Dernière ligne droite avant la probable destitution de Dilma Rousseff

By Rédaction en ligne août 31, 2016 564

Ni l'avocat de la défense ni celle de l'accusation n'ont pu retenir leurs larmes

 

Le procès en destitution de la présidente du Brésil Dilma Rousseff a pris une tournure théâtrale mardi au Sénat, avant un vote historique mercredi qui devrait mettre fin à 13 ans de gauche dans le pays.

Au cinquième jour de ce procès, ni l'avocat de la défense ni celle de l'accusation n'ont pu retenir leurs larmes en évoquant la dure bataille politique durant depuis des mois entre pro et anti-destitution.

Le motif officiel de cette destitution annoncée? Le maquillage des comptes publics pour camoufler l'ampleur du déficit, via un tour de passe-passe faisant incomber certains frais à des banques publiques, et l'approbation de trois décrets engageant des dépenses sans le feu vert du Parlement.

Mais en réalité, Dilma Rousseff est attaquée "pour avoir osé remporter une élection qui contrariait les intérêts de ceux qui voulaient changer le cap du pays et ne pas avoir empêché la poursuite des enquêtes sur la corruption au Brésil", a affirmé l'ex-ministre de la Justice José Eduardo Cardozo, défendant la première femme élue à la tête du Brésil en 2010.

 

La destituer serait "une peine de mort politique", a-t-il clamé, car alors l'ex-guérillera de 68 ans serait interdite de toute fonction politique pendant huit ans.

Son départ marquerait aussi le point final à quatre gouvernements consécutifs du Parti des travailleurs (PT) au Brésil, depuis 2003.

L'avocate de l'accusation Janaina Paschoal a elle assuré que Mme Rousseff avait commis des "crimes de responsabilité" en maquillant les comptes pour minimiser la crise historique frappant la première économie d'Amérique latine.

"La destitution est un remède constitutionnel auquel nous devons recourir quand la situation devient particulièrement grave et c'est ce qui s'est passé", a-t-elle dit, n'hésitant pas à invoquer Dieu dans sa plaidoirie.

"C'est Dieu qui a fait en sorte que plusieurs personnes en même temps se soient aperçu de ce qui se passait dans le pays".

Elle a conclu en larmes en demandant pardon pour "la souffrance" qu'elle a causée à Mme Rousseff.

Après une pause déjeuner, les sénateurs chargés d'instruire ce procès, sous la direction du président du Tribunal suprême fédéral (STF) Ricardo Lewandowski, ont commencé à prendre la parole, disposant chacun de dix minutes pour s'exprimer, avec 66 inscrits pour le faire.

Dramatique, le sénateur dissident du PMDB (centre droit), Roberto Requiao, a demandé aux parlementaires "s'ils étaient prêts pour la guerre civile" en cas de destitution car "le peuple brésilien qui a connu le goût de l'ascension sociale ne retournera pas facilement à la 'senzala' (la maison des esclaves, ndlr)".

Quant au sénateur Ataides Oliveira du PSDB (droite), parti éclaboussé comme la majeure partie de l'élite politique par le scandale de corruption Petrobras, il a prédit d'un air solennel : "Demain (mercredi) le Brésil sera rendu aux Brésiliens et sortira des griffes de ce parti corrompu" (le PT).

(Avec agence)

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