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Les prévisions tunisiennes de croissance économique ont été fortement revues à la baisse la semaine dernière, reflétant le coût des agitations politiques actuelles et des préoccupations sécuritaires.
"Il a été décidé de revoir pour la seconde fois la croissance du PIB en Tunisie, après une première baisse de 4,5 à 4, pour l'établir à 3,6 pour cent pour l'ensemble de l'année 2013, au vu de la situation économique difficile que connaît le pays", a annoncé le ministre des Finances Elyes Fakhfakh vendredi 30 août.
Il a souligné "l'important volume des subventions, notamment pour les carburants, qui ont eu un fort impact sur les ressources de l'État depuis 2011".
"Le gouvernement s'efforce de trouver une solution radicale à la question des subventions sur les carburants et les produits de base, en les canalisant vers leurs bénéficiaires directs", a ajouté le ministre.
Standard & Poor’s (S&P) avait déjà abaissé la note de crédit souverain de la Tunisie, la faisant passer de BB- à B.
"Nous constatons que la légitimité populaire des institutions transitoires tunisiennes fait l'objet de critiques de plus en plus fréquentes, mettant en danger l'accord sur une nouvelle constitution, la tenue des élections et la mise en place de réformes économiques favorables à la croissance", avait indiqué l'agence de notation le 16 août.
"De plus, l'augmentation des menaces terroristes perçues pourrait menacer le tourisme, qui reste un pilier de l'économie tunisienne, ainsi que les investissements nationaux et étrangers", avait ajouté S&P. Le PIB devrait également baisser à 1,4 pour cent, avait précisé l'agence.
"La situation économique qui prévaut aujourd'hui en Tunisie est très difficile, si ce n'est catastrophique", a expliqué à Magharebia l'expert en économie Mouez Joudi.
Il a imputé cette situation au manque de sécurité et de stabilité politique dans le pays.
"La valeur du dinar tunisien a chuté de dix pour cent entre juillet 2012 et juillet 2013, ce à quoi viennent s'ajouter une inflation qui a atteint 6,5 pour cent en 2013 et un déficit commercial qui atteignait 5,5 milliards de dinars fin juillet 2013", a-t-il souligné.
Les citoyens tunisiens déclarent ressentir les effets de cette situation.
"L'augmentation continue des prix des produits de base est le signe manifeste de la difficile situation économique dans laquelle nous vivons", a expliqué Mouna el-Mahdi, une habitante de Tunis.
"Mon salaire mensuel et celui de mon mari ne suffisent plus à couvrir les dépenses du ménage et des enfants. C'est cela qui nous fait le plus peur pour l'avenir proche", a-t-elle ajouté.
Mostafa Dalleji, jeune homme de 33 ans au chômage, était optimiste après la révolution, mais désespère aujourd'hui de trouver un emploi, et il envisage d'émigrer.
Emna Rouissi s'attend pour sa part à voir la situation s'améliorer. "Cette phase est seulement passagère. Je suis sûre que nous surmonterons ces difficultés et que la Tunisie sera meilleure qu'auparavant."
"Mais nous n'y parviendrons qu'en unissant nos efforts, en nous débarrassant des rancœurs politiques et en faisant de la Tunisie notre premier et dernier objectif", a-t-elle ajouté..
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