d’ambivalence qu’ils éprouvent l’un envers l’autre.
Les hommes qui ont du mal à accepter leur ambivalence, ont tendance à cliver leur sentiments et du coup, voit leur partenaire comme le « bon objet » ; la femme parfaite et pure qui ressemble à la bonne mère ou à la madone. Le ressentiment et la haine ressentis par le « mauvais objet » interne sont refoulés et se manifestent consciemment par de l’agressivité ou un désir de faire mal à sa partenaire.
L’amour sexuel
Les hommes qui clivent leur ambivalence ont aussi tendance à cliver la femme. D’un côté, la madone, de l’autre, la putain. Ce qui induit une dissociation de la sexualité et des sentiments. Objectalisation/Idéalisation.
Certains hommes n’assument pas leurs fantasmes sexuels avec leurs conjoints et préfèrent voir des putes pour les réaliser. Beaucoup d’hommes ont besoin de garder le contrôle. S’ils se soumettent à leurs fantasmes, ils se sentent perdus, dépossédés d’eux-mêmes. Ils évoquent en des termes sombres leur part d’ombre. Pourtant cette part fait partie d’eux et pour aimer en entier, il faut apprendre à l’intégrer à soi et la partager avec sa compagne.
Certains peuvent se jeter dans l’amour sexuel par peur de se confronter à ses sentiments, peur de ne plus rien maîtriser ou par dépit; suite à une déception sentimentale. Au bout d’un moment, ils se rendront compte qu’ils ont besoin d’autre chose ; on ne peut vivre sans amour, sans partager une relation affective/émotionnelle/intellectuelle du moins.
L’amour virtuel
Etudions le cas du couple qui vient de se former. Par exemple, l’un des deux est allé passer ses vacances à l’étranger et a rencontré cette jolie femme aux cheveux d’ébène. Après une semaine de passion torride ils ne purent s’abandonner ainsi et se promirent de rester en relation à distance.
La situation est ambiguë : ils sont ensemble sans l’être réellement. En plus, ils se connaissent à peine. On peut presque dire que leur amour est virtuel. Il est davantage fondé sur du rêve, du fantasme, des désirs que sur de la réalité de deux personnalités qui ont eu le temps d’apprendre à se connaître.
C’est l’euphorie des débuts qui durent en général d’une à quatre ou cinq semaines. Il y a toujours des cas à part mais sans contact physique, la passion, d’autant plus si elle a été charnelle, va rapidement s’essouffler.
En une semaine, on n’a pas le temps de se connaître en profondeur, on est dans une passion charnelle qui nous plonge dans l’idéalisation de l’autre. C’est un peu comme une bulle gonflée d’illusion qui va peu à peu se rétrécir et disparaître pour ne laisser place qu’à du vide. Et c’est ainsi que sera oublié la partenaire d’un été.
Certes, ils auront la passion des premières semaines, d’autant plus intense qu’ils ne se voient pas (ou peu). Un simple coup de fil peut mettre de bonne humeur pour toute la journée. Il est capable de dépenser 1000 euros pour passer un w-e avec elle. Ils se sentent fous, avides de désir et pleins de vie.
Néanmoins, cette passion ne dure qu’un temps. Rapidement, le manque et la frustration remplacent l’euphorie. Le manque de contact physique éloigne.
Peut-on réellement construire une relation lorsqu’elle est basée sur des fantasmes ? On ne connaît pas vraiment la vie au quotidien avec l’autre, le partage des mêmes espaces, de la même temporalité. De plus, la relation à distance n’autorise pas le face-à-face, la confrontation et les conflits qui sont un puissant moteur de la créativité dans le couple, laquelle permet de relativiser et de rebondir.
Cet amour virtuel s’appuie sur le principe paradoxal selon lequel l’absence attise l’amour donc l’amour l’emporte sur le côté négatif de l’ambivalence, la haine et autres sentiments apparentés. Cet amour peut rester pur puisque le partenaire est physiquement absent.
L’amour « interdit »
Il y a des hommes qui sont excités par les relations d’ »interdit ». Ils font tout pour que l’objet de leur désir reste le plus longtemps possible interdit. Interdit mais en même temps offert, disponible. Si la personne désirée n’entre pas dans le jeu de la séduction, n’est pas intéressée par lui, rien ne peut advenir. Il faut que la personne désirée soit à la fois interdite et accessible. C’est cette tension entre ces deux pôles qui excite, qui fait jouir. Si l’équilibre se rompt, si l’un des deux pôles l’emporte sur l’autre, ça ne devient plus intéressant et le séducteur se détourne de sa proie.
C’est l’interdit qui déclenche cette passion. Si l’interdit cesse, la passion s’en va.
Ces différentes formes d’amour ressemblent à des approches, à des tentatives d’amour maladroites et désincarnées parce qu’on est vulnérable, parce qu’on se sent démuni lorsqu’on aime.
Quelque part on a du mal à se laisser totalement submergé par cette vague bouleversante qu’est l’amour. L’amour est humain, trop-humain, et notre mal vient du fait que nous le désirons ardemment divin, tout en fuyant ce désir d’absolu.
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