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La Turquie a intensifié ses opérations sur le sol syrien et vise tout autant le groupe Etat islamique que les rebelles kurdes.
Le bourbier syrien n'en finit plus de se complexifier. Depuis le 25 août dernier et le lancement de l'opération "Bouclier de l'Euphrate", la Turquie attaque le groupe Etat islamique (EI) tout autant que les rebelles kurdes, qu'elle identifie sous le même nom : "terroristes". L'armée turque, qui s'est enfoncée plus en profondeur en territoire syrien pendant le week-end, a annoncé le 28 août avoir tué "25 terroristes" près de Djarablous, au nord de la Syrie.
Selon les autorités turques, ces combattants étaient liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et au Parti de l'Union démocratique (PYD), le principal parti kurde de Syrie. De son côté, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui s'appuie sur un large réseau de sources en Syrie, a signalé la mort d'au moins 41 civils et 70 blessés dans des bombardements turcs autour de Djarablous. Ankara a démenti ces chiffres.
Washington juge les affrontements "inacceptables"
Ces affrontements ont provoqué une réaction virulente de la part des Etats-Unis. Alors que Washington avait donné son feu vert à l'opération turque, les Américains estiment ce vendredi 29 août que les combats entre Turquie et les forces arabo-kurdes sont "inacceptables" et appellent les deux camps à cesser le combat.
"Nous suivons de près les informations faisant état de combats (...) entre les forces armées turques, des groupes de l'opposition (pro-Ankara, ndlr) et des unités affiliées aux Forces syriennes démocratiques (FDS)", a annoncé le Pentagone dans un communiqué obtenu par l'Agence France Presse lundi. Il se référait aux FDS, une alliance anti-djihadiste soutenue par les Américains et dominée par les Kurdes mais qui comprend également des combattants arabes.
L'enjeu de l'Euphrate
Loin du terrain, la situation se complique entre Turcs, forces pro-Kurdes et Américains au niveau diplomatique. Washington a demandé la semaine dernière aux forces pro-Kurdes d'abandonner la zone à l'ouest de l'Euphrate. Une demande reprise par les Turcs, pour qui "les YPG doivent repasser à l'est de l'Euphrate dès que possible, et tant qu'ils ne le feront pas ils (resteront) une cible", a affirmé Mevlüt Cavusoglu, le ministre des Affaires étrangères turc.
Problème : les Kurdes nient être présents à l'ouest du fleuve et plus particulièrement dans la ville de Manbij. La ville a été reprise le 12 août dernier aux djihadistes de l'EI par les Forces démocratiques syriennes. Ce lundi, les Turcs affirment que des renforts de Kurdes ont été aperçus pour ravitailler la ville. "Il y a des renforts, mais pas des YPG. Parce que les YPG sont à l'est de l'Euphrate", a dit à l'agence Reuters le directeur du centre de presse du Rojava, Ibrahim Ibrahim.
Bisbilles diplomatiques
Redur Xelil, porte-parole en chef des YPG, a été aussi catégorique : "Il n'y a absolument aucun renfort militaire des YPG en cours de transfert vers Manbij", a-t-il dit à Reuters. "Les affirmations de la Turquie qui dit combattre les YPG à l'ouest de l'Euphrate n'ont pas la moindre once de vérité et ne sont qu'un prétexte fragile pour étendre son occupation en territoire syrien", a-t-il ajouté.
Washington est également allé dans le sens des Kurdes, en affirmant que les milices YPG étaient revenues à l'est de l'Euphrate, conformément à ce que demande le gouvernement turc, a indiqué un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat.
La Turquie accuse les Kurde de "nettoyage ethnique"
Avant ces déclarations, la Turquie n'a pas hésité à remettre de l'huile sur le feu en accusant le YPG de "nettoyage ethnique". "Dans les endroits où il se rend, le YPG force tout le monde à migrer, y compris les Kurdes qui ne pensent pas comme lui, et procède à un nettoyage ethnique", a déclaré Mevlüt Cavusoglu lors d'une conférence de presse.
Au milieu de ces joutes diplomatiques, le conflit syrien doit donc compter sur un troisième acteur international, après les Etats-Unis et la Russie. Et ce alors que cette dernière estimait en février 2016 que toute intervention étrangère en Syrie pourrait provoquer "une guerre mondiale".
Source AFP, Reuters
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