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Babatunde Osotimehin, secrétaire général adjoint de l’Organisation des Nations Unies et Directeur exécutif de l’UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la population
La Saint-Valentin nous permet de montrer que l’amour vrai n’est pas mort. C’est l’occasion – que nous soyons mariés depuis longtemps ou encore dans le premier élan d’une relation – de dire combien nous sommes heureux avec notre partenaire. Mais il n’y a rien de romantique dans les millions de mariages d’enfants qui ont lieu chaque année. De nouvelles études montrent que, rien que cette année, 13,5 millions de filles âgées de moins de 18 ans – c’est-à-dire 37 000 par jour – vont se marier. Et près d’un tiers aura moins de 15 ans. C’est tout simplement inacceptable.
Il s’agit d’enfants contraintes de se marier avant que leur corps ne soit pleinement développé, contraintes d’abandonner leur enfance, trop souvent obligées de quitter l’école et jetées de force dans l’esclavage domestique et l’isolement. Il s’agit d’enfants auxquelles est volé le droit de poursuivre une destinée de leur propre choix. Ces mariages ne doivent pas être célébrés. Il faut les empêcher. La pratique est toujours en cours dans plus de 100 pays. La majorité ont lieu en Asie, avec une forte prévalence en de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique latine. Mais nous entendons parler de plus en plus souvent de cas de filles et de garçons contraints de se marier dans des pays moins éloignés. C’est là une préoccupation véritablement mondiale qui exige une solution mondiale.
À travers l’Europe et l’Amérique du Nord, des centaines de millions de cartes seront envoyées cette année pour la Saint-Valentin. Les Américains à eux seuls devraient en envoyer 140 millions. À moins d’une intervention urgente, c’est à peu près le nombre de filles qui seront mariées avant d’atteindre l’âge de 18 ans au cours de la prochaine décennie : 146 millions, selon les nouvelles évaluations. Être mariées si tôt peut aussi nuire gravement à la santé des filles – et de leurs bébés. Beaucoup trop souvent, une grossesse est la conséquence inévitable et potentiellement mortelle qui résulte des mariages d’enfants, et les complications de la grossesse et de l’accouchement sont l’une des principales causes de mortalité parmi les filles âgées de 15 à 19 ans dans le monde en développement.
Tragédies individuelles
Mais les dommages causés par les mariages d’enfants vont bien au-delà de ces tragédies individuelles. Ils conduisent à un gaspillage catastrophique de talents et de potentiels pour les familles et les sociétés. Presque tous les pays du monde se sont engagés à mettre fin aux mariages d’enfants. Mais les lois nationales et les conventions internationales n’ont pas réussi jusqu’ici à stopper cette pratique, ni même à en réduire la fréquence. C’est pourquoi l’UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la population, met à profit cette année la Saint-Valentin pour souligner l’urgente nécessité de relancer les efforts nationaux et mondiaux visant à éliminer les mariages d’enfants.
Il faut imposer une application rigoureuse des lois existantes, et barrer toute échappatoire. Il faut défier les normes sociales qui conduisent à ignorer ou bafouer les lois pour donner aux filles le choix qu’elles méritent et qu’exige le respect de leurs droits fondamentaux. Il faut informer les communautés des avantages multiples d’un mariage plus tardif. Mais, et c’est le plus important, il faut aider les filles à poursuivre leur scolarité, et à avoir accès à l’information et aux services, en particulier concernant leur santé sexuelle et reproductive. Nous devons aussi soutenir les filles déjà mariées dès l’enfance, les aider à éviter une grossesse trop précoce et leur dispenser de meilleurs soins si elles sont enceintes. L’UNFPA agit partout dans le monde pour mettre fin aux mariages d’enfants, en particulier dans le monde en développement, où une fille sur trois est mariée avant d’atteindre l’âge de 18 ans. Ce faisant, nous avons constaté que, si on leur en donne le choix, les filles décident de se marier plus tard.
Mais nous ne pourrons pas introduire de changements dans les politiques et les priorités sans votre appui. Chacun peut aider en affichant une photo de soi (selfie) tenant une pancarte avec le message “#Idont” (« Je ne veux pas ») et en le communiquant sur Instagram avec son mot-dièse. Ensemble, nous montrerons au monde combien nous sommes soucieux de mettre fin à cette pratique nuisible. Aidons nos enfants à dire « non » au lieu d’être forcées à dire « oui ».
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