Talamith Ghaza / Elèves de Ghaza

Touwensa- A l’approche de l’Année Scolaire, je dédie aux Enfants de la Pierre ce beau poème de Nizar Kabani, intitulé : « Talamith Ghaza ». Mais, je reconnais au passage que la beauté du texte /poème initial transcende, sans contexte, les velléités de traduction dans d’autres langues. La force du verbe et le choix des images, nous offrent des métaphores éloquentes qui distinguent ce feu poète, subversif et anticonformiste.

Comme dans beaucoup d’autres poèmes, il excelle, avec audace et un franc-parler, presque inégalé, dans l’art d’exprimer les sentiments de frustration, d’injustice et d’ignominie. Il nous enseigne, tout simplement, que les mots aident à pestiférer contre la fourmilière humaine hétéroclite et le sceau de la honte.
 

Toutefois, permettez-moi de m’inscrire en faux contre les aspects qui vantent la violence. Puisque, je crois, profondément à la paix et au dialogue.
 

Enfin, sans trop tarder, je vous laisse savourer ce poème, vraiment d’actualité.
 

Ô, élèves de Ghaza, enseignez-nous un peu de votre savoir, car nous autres, avons oublié.
 

Apprenez-nous à être des hommes.
 

Puisque chez-nous, les hommes sont transformés en argile.
 

Montrez-nous comment la pierre, devient, entre les mains des enfants, une émeraude.
 

Comment la bicyclette de l’enfant devient une mine, et la fibre de soie se tisse en embuscade.
 

Comment le biberon de lait, s’il est confisqué, se mue en couteau.
 

Ô, élèves de Ghaza, n’ayez cure, de nos médias et ne nous écoutez point.
 

Frappez, frappez de toutes vos forces.
 

Prenez garde et ne nous demandez rien.
 

Nous, nous sommes des gens de calculs et de supputations, enclins à additionner ici et à soustraire là.
 

Partez en guerre et laissez-nous.
 

Nous autres, sommes objecteurs de conscience.
 

Préparez vos cordes et pendez nous.
 

Nous sommes des morts sans sépulture et des orphelins sans yeux.
 

Nous, nous sommes enterrés dans des trous à rats.
 

Et nous vous avons demandé de combattre le dragon.
 

Ô, élèves de Ghaza, ne vous référez jamais à nos écrits et abstenez-vous de nous lire.
 

Nous sommes vos ancêtres, ne nous ressemblez pas.
 

Nous sommes vos idoles, ne nous vénérez guère.
 

Nous, nous livrons à la drogue politique et à l’oppression.
 

Nous érigeons des tombes et des prisons.
 

Affranchissez-nous du complexe de la peur qui nous hante.
 

Et chassez l’opium de nos têtes.
 

Initiez-nous l’art de nous cramponner à la terre, et ne laissez jamais le Christ désappointé.
 

Ô, nos chers petits, paix sur vous !
 

Que Dieu eu baume votre existence de jasmin !
 

Des fissures de la terre ruinée, vous avez planté du myrte sur nos blessures.
 

Telle est la révolte des annales et de l’encre.
 

Alors, soyez une partition sur les lèvres.
 

Gavez-nous de triomphes et portez nous au pinacle.
 

Lavez-nous de notre laideur, lavez-nous !
 

Ne craignez ni moïse, ni son grigri et préparez-vous à cultiver les olives.
 

Certes, cette époque des Juifs est une illusion, qui disparaîtra, si nous nous armons de certitude et de foi.
 

Ô, fous de Ghaza.
 

Que les fous soient les bienvenus !
 

S’ils sont à même de nous libérer.
 

Les temps de la sagesse politique sont révolus.
 

Alors, apprenez-nous à être fous.
 

Ali ben Amor Zouaoui
 

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