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Retour sur une mutation fulgurante
Si les photos des fashion weeks vous semblent parfois aussi insondables et lointaines que certaines installations de la Fiac, mais que vous avez peur de passer pour ringard, c’est que vous avez raté quelques étapes. Retour sur une mutation aussi spectaculaire que fulgurante.
Jusqu’au milieu des années 1960, un mannequin, dit « mannequin cabine » ou « mannequin défilé », travaille presque exclusivement pour le couturier. Il en existe alors deux sortes, parfois confondues en une personne : celle qui pose pour les modèles en cours de fabrication, et celle qui défile. La première sert de « base » au couturier, qui crée littéralement le vêtement sur elle puis dessine un croquis sur une silhouette livrée avec explications au premier ou à la première d’atelier. Ce dernier reviendra ensuite avec le modèle en toile pour approbation, afin que le directeur artistique choisisse le tissu. Au moment des « collections », le mannequin présente les modèles dans les salons de la maison de couture, tous les jours pendant deux semaines ou plus, devant les clientes, la presse et d’autres invités choisis. Est montrée d’abord la haute couture, puis vient le prêt-à-porter, sur fond de musique douce. Les mannequins défilé doivent être « belles sans agressivité et raffinées sans ostentation ». Toutes ont suivi dans les différentes maisons des leçons de maintien : il faut marcher très droite, le bassin généralement plutôt en avant, dans l’esprit de la danse classique. Les filles de la cabine Chanel, femmes du monde souvent facétieuses et parfois muses d’artistes de la jet-set, les Paule Rizzo, Mimi d’Arcangues, Claude de Leuze, Gisèle Rosenthal, Paule de Mérindol, Odette de Blignières, Odile de Croüy, Marie-Hélène Arnaud, sont alors surnommées « la bande des blousons Chanel ». Et si les clientes des maisons de couture sont éblouies par la beauté de ces femmes très minces et très gracieuses, l’ambition secrète de leur ressembler n’est pas totalement inatteignable ni ridicule..
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