Comment passer sereinement le pic des pollens

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Cette semaine, la carte de France des pollens est uniformément rouge. Guide de survie à l'usage des allergiques.

Dans le sillage des pollens d'arbres, ce sont désormais ceux des graminées qui déferlent sur l'Hexagone. Cette semaine, les voyants sont au rouge pour les allergiques sur l'ensemble de la France, pointe bretonne exceptée, selon le Réseau national de surveillance aérobiologique. Salves d'éternuement, nez qui coule et qui démange, conjonctivite, toux, asthme: la pollinose entraîne une inflammation des muqueuse qui, si elle n'est pas fatale, peut tout de même se révéler handicapante au quotidien. Les individus concernés - et ils sont de plus en plus nombreux ces 20 dernières années - ont heureusement quelques recours pour limiter la gêne.
 

• Se protéger
 

Avant toute chose, il est conseillé d'éviter le contact avec l'allergène, en l'occurrence, le pollen. Donc pas de promenades dans les parcs ou dans les champs, ni de pique-nique à même l'herbe, évidemment! Si les grains de pollen sont difficiles à repérer en raison de leur petite taille, certains gestes quotidiens abaisseront leur présence dans votre environnement: se rincer les cheveux à l'eau tous les soirs, ne pas faire sécher son linge en extérieur surtout par grand vent, ne pas laisser les fenêtres ouvertes dans la journée quand la densité de pollens est forte (aérer tôt le matin ou tard le soir), ne pas rouler en voiture les vitres baissées, éviter de tondre le gazon ou, si c'est indispensable, porter un masque et des lunettes de protection quand vous le faites, porter éventuellement des lunettes à l'extérieur pour éviter que les grains ne rentrent dans les yeux.
 

• Se soigner
 

Les antihistaminiques sont le traitement de référence de l'allergie aux pollens. Ils agissent en bloquant les récepteurs de l'histamine, une protéine impliquée dans la réaction immunitaire anormale que constitue l'allergie. «Ce sont des médicaments préventifs, qui doivent être pris au tout début des symptômes et quotidiennement pendant tout l'épisode pollinique», explique le Dr Patrick Rufin, pneumo-allergologue (Hôpital Necker). «La prise peut être continue pendant plusieurs semaines sans risque de voir leur efficacité diminuer», ajoute-t-il. Certains antihistaminiques sont en vente libre en pharmacie, sous des conditionnements particuliers, mais le Dr Rufin recommande de consulter un médecin, idéalement un allergologue, pour faire un bilan complet si cela n'a jamais été fait. «Il existe très peu de contre-indications mais la prudence est toujours recommandée, surtout en cas de grossesse». Des tests cutanés permettront notamment d'identifier à quels substances vous êtes allergique, ce qui facilitera par la suite les stratégies d'évitement.
 

Selon le Pr Jean-Louis Montastruc, pharmacologue à Toulouse, les antihistaminiques sont des médicaments globalement bien tolérés. «Ces molécules sont connues et utilisées depuis les années 1940», rappelle-t-il. Les effets indésirables sont atténués dans les molécules de deuxième génération, les plus utilisées à l'heure actuelle, mais ils peuvent tout de même être ressentis: somnolence (les longs trajets en voiture sont déconseillés), prise de poids liée à une diminution de la sensation de satiété, bouche sèche, constipation, voire troubles du rythme cardiaque.
 

Ce traitement oral peut s'accompagner de traitements locaux sous forme de collyres ou de spray nasaux à base d'antihismatiniques ou de dérivés de corticoïdes.
Si le traitement symptomatique à base d'antihistaminique est insuffisant, un médecin peut prescrire une cure de corticoïdes par voie générale pour quelques jours, ajoute le Dr Rufin.

 

• Guérir
 

L'immunothérapie, également appelée désensibilisation, reste à ce jour le seul moyen d'espérer se débarrasser d'une allergie de façon plus ou moins durable. Quoiqu'elle se soit simplifiée avec les années - les comprimés sublinguaux ont largement remplacé les piqûres d'autrefois - cela reste une démarche longue qui requiert un engagement de plusieurs années, et aux résultats inégaux selon les individus.
 

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