Comment la musique agit-elle sur notre cerveau ?

Touwensa. Agences-  Les effets de la musique sur le cerveau sont nombreux et complexes. Hervé Platel, professeur en neuropsychologie à Caen, explique que la musique a des vertus sur les apprentissages et agit sur la mémoire.

Jouer d’un instrument ou écouter une mélodie génère de multiples effets cérébraux. La quasi-totalité du cerveau est impactée, il n’y a pas une zone dédiée à la musique. Comme pour la compréhension du langage, la musique est traitée de différentes manières. Une partie du cerveau décode le ton et le tempo, pendant que la mémoire et l’émotion sont mises à contribution.

 

Si vous jouez d’un instrument, une partie du cerveau coordonne vos mouvements tandis qu’une autre est mobilisée pour lire les notes de la partition. Les progrès faits en neurosciences permettent désormais aux chercheurs de mieux appréhender la musique et ses effets sur notre cerveau. Hervé Platel, professeur en neuropsychologie à l’Université de Caen est spécialiste du sujet. « La musique est un excellent support pour comprendre certains mécanismes de notre cerveau. Étudier les liens entre musique et cerveau aide à mieux comprendre comment le cerveau est modifié par des expériences et apprentissages ».
 

La musique favorise le développement du cerveau
 

L’apprentissage précoce de la musique favoriserait le développement du cerveau. Plusieurs études le démontrent. Des données indiquent que les jeunes enfants qui suivent des leçons de musique réussissent mieux certains tests notamment en lecture, reconnaissance spatiale et concentration. Hervé Platel explique que « la musique ne rend pas plus intelligent mais son apprentissage booste certaines fonctions intellectuelles. Elle permet ainsi d’apprendre mieux et plus rapidement. Les enfants qui font de la musique ont de meilleures fonctions cognitives. Mais, une fois à l’âge adulte, ces différences sont gommées. Cela se saurait si les musiciens étaient plus intelligents que les autres ! » Le professeur en neuropsychologie pondère d’ailleurs les résultats de ces études. « Ce genre d’expériences n’a pas été réalisée avec des enfants qui apprennent à jouer aux échecs ou qui font un sport de haut niveau. Or, eux aussi auraient obtenu de meilleurs résultats que les autres à certains tests. Tout loisir est bénéfique. La musique l’est particulièrement car elle fait appel à de nombreuses capacités intellectuelles. C’est un sport de haut niveau pour le cerveau ! ».
 

Hervé Platel sur France Culture
 

Du 22 au 26 décembre, les émissions scientifiques de France Culture dédient une semaine au cerveau. Dans ce cadre, ce vendredi 26 décembre, Hervé Platel interviendra dans l’émission « Science publique » de 14h à 15h.
 

La musique booste les résultats scolaires
 

En 2010, l’Institut Montaigne a publié une étude qui démontrait que faire régulièrement de la musique au collège, dopait les résultats scolaires. Quand les élèves peuvent jouer dans un orchestre au sein de leur établissement, le niveau scolaire de chacun progresse. Depuis, d’autres études sont allées dans le même sens. Hervé Platel commente : « Outre le fait que la musique  stimule la créativité et améliore les capacités cognitives, c’est une pratique artistique exigeante. En réalisant un projet artistique, les élèves doivent se coordonner, rechercher des informations, être créatifs… Ils développent ainsi de nombreuses capacités, qu’il est encore temps d’acquérir au collège. Car il n’y a pas d’âge pour apprendre, mais il y en a un pour construire ses capacités cérébrales. Les arts ne sont pas uniquement réservés aux élèves rêveurs ! ».
 

La musique révélatrice d’un apprentissage instinctif
 

Les effets de la musique sur le cerveau prouveraient aussi que l’on peut continuer d’apprendre, malgré une mémoire défaillante. C’est ce qu’étudie actuellement Hervé Platel. Il s’interroge sur les mécanismes qui permettent aux patients atteints de la maladie d’Alzheimer d’apprendre de nouvelles mélodies alors que leur mémoire est altérée. Le chercheur est l’un des premiers à avoir identifié les réseaux cérébraux impliqués dans la perception et la mémorisation de la musique. « Alors que l’on pensait que les malades d’Alzheimer n’étaient plus capables d’apprendre quoi que ce soit, nous nous sommes rendus compte qu’ils pouvaient retenir des mélodies et apprendre des chansons. Il y a donc un apprentissage que l’on pourrait qualifier d’instinctif. Grâce à la neuro-imagerie, nous étudions ce mécanisme de mémorisation instinctive. Nous avons encore plein de choses à découvrir ! »
 

 

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