Yousef Chahed: La Tunisie n’est pas en faillite, la crise politique est à l’origine de milliers de décès du Coronavirus

Yousef Chahed: La Tunisie n’est pas en faillite, la crise politique est à l’origine de milliers de décès du Coronavirus Yousef Chahed: La Tunisie n’est pas en faillite, la crise politique est à l’origine de milliers de décès du Coronavirus
L’ancien chef du gouvernement, Youssef Chahed, a plaidé pour « une trêve de quelques mois pour sauver la Tunisie, en focalisant sur deux priorités : la santé et l’économie ».
 
S’exprimant dans une vidéo hier jeudi, dans la soirée, sur sa page Facebook, le président de Tahya Tounes a estimé que « face au blocage actuel, la crise profonde et aiguë que vit la Tunisie ne pourrait-être résolue ni par la constitution et la loi, ni par le compromis ».
 
Il a appelé les acteurs politiques « à mettre leurs différends de côté et à décréter une trêve pour sauver les vies des Tunisiens et sauver les sources de subsistance ».
 
Les formations de Jemli, Fakhfakh et Méchichi n’ont pas assuré la stabilité du gouvernement
 
Youssef Chahed a, en préambule, déploré « le manque de rationalisme face à la crise ». « Malgré la situation critique en Tunisie, les acteurs politiques sont dans les surenchères, ce qui les rend incapables de s’asseoir autour de la même table ».
 
« Les solutions en temps de crise ne se construisent pas, selon la logique de l’escalade à l’infini, mais se construisent sur la base du dialogue et de la concession pour parvenir au juste milieu et au compromis », a-t-il professé. 
 
Il a ajouté que « le dispositif issu des élections de 2019 porte en lui-même des paradoxes et des conflits violents et irrémédiables, ayant commencé dès le premier jour après le scrutin et ne cessent de s’accentuer de jour en jour ».
 
« Les formations de Jemli, Fakhfakh et Méchichi n’ont pas réussi à assurer la stabilité nécessaire pour le gouvernement », a-t-il considéré.
 
« Le conflit qui persiste au sein de l’exécutif et au parlement, s’est infiltré dans la rue et les appareils de l’Etat. Toutes les médiations possibles ont échoué à régler le conflit, tout autant que tous les appels au dialogue, dont l’initiative de l’UGTT, » a-t-il dit, prônant « un dialogue réel et raisonnable, le dialogue des solutions possibles ».
 
Poursuivant son analyse de la situation, Chahed a considéré que « la logique légale et constitutionnelle est en crise, et l’interprétation de la constitution est objet de différends », prédisant que « la Cour Constitutionnelle ne sera pas mise en place ni dans les semaines, ni dans les mois à venir ».
 
 
Conflit existentiel
 
Selon ses dires, l’on est face à « un conflit existentiel entre les acteurs dont le but est d’exclure et d’annihiler l’autre, ce qui conduit le pays à entrer dans un état de démantèlement interne et une division sociétale ».
 
Chahed est revenu sur le climat de tristesse et de chagrin qui règne en Tunisie face à l’épidémie du coronavirus ; « chacun d’entre nous a perdu un proche ou un ami », a-t-il regretté, estimant qu’ »il n’est pas permis aux hommes d’Etat dans de telles circonstances d’être dans l’abattement, le doute et l’impotence ».
 
Il a considéré que  « la vraie bataille est celle de la vaccination », estimant que « la Tunisie est à la traîne dans ce domaine, à cause de l’instabilité politique ». « La crise politique a éparpillé tous les efforts, et est à l’origine des milliers des victimes ; que chacun assume ses responsabilités ».
 
Il s’est arrêté aux retombées économiques du coronavirus sur plusieurs secteurs, notamment les petits métiers, ceux qui sont menacés de perdre leurs fonds de commerce, les PME dont les banques refusent le financement, le tourisme et l’artisanat, « un secteur sinistré », etc.
 
L’ex-chef du gouvernement a, néanmoins, considéré que « la Tunisie n’est pas en faillite et est encore capable de rembourser ses dettes et de payer les salaires de ses fonctionnaires ». « Mais si les mesures urgentes ne sont pas prises rapidement, tous les scénarios dont les scénarios dangereux seront posés les mois prochains », a-t-il mis en garde.
 
Youssef Chahed a considéré que le premier défi est de conclure des accords nécessaires pour assurer le financement du budget et rembourser les dettes de la Tunisie. « L’accord avec le FMI est une obligation et non un choix », a-t-il affirmé, considérant que « le plus grand danger réside dans l’incapacité de l’Etat à trouver des ressources pour financer le budget. »
 
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