Cosmétiques : l'alerte des dermatologues contre un conservateur

By touwensa.net / agences novembre 11, 2014 382

Touwensa. Agences-  Les médecins s'inquiètent de la progression des allergies de contact provoquées par un conservateur, la méthylisothiazolinone.

Malgré les alertes répétées des sociétés savantes européennes, la méthylisothiazolinone (MIT), un conservateur de synthèse, demeure omniprésente dans notre quotidien. Ne cachant plus son inquiétude, la Société française de dermatologie (SFD) rapportait jeudi 23 octobre une augmentation alarmante ces derniers mois du pourcentage de patients sensibilisés à composant chimique que l'on retrouve notamment dans les produits cosmétiques, mais aussi dans des produits ménagers (liquide vaisselle, produits nettoyants des surfaces) et professionnels (peintures murales à l'eau, mastics, enduits…).
 

«Plusieurs publications font état d'une véritable épidémie d'allergies de contact ces dernières années. Provoquant des eczémas, elles sont dues en grande partie à des produits cosmétiques sans rinçage comme le maquillage, les crèmes hydratantes et surtout les lingettes nettoyantes sans rinçage pour bébé», précise le professeur Annick Barbaud, présidente du Groupe Dermato-allergologie de la SFD.
 

Ces mêmes lingettes pour bébé étaient pointées du doigt dans une récente enquête de 60 millions de consommateurs. «Les lingettes utilisées pour le change contenant de la MIT sont particulièrement nocives car, au niveau des fesses, la peau des bébés est très fine. Celle-ci laisse donc facilement pénétrer les conservateurs allergènes, sans compter l'effet occlusif du port de la couche qui vient renforcer le taux de pénétration de ces molécules», détaille la dermatologue.
 


Pas de désensibilisation possible
 

«On sensibilise ainsi des générations à la MIT et autres conservateurs. Les enfants qui y sont sensibles vont créer, comme dans tous les processus allergiques, des défenses immunitaires dirigées contre ces substances. Plus tard, parfois bien des années après, ces personnes vont faire des réactions cutanées importantes au contact, même léger, de produits qui contiennent ces allergènes, comme des peintures murales ou des parfums. Et il est impossible de désensibiliser les personnes atteintes», poursuit le Pr Barbaud.
 

La MIT peut être utilisée dans les produits cosmétiques à une concentration de 100 parties par million (ppm). «Une recommandation européenne a préconisé de supprimer la MIT des produits cosmétiques laissés en place, et de limiter à 15 ppm son utilisation dans les produits rincés. Mais à l'heure actuelle, aucun texte officiel d'application de ces recommandations n'existe», regrette la SFD dans son communiqué de presse.
 

Les dermatologues ne conseillent pas nécessairement de bannir ces produits, mais d'éviter leur utilisation systématique (en réservant, par exemple, les lingettes à un usage occasionnel du type voyage), et de privilégier le reste du temps les produits qui se rincent.
 


Faire le tri
 

Reste à identifier les produits à risque. Depuis 2007, la loi européenne oblige les fabricants de cosmétiques -mais pas de produits ménagers ou professionnels- à mentionner la présence des conservateurs, en toute lettre, sur les emballages des produits cosmétiques. Mais l'obligation ne vaut que pour les boîtes et pas pour les tubes, pots et autres contenants qu'ils entourent. Attention donc à ne pas jeter trop vite les emballages! La MIT est par ailleurs présente dans tous les types de produits cosmétiques, quel que soit leur prix.
 

Quant aux cosmétiques bio ou naturels, si à priori ils ne devraient pas contenir de conservateurs de synthèse auxquels appartient la MIT, il faut toujours vérifier leur composition et surtout ne jamais acheter un produit estampillé naturel mais n'affichant pas sa composition. De même, mieux vaut ne pas se fier pas à la mention “hypoallergénique”: cet argument purement marketing ne correspond à aucun cahier des charges pour le fabricant.
 

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