Le matin, les meilleures céréales sont les plus simples

Touwensa (Agences). Mokhtar TRIKI

En plein essor depuis les années 1980, les céréales du petit déjeuner représentent en France un marché annuel de plus de 750 millions d'euros. Elles bénéficient d'une forte publicité qui s'appuie sur de nombreuses allégations de santé et un syndicat professionnel très actif… Mais leur intérêt nutritionnel est loin de faire l'unanimité.

Leur argument santé: elles offriraient une précieuse source d'énergie pour commencer la journée. Mais un coup d'œil sur leur index glycémique (IG), l'indice qui mesure la capacité d'un sucre à faire grimper la glycémie, suffit à pulvériser ce prétendu avantage. Avec des IG élevés (supérieur à 70), voire très élevés (77 pour les Corn Flakes, 80 pour les Choco Pops, 82 pour les Rice krispies), les céréales provoquent en réaction une hypoglycémie - et donc une sensation de faim - dans les deux heures qui suivent leur consommation!
 

Procédés industriels
 

Cet index glycémique s'explique d'abord par leur teneur en amidon, leur principal composant. Glucide «complexe», et donc vanté par les fabricants, l'amidon se compose de deux molécules différentes: l'amylose et l'amylopectine. Cette dernière, vite digérée, libère rapidement le glucose dans le sang.
 

C'est encore plus vrai pour les céréales riches en amylopectine comme certains blés et maïs, qui présentent des IG supérieurs à ceux de l'orge, du riz ou de l'avoine. Le phénomène est aggravé par les procédés industriels de transformation (fortes températures, hautes pressions). Ils «gélatinisent» l'amidon, et son IG s'envole! Rien de mieux pour favoriser, à terme, la prise de poids, voire le diabète de type 2.
 

De vraies «bombes sucrées»
 

Enfin, les céréales pour enfants sont additionnées de sucres divers -miel, sucre, caramel-, qui font grimper encore un peu leur IG et… favorisent les caries. Même si les industriels ont signé une charte les engageant à réduire les sucres, nombre de céréales sont encore de vraies «bombes sucrées». Enfin, il ne faut pas oublier les matières grasses, peu recommandées pour la santé cardiaque: elles sont ajoutées dans les recettes de céréales fourrées et chocolatées (jusqu'à 13%).
 

Au final, «on constate de façon paradoxale que les céréales destinées aux adultes sont de meilleure qualité nutritionnelle que celles qui sont vendues pour les enfants», conclut une étude de Delphine Lioger, de l'unité de nutrition humaine de l'Inra à Clermont-Ferrand, publiée dans les Cahiers de la nutrition et de la diététique. Des travaux qui soulignent à quel point il est ardu de se retrouver dans la diversité des marques et produits…
 

Les plus basiques sont préférables
 

Alors comment choisir? «Il faut préférer les céréales complètes avec un IG un peu moins élevé, naturellement riches en minéraux et plutôt de type muesli (enrichies en fruits secs et oléagineux). Ou se tourner vers les flocons d'avoine, de bonne qualité nutritionnelle», explique Damien Galtier, diététicien nutritionniste et auteur d'ouvrages de nutrition familiale.
 

«Dans tous les cas, les produits les plus basiques sont préférables aux “gadgets” fourrés, ultrasucrés (enrobés de miel ou de caramel), avec des formes amusantes…, qui s'apparentent plus à des bonbons qu'au produit céréalier recommandé par les autorités.»
 

 

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