touwensa.com هي بوابة إخبارية على الإنترنت ومصدر دائم للمحتوى التقني والرقمي لجمهورها المؤثر في جميع أنحاء العالم. يمكنك الوصول إلينا عبر البريد الإلكتروني أو الهاتف.
editor@touwensa.com
La meilleure façon de consolider la démocratie tunisienne est la levée du visa tel que pratiqué actuellement.
Le Premier ministre français assure que « l’amitié avec la Tunisie, c’est indispensable pour la France » et je suis obligé de lui demander de quelle amitié il s’agit. C’est aussi bien en ma qualité de citoyen libre de Tunisie, Français de cœur aussi, que d’ancien diplomate, n’ayant fait ma carrière qu’en France au service de l’amitié franco-tunisienne. Or, ayant été exclu injustement du corps diplomatique par l’ancien régime du fait de mon attachement aux valeurs et étant toujours ignoré par le nouveau pour probablement mon iconoclasme diplomatique, je peux vous dire ce que vous n’entendez pas de nos diplomates soumis à l’obligation de réserve, ce qu’ils ne pensent pas moins.
Nécessité du visa biométrique de circulation
En reconnaissant que les questions sécuritaires ont fait partie de l’ensemble des sujets objets de vos entretiens, n’usez-vous pas de litote, voulant dire plutôt que l’immigration clandestine a été le cœur de vos entretiens ? Vous dites bien que le changement en cours en Tunisie bouleverse la donne géostratégique en Tunisie et dans le monde, mais que faites-vous pour que ce bouleversement soit salutaire en réussissant véritablement à fonder une nouvelle démocratie ? Vous n’ignorez pas qu’il impose un changement de la politique aveugle de l’Europe en Méditerranée, créatrice d’un « holocauste moderne » selon l’expression cruelle d’une voix juste d’Europe. Que n’initiez-vous le changement salutaire d’une pareille politique inepte, en vous associant, par exemple, à une Italie voulant recentrer sur la Méditerranée sa diplomatie, pour faire de ce lac de la mort un espace de démocratie ?
Vous savez que la liberté de circulation est inscrite dans le sens de l’histoire, qu’elle est inéluctable ; pourquoi ne pas en faire un instrument efficace pour la consolidation de la démocratie en Tunisie, que ce soit dans le cadre européen et à défaut – si vos partenaires le refusent – dans le cadre du mouvement francophone dont la Tunisie est un membre éminent, même si le français y est réduit désormais à une peau de chagrin ?
C’est ainsi et ainsi seulement que vous consoliderez le virage tunisien, périlleux, mais salutaire, vers la sécularisation avec un nouvel esprit démocratique qui sera du même coup, en Tunisie, un nouvel esprit islamique. En effet, c’est dans la liberté de circulation du Tunisien que réside la frontière à ériger contre le terrorisme et l’intégrisme ; et elle sera hermétique contrairement à la frontière physique à laquelle vous tenez en Méditerranée et qui n’est qu’un nouveau mur de Berlin, mais sur l’eau.
J’avais proposé un moyen sûr et pratique de passage de l’actuelle absurdité du visa biométrique, inefficace et criminogène à un régime de liberté moyennant un visa biométrique de circulation délivrable aux Tunisiens en hommage à leur maturité politique. Un tel mécanisme est à la fois respectueux d’une liberté de circulation qui doit être l’un des droits de l’Homme à partager entre les pays relevant de l’esprit démocratique ou y faisant leur entrée tout en ne cédant en rien aux réquisits sécuritaires actuellement incontournables.
Vous le dites bien, c’est dans l’intérêt de la France et celui de l’Europe que se poursuit la consolidation de la réussite tunisienne dans tous les domaines. Or, la meilleure façon de consolider la démocratie tunisienne est la levée du visa tel que pratiqué actuellement.
Un « nazisme mental » rampant
Aujourd’hui, on a affaire à un « nazisme mental » rampant qui gagne l’Europe à la faveur de sa politique migratoire, et il est en train de contaminer partout les esprits, cultivant de part et d’autre de la Méditerranée les sentiments de haine et d’exclusion au lieu de ceux de la paix et de l’amitié.
Si vos discussions ont porté surtout sur l’économique, vous ne dites pas que cela était conditionné par le sécuritaire et l’obligation faite à la Tunisie de se compromettre encore plus dans la politique arrogante, sinon haineuse de l’Europe, car productrice de drames quotidiens inhumains en Méditerranée par son système Frontex et ses déclinaisons carrément terroristes. Il ne sert à rien de lutter contre le terrorisme en usant des méthodes des terroristes ; il faut avoir des méthodes civilisées et efficaces. Celle que je propose ici de nouveau est en plus bien plus intelligente que vos fondamentaux migratoires.
Alors M. Valls, saisissez l’occasion qui se présente aujourd’hui à faire subir à la politique méditerranéenne de l’Europe une révolution mentale en matière de circulation libre en Méditerranée. Osez le faire de concert avec les autres pays d’Europe ou en solo pour amorcer la pompe ; il n’en sortira que du pur bien pour tout le monde. Sinon, les événements vous y obligeront un jour, mais dans les plus mauvaises conditions.
La transition démocratique en Tunisie ne réussira pas juste avec une aide économique accrue ; vous rappelez d’ailleurs que dans les relations bilatérales franco-tunisiennes, il s’agit moins d’aide que d’une stratégie conforme aux intérêts communs. Aujourd’hui, la bonne stratégie est d’instaurer un espace de libre circulation entre la France et la Tunisie à défaut de le faire entre la Tunisie et toute l’Europe. C’est un tel saut qualitatif dans les relations bilatérales, un tournant historial, qui garantira la transformation de la Tunisie en démocratie modèle. Or, si elle est encore en pleins soubresauts, elle n’est pas moins bien orientée. Aidez donc à la naissance d’un nouvel esprit démocratique en Méditerranée avec la création d’un espace de démocratie qui stoppera le nazisme actuel qui grossit et sera demain un espace de civilisation réconciliant le meilleur de l’Occident avec le moins mauvais de l’Orient !
Le Président du gouvernement tunisien dit envisager sereinement l’avenir commun en matière de codéveloppement et de complémentarité ; il n’ose pas vous dire qu’on ne peut en parler sans frontières ouvertes, le développement devant être inclusif et solidaire. Moi, en diplomate libéré de l’obligation de réserve, je vous le dis. Et je rajouterai que l’histoire nous interpelle, M. Valls, que ne vous répondez donc à son appel !
Error: No articles to display