Shimon Peres entre la vie et la mort

By Rédaction en ligne septembre 14, 2016 1030

L'ex-président israélien et Prix Nobel de la paix restait mercredi dans un «état stable mais grave».

 

«Il y a un infirmier dans les environs ? Je ne me sens pas bien.» Telle est la dernière phrase prononcée mardi dans l’après-midi par Shimon Peres (93 ans) au sortir d’une rencontre avec des dirigeants de la high tech israélienne. Emmené d’urgence à l’hôpital Sheba de Tel-Aviv, l’ex-président de l’Etat hébreu y a été victime d’un accident vasculaire cérébral alors même que les médecins commencaient à l’examiner.

Selon ses proches, l’état de celui qui passe pour le dernier père fondateur de l’Etat hébreu encore vivant est «critique mais stable». Il réagit aux stimuli et a été endormi afin de ne pas aggraver la situation. Mais le pronostic des spécialistes est réservé. En tout cas, en supposant qu’il surmonte cette épreuve, il en sortira diminué. Et sa convalescence prendra de longs mois. «Peres lutte pour sa vie», titraient d’ailleurs ce mercredi matin les trois principaux quotidiens populaires israéliens, qui ne croient pas aux miracles. Quant aux radiotélévisions, leurs flash et émissions spéciales décortiquent les différentes étapes de sa vie comme s’il avait déjà rendu son dernier souffle.

«On fait de notre mieux mais il ne faut pas se bercer d’illusions : nul ne sait encore ce qui va se passer. Nous demandons au peuple d’Israël  d’avoir une pensée pour lui», a déclaré le directeur de l’hôpital Sheba au cours de l’un des «point-presse» organisé d’heure en heure depuis mardi.

 

«Personne ne lui arrive à la cheville»

Entré en politique à l’âge de 18 ans, alors que l’Etat hébreu n’avait pas encore été créé, Shimon Persky, dit Shimon Peres, n’a jamais arrêté depuis lors. Pour les Israéliens qui ont entendu parler de lui depuis plus de soixante ans, il fait donc partie du cadre de vie. «Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il faut reconnaître que Peres est un monument de l’histoire d’Israël. C’est un géant de la politique qui bénéficie d’un statut à part parce qu’il incarne ce pays à lui tout seul. De gauche ou de droite, personne ne lui arrive à la cheville, explique le chroniqueur Dan Margalit. C’est pour cela que l’annonce de son hospitalisation à causé un choc dans l’opinion israélienne, y compris dans les milieux extrémistes qui le considèrent comme un "traître" parce qu’il a, dans le courant des années 90, négocié les accords de paix d’Oslo avec l’OLP de Yasser Arafat.»

Censé partir à la retraite en juillet 2014, à la fin de son deuxième mandat présidentiel, Peres ne s’est jamais vraiment effacé. Il a continué à accorder des interviews, à rencontrer des personnalités étrangères de passage et à donner son avis – très critique – sur la politique de Benyamin Nétanyahou. Certes, ses gestes étaient devenus plus lents. Sa voix, moins audible. Malgré des ennuis de santé récurrents, parmi lesquels des problèmes d’arythmie cardiaque, il a continué à vouloir occuper le devant de la scène.

Peu avant d’être emmené à l’hôpital, il avait d’ailleurs figuré dans une vidéo appelant à acheter des produits israéliens «parce que c’est patriotique et de qualité». Son entourage prie désormais pour que cette séquence ne soit pas diffusée à titre posthume.

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