"Je suis opposée à ce qu'un tel produit puisse être commercialisé en France". Marisol Tourraine ne laisse aucune place au doute : puisque selon elle cette nouvelle e-cigarette à l'huile de chanvre "constitue une incitation à la consommation de cannabis (...) potentiellement répréhensible par la loi", elle n'a rien à faire sur notre territoire.

C'est pourtant bien en France, et même à Paris, dans un petit théâtre, que KanaVape -c'est son nom- a été présentée. Pour défendre leur produit face aux opposants à la consommation de cannabis, les concepteurs de l'e-cigarette ont choisis leurs mots. D'après Antonin Cohen, l'un des deux concepteurs, cette nouvelle cigarette électronique, qui contient donc de l'huile de chanvre "n'a aucun effet psychotique et psychotrope et ne peut pas être considérée comme une alternative au pétard". KanaVape serait ainsi "100% légal" et en aucun cas un "e-joint", souligne-t-il. Et de préciser que "la variété de chanvre utilisée n'a aucun usage récréatif puisqu'il ne contient pas de THC" (le tétrahydrocannabinol qui est le principal principe actif du cannabis avec des effets euphorisants et psychotiques).

Une e-cigarette relaxante, pour les consommateurs de tabac et d'autres substances...

Côté marketing aussi, le discours se veut rassurant. Sur son site, www.KanaVape.com, on peut lire que cette e-cigarette est "une nouvelle manière d'apprécier le chanvre (qui) apporte les nombreux bénéfices du chanvre sans l'effet psychotique du THC".  

Le liquide utilisé par cette cigarette électronique contient une autre substance, le cannabidiol (CBD), une autre substance "cannabinoïde" tirée du chanvre industriel cultivé légalement en Europe. Un dérivé connu pour ses "bienfaits sur le stress, la relaxation, le sommeil". Selon Antonin Cohen, la faible concentration de CBD ne produirait que des effets "très légers".

Mais toutes ces données ne rassurent pas la ministre de la santé, qui a demandé à ses services "d'étudier de façon très précise la situation de ce produit" et a affiché "l'intention de saisir le juge pour faire interdire la commercialisation de cette cigarette électronique au cannabis".

Avec leur produit, les concepteur de cette e-cigarette polémique visent "les consommateurs de cigarettes électroniques" et "tous les gens qui fument du tabac ou d'autres substances". Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, 1,2 million de personnes fument régulièrement du cannabis (plus de 10 fois par mois). Le chiffre d'affaires du trafic est estimé entre 700 millions et 1 milliard d'euros.