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Touwensa (Agences).Mokhtar TRIKI
Les climatologues n'ont toujours pas établi de lien formel entre cyclones et réchauffement climatique, mais ils s'attendent à des phénomènes de plus en plus violents liés à la montée de la température des océans.
Au moment même où les Philippines comptaient leurs morts, dont le total pourrait dépasser les 10.000 après le passage du typhon Haiyan, la 19e conférence de l'ONU sur le changement climatique s'ouvrait lundi à Varsovie: plus de 190 nations épaulées par une armée d'experts forts de très peu de certitudes.
L'étude des cyclones manque cruellement, il est vrai, de "bases de données assez homogènes car il n'y avait pas de satellites avant les années 70", fait remarquer Fabrice Chauvin, chercheur au Centre national de recherches météorologiques, à Toulouse.
"Nous manquons de recul", confirme à l'AFP Hervé Le Treut, professeur à l'Université Pierre et Marie Curie, à Paris Jussieu, spécialiste notamment de la modélisation numérique du système climatique.
Le dernier point international sur le réchauffement date de septembre 2013, quand le Groupe d'experts sur l'évolution du climat (Giec), mandaté par l'ONU, a rendu publique une partie de son dernier rapport.
Férus de termes mesurés, adeptes de la périphrase prudente, ces experts ont quand même convenu qu'il était "virtuellement certain que la surface supérieure de l'océan s'est réchauffée de 1971 à 2010".
Ce réchauffement est évalué à environ 0,1 degré Celsius par décennie pour les 75 mètres proches de la surface, jusqu'à 0,015°C à moins 700m.
Un constat soutenu par trois méthodes indépendantes d'observation, qui permettent aux climatologues d'estimer "vraisemblable que la partie supérieure de l'océan se soit réchauffée aussi durant la première moitié du 20e siècle".
Ce réchauffement est-il dû aux activités de l'Homme ? Est-il supérieur à la "variabilité naturelle" de la planète ? le débat reste ouvert, mais dès son rapport de 2007, le Giec estimait "probable", sur la base de modélisations, que les cyclones soient à l'avenir plus intenses et plus pluvieux.
"Source d'énergie"
Paradoxalement, Fabrice Chauvin fait d'abord remarquer que ces mêmes modélisations informatiques pointent vers un nombre plus restreint de cyclones, pour des raisons différentes, liées à l'atmosphère, avec notamment des vents moins homogènes.
"Mais quand il y en aura, il y aura des phénomènes plus intenses en termes de précipitations", ajoute-t-il.
"Comme les températures de surface des océans sont plus élevées, cela va alimenter une source d'énergie plus importante pour les cyclones. Il y aura donc une tendance à avoir des cyclones un peu plus violents", explique-t-il à l'AFP.
"Une température plus importante à la base, cela va alimenter un phénomène plus fort d'évaporation et donc davantage de pluies disponibles", croit-il.
"On peut penser qu'effectivement, on a une mécanique qui peut favoriser des cyclones puissants", estime aussi Hervé Le Treut.
"Il existe une tendance au réchauffement (des océans) et une augmentation de l'intensité des cyclones fait partie des risques", ajoute-t-il.
Lui aussi s'attend à davantage de précipitations. "S'il fait plus chaud, on a davantage d'eau dans l'atmosphère et de manière générale, on peut s'attendre à avoir des intensités de pluie plus fortes dans un monde plus chaud".
Le typhon Haiyan, le plus violent à avoir jamais touché la terre ferme, donnera en tout cas à réfléchir à la conférence de Varsovie qui doit lancer deux années de négociation pour déboucher en 2015, à Paris, sur un accord global contraignant de réduction des gaz à effet de serre, à l'origine du réchauffement, qui entrerait en vigueur à partir de 2020.
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