Pour avoir de beaux fruits, taillez pommiers et poiriers

Touwensa. Agences (Mokhtar TRIKI)

AU JARDIN CE WEEK-END- Chaque week-end, Marc Mennessier, journaliste au Figaro, ingénieur agricole et amoureux des plantes vous livre ses conseils et astuces pour faire de votre jardin un Éden.  

«Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars!» dit l'adage. Ce mois printanier qui débute dimanche, est en effet la période idéale pour tailler nombre de plantes, à commencer par les arbres fruitiers à pépins comme le pommier ou le poirier. D'abord, la météo des prochains jours s'y prête très bien. Pas de grosses gelées en perspective: à l'exception d'un petit -2°C prévu ce samedi matin dans les Ardennes et d'une incursion à -5°C dans le sud du Massif central, le temps va rester doux sur l'ensemble du pays pendant toute la semaine prochaine. Soit plus de temps qu'il n'en faut pour permettre aux plaies de taille de se cicatriser dans de bonne conditions.
 

Deuxième facteur favorable (si l'on peut dire): la pluie. En cette saison, douceur rime avec précipitations: aucune région ne sera épargnée. Résultat: les sols, déjà gorgés d'eau, vont rester impraticables pendant tout le week-end, notamment en situation argileuse. Plutôt que de ronger votre frein, en maudissant le ciel derrière les vitres embuées, vous vous consolerez de ne pouvoir procéder à vos premières plantations en préparant vos arbres pour la future récolte.
 

Car tel est bien le but de la taille: orienter la sève, par de judicieux coups de sécateur, d'ébrancheur ou de scie égoïne, vers les rameaux à fleurs qui portent en germe les pommes et les poires juteuses que vous croquerez cet automne, voire dès le mois d'août pour les plus précoces. Schématiquement deux cas de figures s'offrent à vous selon la forme de votre arbre.
 


Éclaircir les arbres de plein vent
 

Également appelés formes fruitières «libres» par rapport aux formes palissées (voir ci-dessous), les arbres de plein vent se caractérisent par un tronc plus ou moins haut (basse tige ou gobelet, demi-tige, haute tige) surmonté d'une couronne composée de 5 à 6 branches charpentières. La taille, très lègère pour ce type d'arbre, consiste pour l'essentiel à couper les branches mortes, malades ou surnuméraires. À propos de ces dernières, éliminez en priorité celles qui poussent vers le centre du houppier, se touchent ou se croisent afin de faciliter la circulation de l'air et le passage de la lumière. Résultat: les fruits, plus gros, seront moins sujets aux maladies (moniliose, tavelure), mûriront mieux et seront plus faciles à récolter.
 


Formes palissées: du sur-mesure.
 

Contrairement aux formes libres, les arbres conduits en espalier (cordon horizontal, palmette, U, double U...) nécessite d'être taillés tous les ans en hiver et en été (nous y reviendrons). En cette saison, il convient, dans un premier temps, de reduire les charpentières pour éviter que la végétation se développe au sommet de l'arbre au détriment de la base. Grand spécialiste du palissage, le pépiniériste belge, Olivier Debaisieux conseille de rabattre, pour chaque charpentière, la pousse de l'année de 25 à 30 cm: «taillez une année au-dessus d'un œil orienté vers la gauche, l'année suivante au dessus d'un œil orenté vers la droite, afin de garder une charpentière bien droite» explique-t-il. Pour les palmettes Verrier ou double U), les deux charpentières intérieures doivent être taillées plus bas, d'environ 30 cm, que les charpentières extérieures afin de compenser le moindre afflux de sève chez ces dernières.
 

La taille des pousses latérales, ou coursonnes, consiste ensuite à favoriser la fructification tout en conservant l'élégante silhouette du palissage. «L'idéal serait que les coursonnes s'inscrivent dans un cylindre virtuel de 15 cm de diamètre autour des charpentières», poursuit Olivier Debaisieux. Concrètement vous devez ne conservez que 3 à 4 bourgeons (taille trigemme) sur chaque coursonne dont un bourgeon à fleurs, reconnaissable à sa forme arrondie, ou une bourse. Ce terme désigne les petits rameaux boursouflés qui ont donné des fruits l'année précédente et peuvent encore fleurir ce printemps. Enfin taillez systématiquement les rameaux à bois, dotés de bourgeons plus pointus ou dards, à trois yeux afin de susciter la formation d'une nouvelle coursonne et coupez à ras les gourmands qui poussent sur le tronc.
 


Sécateur bien affuté
 

N'oubliez pas, cela va de soi, de vous munir d'un sécateur bien affuté que vous prendrez soin de désinfecter à l'alcool à 90° entre chaque arbre, pour éviter de transmettre certaines maladies.
 

Une fois la taille effectuée profitez d'une éclaircie (au moins 12 heures sans pluie) pour procéder à votre deuxième traitement fongicide à base de bouillie bordelaise afin de lutter préventivement contre la tavelure ou la moniliose. Si vos poiriers ont subi, l'an passé, des attaques sévères de rouille grillagée (Gymnosporangium sabinae) vous pouvez optez pour un traitement fongicide à base de mmyclobutanyl.
 

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