Pourquoi dort-on si mal la première nuit dans un lieu inconnu ?

By Touwensa Mokhtar TRIKI. juillet 01, 2016 1261

Touwensa- Des chercheurs américains ont découvert l'origine de ce phénomène appelé "l'effet première nuit", que vous expérimenterez peut-être lors de vos vacances d'été.

Pour vos vacances d'été, vous avez décidé de louer une belle villa sur la côte d'Azur, avec chambre spacieuse et lit "king size" très confortable. Impossible de mal dormir dans ce cadre magnifique, pensez-vous. Et pourtant, la première nuit, il y a de grandes chances pour que vous ayez un sommeil fragmenté, vous réveillant au moindre bruit. Heureusement, les nuits suivantes, vous n'aurez plus de difficultés à tomber dans les bras de Morphée... Ce phénomène, dénommé "l'effet première nuit", s'observe chez la majorité des individus lorsqu'ils dorment dans un lieu inconnu (à l'hôtel, chez des amis, sur un lieu de vacances, etc.) La faute revient à l'hémisphère gauche du cerveau, qui reste en alerte aux stimuli extérieurs, prêt à nous réveiller à tout moment pour faire face au danger, révèlent des chercheurs de l'Université Brown, aux États-Unis, dans la revue Current Biology.

Changez d'oreiller et vous ne dormirez plus

"L'effet première nuit" a été décrit pour la première fois dans les années 1960 et serait universel. "Les Japonais ont même un dicton consacré à ce phénomène : "changez d'oreiller et vous ne dormirez plus", fait remarquer dans un communiqué Yuka Sasaki, principale auteure de l'étude. Il pose autant de problèmes aux voyageurs d'affaires qu'aux scientifiques tentant de percer les secrets de notre sommeil : les résultats de la première nuit en laboratoire de leurs cobayes se révèlent difficiles à interpréter, tant leur sommeil est perturbé. L'on observe chez ces individus une augmentation du temps d’endormissement et des micro-éveils, une diminution de la durée du sommeil paradoxal, et donc globalement, un sommeil plus fragmenté que lors des nuits suivantes. Mais jusqu'à la publication de cette étude, aucune origine à ce phénomène n'avait été identifiée.

Yuka Sasaki et ses collègues ont observé pendant deux nuits l'activité cérébrale de 36 sujets sains de manière précise grâce à la combinaison de trois techniques : IRM, électroencéphalographe et magnétoencéphalographe (technique de mesure des champs magnétiques induits par l'activité électrique des neurones). La première nuit, ils ont identifié chez les volontaires une activité particulière de l'hémisphère gauche, absente la deuxième nuit. Durant la première phase de sommeil profond (voir infographie ci-dessous), des petits "bips" irréguliers ont été émis vers les oreilles des participants, et ce alternativement. Lorsque le son était dirigé vers l'oreille gauche - reliée à l'hémisphère droit du cerveau - les volontaires restaient généralement endormis. Mais lorsqu'il s'agissait de l'oreille droite - reliée elle à l’hémisphère gauche - les dormeurs avaient tendance à se réveiller et à être actifs beaucoup plus rapidement. Des différences entre les deux hémisphères que les chercheurs n'ont pas observé pendant la deuxième nuit.

Les 2 hémisphères alternent-ils ?

Lors de la première nuit, l'activité singulière de l'hémisphère gauche dure-t-elle jusqu'au réveil ? Cette étude ne répond pas à cette question, les chercheurs s'étant limités à l'analyse de la phase de sommeil lent profond des participants. "Il est possible que pour la surveillance, les hémisphères alternent", suppose Yuka Sasaki. Elle établit un parallèle entre ce fonctionnement et l'asymétrie hémisphérique que l'on observe chez certains mammifères marins, comme les dauphins ou les baleines, pendant leur sommeil : en effet, ces animaux ne mettent qu’un hémisphère de leur cerveau en dormance à la fois, l'un après l'autre, pour pouvoir continuer à remonter à la surface et respirer.

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