Des objets dérobés sur un site de la Grande Guerre

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Pierre Labat est l’un des fondateurs de La Main de Massiges. Il s’est dit profondément indigné par les vols commis en début de semaine.

MASSIGES. Des voleurs se sont introduits sur le site de la Main de Massiges en début de semaine et ont dérobé près de cinquante objets. Un acte scandaleux selon Pierre Labat.
 

Le maire de la commune, Pierre Labat, n’en revient toujours pas. L’association La Main de Massiges se démène depuis 2008 pour restaurer le site de la côte 191, théâtre d’effroyables combats pendant toute la durée de la guerre. En cette première année des commémorations du centenaire du premier conflit du XXe siècle, les tranchées argonnaises voient défiler jour après jour des dizaines de touristes.
 

Parmi ce flot ininterrompu de visiteurs, certains étaient très mal intentionnés. Mercredi, les responsables de l’association se sont rendu compte qu’« une cinquantaine d’objets avaient été volés, sans doute dans la nuit de mardi à mercredi », pense le premier magistrat de Massiges. Le site avait déjà reçu la visite de ferrailleurs venus récupérer un peu de métal, mais le préjudice était sans commune mesure avec celui de cette semaine. « Il y a forcément eu un ou plusieurs repérages, ce vol a été commis par des spécialistes, assure Pierre Labat. Ces objets étaient solidement accrochés dans différents abris que nous venions d’aménager. Ils ont utilisé des pinces pour les décrocher. Ils savaient très bien ce qu’ils prenaient, car ils ont récupéré uniquement ce qui avait une valeur archéologique ».
 

Ainsi, ce sont des fusils, des lampes à pétrole, des gourdes ou encore des casques datant de 14-18, qui avaient été retrouvés au fur et à mesure de la restauration du site, qui ont été dérobés par les indélicats. « Ils ont été jusqu’à prendre des croisillons et des barbelés allemands qui sont extrêmement rares, poursuit celui qui est l’un des cinq propriétaires du site qui est, rappelons-le, ouvert à tout le monde. Si ça continue, nous n’aurons plus rien d’authentique dans ces tranchées ».
 

Des pilleurs de cimetières.
 

« Je suis profondément indigné, continue l’édile, ancien militaire de carrière. Ces personnes ne respectent rien. Ils ne respectent pas le travail des bénévoles et surtout, ils ne respectent pas tous ceux qui sont morts pendant cette guerre. Ils sont encore très nombreux enfouis dans la terre ici. Ces gens sont des pilleurs de cimetières, pour moi, c’est comme une profanation ce qu’ils ont fait ». D’habitude assez calme, Pierre Labat a, cette fois, du mal à masquer sa profonde indignation.
 

A un point qu’il compte aller porter plainte lundi à la gendarmerie de Sainte-Ménehould.
 

« Je pense que ces objets finiront bien tôt ou tard par ressortir quelque part, espère-t-il. Je n’imagine pas que ceux qui ont fait ça vont les mettre dans leurs jardins. D’ailleurs, si jamais quelqu’un croit avoir des informations sur des objets qui pourraient venir de Massiges, qu’il n’hésite pas à nous le faire savoir ».
 

Ces pièces d’époque pourraient effectivement refaire surface sur des sites spécialisés. Un article de notre collègue de Laon Thierry de Lestang Parade de décembre 2013, dont voici un court extrait, expliquait pourquoi certains objets suscitaient autant d’intérêt : « Il ne peut y avoir qu’un engouement pour le centenaire de la Première Guerre mondiale en 2014. Je constate que les prix flambent », remarque un brocanteur établi près de Soissons. Il cite une baïonnette vendue 50 euros il y a deux ans et atteignant désormais 80 ou 100 euros. Sur internet, c’est aussi la grande foire. Il faut ainsi dépenser 60 euros pour une paire de douilles, 50 à 100 euros pour un casque.
 
 

 

Évaluer cet élément
(0 Votes)