Analyse: Macron banni à gauche, honni à droite?

By Rédaction en ligne août 31, 2016 541

L'envol de Macron est-il vraiment une mauvaise nouvelle pour un François Hollande candidat?

 

En deux ans, il a accompli l'impensable: être propulsé ministre de l'Economie à l'aune de sa carrière politique, bâtir un mouvement d'alternative non partisan et ringardiser une classe politique et un clivage droite-gauche qui ont façonné l'histoire politique française depuis la Révolution.

Emmanuel Macron, l'ovni créé par François Hollande, n'a pas de temps à perdre et c'est le message qu'il a voulu faire passer en claquant la porte du gouvernement mardi. Sa marche vers l'Elysée a bien démarré même s'il traîne à officialiser sa course pour 2017.

Celui qui refuse toute étiquette s'évertue à brouiller les pistes: après avoir lancé un "l'honnêteté m'oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste" il y a quelques semaines, il rectifie le tir au JT de TF1 en disant "être de gauche" quelques heures après sa démission.

Refusant de se déclarer officiellement candidat à la présidentielle, il multiplie toutefois les allusions à 2017, en insistant sur la nécessité de renouveler l'offre politique et "dépersonnifier" la fonction présidentielle.

Il emploie d'ailleurs le terme "nous" à cet effet: comme si sa potentielle candidature serait celle d'un groupe, d'un "tout" uni, et non d'un seul candidat. Du jamais vu.

Si sa démission peut s'apparenter de prime abord à une claque à François Hollande à huit mois de la fin de son mandat, l'ex-conseiller du président ne cesse pourtant de répéter "le respect qu'il a pour le président de la République" et sa reconnaissance, comme pour lui témoigner de sa loyauté même après avoir quitté le navire, au bord du naufrage.

Trahison ou aubaine? L'envol de Macron est-il vraiment une mauvaise nouvelle pour un François Hollande candidat? Pas si sûr.

A y regarder de près, la démarche de l'ex-ministre pourrait même jouer en faveur du président.

En effet, si l'ex-ministre est parvenu à créer l'emballement médiatique autour de lui et son mouvement, a-t-il pour autant la stature d'un potentiel chef d'Etat? François Hollande a des raisons d'en douter: ses soutiens politiques sont assez faibles et son "désaveu" du parti socialiste pourrait lui coûter cher à gauche.

Difficile donc d'imaginer une course à la présidentielle en dehors des partis traditionnels, de surcroît pour un candidat jamais passé devant les électeurs.

Macron banni à gauche, honni à droite?

L'aubaine pour François Hollande réside dans le potentiel réservoir de voix de droite que pourrait "voler" Macron à un Sarkozy ou un Juppé candidats.

En effet, les liens du "prince de Bercy" avec les mondes de l'entreprise et de la finance ont de quoi inquiéter les ténors de la primaire des Républicains, plus que le parti socialiste, dont une grande partie des électeurs méprisent l'ex-banquier.

François Hollande peut ainsi espérer que loin de constituer une entrave à sa candidature, Macron vient au contraire de lui ouvrir la voie.

Le suspense devrait durer jusqu'en décembre, l'échéance que s'est fixée le chef de l'Etat pour lever le voile sur ses intentions.

Une chose est sûre, l'émancipation de Macron et le renouveau qu'il incarne, redistribuent les cartes pour 2017.

 

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