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Touwensa. Agences- Le président de la République a inauguré le bâtiment de Gehry ce lundi avec le président du groupe LVMH, Bernard Arnault, au Jardin d'Acclimatation à Paris. D'Anna Wintour à Sofia Coppola au menu gastronomique, découvrez les coulisses de la soirée de l'année.
Ce n'est pas tous les jours qu'un président de la République a comme rude tâche d'inaugurer un splendide musée signé Frank Gehry à Paris. L'heure était donc très officielle, hier soir, à la Fondation Louis Vuitton qui célébrait ainsi sa naissance et sa reconnaissance par l'Etat français dans une cérémonie à la fois précise et fastueuse. Dès 17 heures, tout un système de barrières (chics) était disposé devant l'entrée du bâtiment d'acier, de verre et de souple béton Ductal qui distinguait la presse, cette laborieuse, des invités du Tout-Paris et autres VIP des arts et des affaires venus du monde entier, de Madame Mori, grande mécène japonaise, à SE l'Aga Khan, chef spirituel des ismaéliens nizârites, l'un des premiers arrivés et des plus discrets.
Trois services de sécurité privés étaient mobilisés pour une fluidité garantie et un ordre sans reproche. S'y ajoutait le service de sécurité propre à l'Elysée. Un badge jaune pour les photographes destinés à rester dehors pour mitrailler les convives, d'Anna Wintour, prétresse redoutable de Vogue, à Sofia Coppola, format miniature et follement gracieux arrivée en princesse bien après les discours, d'Almine Rech, tout en plumes de cygne rose chair, et son cher mari Bernard Picasso à Karl Lagerfeld, Kaiser de la mode reconnaissable entre mille. Un badge bleu pour les journalistes habilités à rester avec ce beau monde dans le lobby pour les trois discours - Bernard Arnault, maître de la synthèse souple et précise, Frank Gehry, sympathique et naturel comme un Américain, le président Hollande en campagne jusqu'au crépuscule (McCarthy, nous voilà!). Tous sortirent sur la pelouse pour voir le bâtiment s'embraser d'éclairs sous la voix de la soprano Natalie Dessay chantant comme une extra-terrestre la Vocalise de Rachmaninov, accompagnée du violoncelliste Henri Demarquette sur un stradivarius appartenant à la collection du groupe LVMH.
Les deux présidents en aparté
Un badge rouge - le plus prisé - permettait de suivre la visite présidentielle de la Fondation, à distance raisonnable, c'est à dire hors de portée des conversations entre les deux présidents. Tandis que les invités continuaient d'arriver, du Baron Seillières à Alain Minc, de Laurent Le Bon, président du Musée Picasso à Anne Baldassari qui lui précéda avec éclats, d'Olivier Picasso, à sa sœur Diana, belle œuvre picassienne en drapé marine comme une sculpture grecque, de Pierre Bergé en mauve à Jack Lang, éternellement bronzé. Sur le haut du bassin qui se déverse en cascade sous le bâtiment de Frank Gehry, un tapis rouge dessinait pour le premier homme de la Nation un Ellsworth Kelly bien abstrait sur le sol. C'est par ce biais qu'arriva la voiture du président de la République, accompagné de son aide de camp, cette semaine issu de l'Armée de Terre, le lieutenant-colonel Yann Latil, d'une tenue irréprochable.
D'une ponctualité de roi, Bernard Arnault était déjà là depuis quelques minutes avec son épouse Hélène, mincissime, tout en bleu azur Dior incrusté de strass et de paillettes. Courtois, cet homme si grand se baissait instinctivement pour accueillir François Hollande qui dépasse à peine Frank Gehry, ce Canadien de Toronto installé à Los Angeles d'un parfait naturel à l'américaine. Sur le tapis rouge, l'attendaient la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, en gracieuse jupe corolle de tweed bordé d'organza, et Anne Hidalgo, la Maire de Paris plus espagnole que jamais avec sa tenue entièrement noire. Pas de Manuel Valls, comme on l'avait pourtant chuchoté dimanche.
