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Les jeunes Français qui partent combattre aux côtés des rebelles en Syrie posent à leur retour un difficile problème aux forces de l'ordre: comment distinguer parmi eux ceux, une minorité, qui seraient susceptibles de basculer dans le terrorisme en France?
Alors qu'une quarantaine de jeunes Français avaient été attirés par le jihad anti-américain en Irak, ce sont des centaines de volontaires qui sont partis, pourraient ou s'apprêtent à le faire en direction de la Syrie. Impossible d'avoir la certitude de tous les identifier à leur retour et encore moins possible de les placer tous sous surveillance permanente.
"Pour commencer il doit y en avoir quelques uns qui échappent à notre radar" assure à l'AFP un bon connaisseur du dossier qui demande à rester anonyme. "Qui parviennent à partir, qui sur place restent discrets, combattent ou pas, souvent on n'en sait rien, et qui rentrent en restant sous le radar. Ensuite au retour, pour surveiller un suspect 24 heures sur 24, c'est trente policiers, dix véhicules... Faites le calcul".
Un acteur important de la lutte antiterroriste en France, qui lui aussi demande à ne pas être nommé, estime qu'environ 110 Français seraient actuellement dans les maquis aux côtés des insurgés syriens, une cinquantaine seraient en chemin, via la Turquie essentiellement, une dizaine auraient été tués et une cinquantaine seraient déjà rentrés en France.
"Une autre centaine ont été identifiés par les services comme ayant exprimé d'une manière ou d'une autre la volonté de se rendre en Syrie pour prendre part au jihad", ajoute cette source. "Ce flux a quasiment doublé depuis la fin de l'année".
Face à cette menace, les services antiterroristes dressent et tiennent à jour des listes de suspects, par ordre décroissant de dangerosité estimée. Ils effectuent des sondages, mettent en place des surveillances pendant quelques jours, des écoutes téléphoniques et des communications internet, voire convoquent les suspects pour les interroger et leur faire savoir qu'ils sont dans le collimateur et feraient bien de se tenir tranquilles, explique le même bon connaisseur du dossier.
"Imprévisible" et "plus déséquilibré"
"Selon moi on doit retrouver parmi ceux qui partent faire le jihad en Syrie les mêmes proportions qu'à l'époque des camps d'entraînement en Afghanistan: sur dix volontaires, il y en a trois qui attrapent la chiasse les premiers jours, sont vite dégoûtés et pleurent pour repartir, trois qui font ce qu'il peuvent mais ne passent pas le premier stade d'entraînement, trois qui ont plus d'allant et s'en sortent et au final un qui revient gonflé à bloc et prêt à continuer le jihad ici. Toute la difficulté est de le trouver et le neutraliser", dit-il.
Les chef et les idéologues d'Al Qaïda, en particulier le successeur d'Oussama ben Laden Ayman Al Zawahiri, ont à maintes reprises exhorté les jeunes Occidentaux à mener des actions, même de moindre envergure dans leurs pays d'origine, afin de frapper les esprits et de semer la terreur, plutôt que de tenter à tout prix de rallier des terres de jihad.
"A mon avis le vrai danger", poursuit la même source, "c'est plutôt le gars qui n'était déjà pas bien dans sa tête au départ et qui revient traumatisé par ce qu'il a vu. Il devient imprévisible psychologiquement, encore plus déséquilibré, avec un seuil de tolérance à la violence bien supérieur. C'est là qu'il peut basculer, et cela peut être très difficile à déceler avant son passage à l'acte. Il peut tout à fait ruminer son malaise en solitaire, dans son coin, et un jour surprendre tout le monde".
Une autre difficulté consiste à déterminer ce que les volontaires ont exactement fait sur place, notamment à savoir s'ils ont combattu au sein d'unités dépendant de l'Armée syrienne libre (ASL), qui est en principe soutenue voire armée par Paris, ou au sein de groupes jihadistes anti-occidentaux, souligne le responsable de la lutte anti-terroriste. "Il serait absurde de poursuivre à son départ quelqu'un qui aurait rejoint l'ASL, mais nous savons que dans l'immense majorité des cas ce sont des islamistes radicaux en France, qui rejoignent en Syrie des groupes radicaux. Encore faut-il pouvoir le prouver".
Interrogé récemment sur France Info, le juge antiterriste Marc Trévidic disait son "inquiétude grandissante. Quand le conflit syrien n'existera plus, on aura à faire à pas mal de jeunes qui auront été entraînés, armés, pris en main par de vrais terroristes. Certains seront dangereux car ils voudront continuer le jihad chez eux".
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