Feuilles mortes: n'en jetez plus !

By www.touwensa.net octobre 19, 2015 400

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

En faisant roussir les feuilles, la fraîcheur de ces derniers jours (il a fait -1°C à Aurillac) a mis de l'or dans nos yeux. Il faut, en effet, que les températures et les jours diminuent de concert pour que la synthèse de la chlorophylle s'arrête laissant place à d'autres pigments plus résistants au froid, les caroténoïdes, dont les teintes orangées sont responsables du spectacle flamboyant qu'offrent les arbres et les forêts en automne. Avant que le vent ne chamboule ce fragile décor dont l'envers signifie... qu'il va être temps de sortir balais et râteaux de la remise où on les avait presqu'oubliés.

Impossible d'échapper à la corvée: en s'amoncelant sur le gazon mais aussi sur les pensées ou les primevères fraîchement plantées, les feuilles mortes risquent tout bonnement de les faire périr par privation de lumière. Sans parler des risques de glissades sur le dallage des allées... Mais pas question, pour autant, de traiter ces organes végétaux en fin de vie comme de vulgaires déchets.
 

Couverture isolante
 

Dans un monde idéal, où tous les jardiniers seraient conscients de leur valeur, les camions poubelles ne devraient même plus les collecter! Non seulement les feuilles mortes valent de l'or pour la terre qu'elles enrichissent en humus mais elles forment, pour des plantes frileuses comme les agapanthes ou les dahlias si vous choisissez de les laisser en terre, une couverture isolante qui les aidera à passer l'hiver sans trop de dommages. Idem pour les rosiers, les vivaces de vos massifs, les arbustes et les arbres du verger. Au potager, choux, artichauts et poireaux apprécieront, eux aussi, d'avoir, grâce à elles, les pieds un peu plus au chaud. Et sur les parcelles nues fraîchement bêchées, elles protégeront le sol de la battance hivernale tout en servant de garde-manger aux meilleurs amis du jardinier: les vers de terre! Seule restriction: ramassez et brûlez les feuilles de rosiers ou d'arbres fruitiers atteints de maladies (marsonia, rouille grillagée du poirier, tavelure...) pour éviter que les spores ne contaminent vos prochaines récoltes. Même chose avec les marronniers attaqués par la chenille Cameraria ohridella. Les chrysalides de ce minuscule papillon, arrivé des Balkans dans les années 1980, hivernent en effet dans les feuilles mortes avant d'éclore au printemp. Vous pouvez également jeter toutes ces feuilles contaminés avec les ordures destinées à la mise en décharge ou à l'incinération. Surtout ne les mettez pas dans la poubelle déstinée aux déchets verts: vous ne feriez que contribuez à l'expansion de ces maladies et ravageurs.
 

Terreau de qualité
 

Pour limiter le travail de ramassage, toujours fastidieux -surtout si vous avez une grande surface et de grands arbres- une astuce consiste à tondre la pelouse avec les feuilles et à composter l'ensemble: l'expérience prouve que la fermentation de l'herbe coupée accélère la décomposition des feuilles déchiquetées par la lame de la tondeuse, y compris celles de platane pourtant réputées imputrescibles. Vous obtiendrez, au final, un terreau dont la qualité n'aura rien à envier à celui vendu à prix d'or dans les jardineries. Et qui a bien souvent été confectionné avec les feuilles (et les tontes de gazon) dont des millions de jardiniers se débarrassent à grand renfort de sacs en papier recyclé (hors de prix!) qu'ils se donnent la peine de remplir et de déposer au coin de leur rue. Le tout en alourdissant le montant de la taxe communale sur l'enlèvement des ordures ménagères qu'ils paieront le moins prochain avec leur taxe d'habitation.

 

Comprenne qui pourra...
 

Vous pouvez même vous abstenir carrément de les ramasser sous les grands arbres dans la mesure où elles ne risquent pas d'étouffer des plantes de sous-bois comme les pervenches ou les hostas. Recyclées sur place par la microfaune (cloporte, collemboles, lombric...) et la microflore (moisissures, champignons) du sol, elles seront peu à peu décomposées pour être réabsorbées sous forme d'éléments minéraux par les arbres dont elles sont issues. La boucle sera ainsi bouclée.
 

Nuisances sonores
 

Enfin, si vous comptez investir dans un souffleur, machine portative à moteur qui facilite la collecte des feuilles, assurez-vous que la surface à nettoyer justifie la dépense. Choisissez également un modèle ne dépassant pas 65 décibels afin de les limiter au maximum les nuisances sonores pour votre voisinage ainsi que pour les oiseaux et les petits mammifères qui habitent votre jardin. Pensez, à ce propos, à disposer des petits tas de feuilles dans quelques recoins mélangés à des branchages pour permettre aux hérissons mais aussi aux couleuvres de passer l'hiver au chaud. Les premiers vous le rendront en faisant des ventrées de limaces au printemps et les secondes réguleront de manière on ne peut plus écologique les populations de mulots, souris et autres rongeurs qui, ont tendance, dans certaines situations, à proliférer de manière excessive.
 

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