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Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI
En parle-t-on plus qu’avant ? Davantage d’enfants sont-ils concernés ? Une chose est sûre : la phobie scolaire n’a rien d’un phénomène récent qui viendrait subitement handicaper nos petits écoliers. Enquête.
En ce moment
« La phobie scolaire est une expression commode pour prendre en considération l’angoisse des écoliers et la différencier d’un simple caprice, mais elle recouvre des situations extrêmement variées, qui ont toutes un point commun : la souffrance », introduit le docteur Marie-France Le Heuzey (1), pédopsychiatre à l’hôpital Robert-Debré, avant de rappeler que ce phénomène a été décrit pour la première fois aux États-Unis en 1941. Peur de recevoir un énième zéro en maths, de ne pas être à la hauteur des espérances de ses parents, de se faire malmener par ses camarades de classe, d'être agressé durant le trajet… les raisons susceptibles de générer cette angoisse ne manquent pas. Souvent, cependant, la phobie scolaire dissimule quelque chose de beaucoup plus inconscient : un trouble anxieux de la séparation.
Malaises et scarifications
Aujourd’hui secrétaire de l’association Phobie Scolaire, Eudoxie peut en témoigner : « J’ai longtemps rendu les moqueries, insultes et coups reçus au collège qui ont été responsables de mon décrochage. Avec le recul, j’ai compris que c’était seulement les arbres qui cachaient la forêt. » En cherchant dans son passé, cette femme de 27 ans a découvert que sa peur de l’école était en réalité liée au décès accidentel de son parrain, décès survenu lorsqu’elle avait deux ans. « Un jour, en passant près du lieu de l’accident, mon père m’a dit : "C’est contre un arbre comme celui-là qu’il est mort." Cette phrase m’a fait l’effet d’un électrochoc. J’ai réalisé qu’il pouvait arriver la même chose à ma famille. À partir de ce moment-là, j’ai été paniquée à l’idée d'être séparée d’elle et extrêmement anxieuse dès que j’en étais éloignée », se souvient-elle.
À écouter les profs, Céline jouait la comédie !
Terrible pour les enfants qui paniquent littéralement à l’idée de franchir le portail de l’école, cette situation le devient aussi pour leurs parents qui ne savent pas comment réagir. « Au début, je n’ai pas compris pourquoi ma fille séchait les cours. Il a fallu qu’elle se scarifie et multiplie les malaises pour que j’arrête de faire l’autruche », raconte Peggy. À la décharge de cette mère célibataire, le personnel enseignant ne l’a pas vraiment soutenue. « Personne n’a évoqué l’hypothèse d’une phobie scolaire. À écouter les profs, Céline jouait la comédie ! Je n’avais qu’à m’armer de patience jusqu’à ce qu’elle arrête ses conneries ! » se souvient-elle. Les seuls professionnels qui trouvent un peu de grâce aux yeux de cette mère en colère sont les éducateurs. « Ils m’ont conseillé de l’orienter vers un Ciapa (centre interhospitalier d’accueil permanent pour adolescents). Elley a été internée plusieurs jours », raconte-t-elle. Pour le reste, Peggy s’est débrouillée toute seule : « Je l’ai inscrite au lycée autogéré de Paris. Ça a marché un temps. » Totalement déscolarisée aujourd’hui, sa fille de 18 ans fait du baby-sitting tout en essayant de se mettre à niveau en informatique dans l’espoir d’intégrer l'école 42 créée par le magnat d'Internet, Xavier Niel.
Estime de soi entamée
Un épilogue d’autant plus consternant que des solutions existent pour sortir les jeunes de l’enfer de la phobie scolaire. Le guide Souffrances psychiques et troubles du développement chez l’enfant et l’adolescent, destiné aux infirmiers et aux assistants de service social de l’Éducation nationale, rappelle que le médecin scolaire peut orienter l’adolescent vers une structure spécialisée. Sur place, le diagnostic pourra être établi et une prise en charge permettra d'envisager le retour progressif de l'enfant à l’école. À écouter le docteur Le Heuzey, cette prise en charge doit être faite sans tarder. « Plus l’enfant manquera l’école et plus il aura du mal à retourner en classe », affirme cette pédopsychiatre qui déconseille le recours aux études par correspondance, via le Cned par exemple. « Il faut également beaucoup le rassurer », complète Geneviève Letellier, proviseure adjointe et directrice de l’unité Soins-Études de l’académie de Grenoble.
La raison : la phobie scolaire entame profondément le capital d’estime de soi. « Ces jeunes n’ont perdu ni leur capacité de faire, ni leurs connaissances. Les parents doivent absolument redonner confiance à leur progéniture, tant pis si dans le même temps ils doivent faire le deuil de leurs projections parentales », insiste-t-elle. Elle rappelle par ailleurs que les enfants, qu’ils souffrent ou non d’un trouble anxieux de la séparation, ne sont pas tous des machines de guerre taillés pour résister à la pression élitiste de certaines écoles. En clair : en finir avec la phobie scolaire se résume parfois à un simple changement d’orientation…
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