Olafur Eliasson, écolier distrait
Ce premier cortège fut rejoint par les enfants de Bernard Arnault. Son fils aîné Antoine Arnault et sa compagne, la spectaculaire Natalia Vodianova, jeune mère à la silhouette juvénile en tailleur pantalon géométrique Louis Vuitton et au désarmant sourire d'ange. Puis ses trois fils cadets, Alexandre, Frédéric et Jean, tous immenses comme leur père. Soudain, l'assemblée avait l'air d'avoir manqué de vitamines de croissance. Au fil de la visite, deux groupes se sont formés. Le premier, restreint et parlant à voix basse, rassemblait les deux présidents, Hélène Arnault, Frank Gehry, Jean-Paul Claverie qui fut dès le début au coeur du projet de la fondation, Fleur Pellerin et Anne Hidalgo. Le bâtiment de la Fondation Louis Vuitton reviendra à Paris dans 50 ans. Il y a de quoi sourire en bonne politique.
Le second groupe réunissait tous les autres. Delphine Arnault, blonde sirène dans une robe en paillettes lamées Louis Vuitton, et son compagnon Xavier Niel, «Monsieur Free» fort louangé par son propre journal, Le Monde. Antoine Arnault parlait volontiers avec cet entrepreneur conquérant ou avec l'artiste dano-islandais Olafur Eliasson, sorte d'écolier distrait qui avait fourré son badge VIP dans sa poche gauche. La directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton, Suzanne Pagé, élégante et vuittonesque de pied en cap, expliquait sans faiblir les pièces de l'accrochage à tout un chacun, se perdant instantanément dans la fougue qui la caractérise.
Pas d'ascenseur pour François Hollande
Lorsque la visite présidentielle s'acheva sur la plus haute terrasse, le soleil était revenu sur Paris. Tour Eiffel dans l'axe, Bois de Boulogne clair et net vu du ciel, un pur moment de beauté au milieu des voiles de verre laiteux imaginées par Gehry. Un crépuscule en technicolor pour marquer la victoire d'une entreprise menée tambour battant par Bernard Arnault et son équipe. Le président de la République, comme le veulent les usages, descendit par l'escalier (les ascenseurs peuvent se coincer et provoquer des catastrophes protocolaires). Son discours d'inauguration dériva de-ci, de-là vers la politique générale, de la naissance d'un musée à la défense de tous les artistes, y compris McCarthy «souillé» par ses détracteurs. Mais, puisque l'homme du jour est un grand patron, ce fut surtout une ode à l'entreprise, LVMH bien-sûr, mais aussi toutes les entreprises, y compris Dassault Systèmes qui a apporté sa technique de pointe au bâtiment de Gehry.
Dans l'assemblée en smokings et robes du soir (courtes le plus souvent), Jean-Michel Wilmotte sut rire des pics de Bernard Arnault sur les caprices d'architectes. Au premier rang du parterre, notre Alain Delon national bombait le torse come jadis dans Le Guépard pour Visconti. Derrière lui, les Orban souriaient comme dans les magazines. Le roi des marchands d'art, le New-Yorkais Larry Gagosian se hissait du col pour mieux voir ce spectacle français qu'est la république. L'Autrichien de Paris, Thaddaeus Ropac, son pair et son rival, écoutait et admirait le perfectionnisme apporté à chaque détail du bâtiment, «du jamais vu, surtout pas à l'inauguration du Guggenheim Bilbao où tant de choses étaient inachevées». Les Toubon arrivaient, comme toujours, de bonne humeur. Les artistes, ces saltimbanques, continuaient de rire comme si de rien n'était, avant, pendant, après. L'homme qui aime les Ferrari, même en miettes, l'artiste Bertrand Lavier retrouvait son galeriste de toujours, Yvon Lambert. Elégant comme un chasseur du XIXe siècle, Christian Boltanski s'amusait de tout, comme un seigneur au spectacle. Les ravissantes artistes anglo-saxonnes, Taryn Simon et Sarah Morris, fumaient en douce sur la pelouse.
Il était l'heure de visiter. Puis de passer à table, dans l'Auditorium où les gradins se sont aplatis pour laisser la place aux tables blanches avec fleurs grises et blanches, arrangées à la perfection par Françoise Dumas, la maîtresse des grands dîners parisiens, pour répondre au Spectrum du rideau de scène d'Ellsworth Kelly. L'art, c'est aussi cela. Au menu du chef Jean-Louis Nomicos: un velouté de potimarron aux truffes blanches, une joue de veau de lait aux girolles et bien sûr à boire le Petit Cheval Saint-Émilion Grand Cru 2005 en magnum, puis du Château Yquem 2011.
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