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La cellule de crise présidée par Mehdi Jomaâ a annoncé dimanche une série de mesures fortes et radicales, qui s’inscrivent dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Avec ces mesures, le locataire de la Kasbah siffle la fin de la récréation et semble reprendre concrètement les choses en main, pour mettre un terme au laxisme qui a prévalu lors de ces dernières années, au nom de la liberté, et qui a beaucoup aidé à faire fleurir le fléau terroriste dans nos contrées.
Jomaâ donne ainsi suite à son discours de jeudi dernier, au lendemain du double-assaut meurtrier contre deux points de contrôle à Chaâmbi, s’étant soldé par 15 martyrs, parmi nos valeureux soldats. Il donne de la substance aux deux priorités qu’il a dit s’être fixé pour le reste de son mandat : la réussite du processus transitoire, (par l’organisation des élections), et la lutte contre le terrorisme.
Les mesures dévoilées hier, s’agissant de la fermeture des mosquées et des radios, ont suscité des grincements de dents, et certaines voix se sont élevées pour dénoncer une violation de la constitution et une atteinte aux libertés. Ces critiques ne semblent pas néanmoins tenir compte de la conjoncture critique et exceptionnelle que traverse la Tunisie, engagée dans une véritable guerre contre le terrorisme. Cette guerre ne se fait pas uniquement sur les fronts sécuritaire et militaire, mais aussi en privant ces groupes armés de l’assise sociale dont ils se nourrissent, et des soutiens, tous types confondus, qui cherchent à en faire l’apologie et à en légitimer les actes criminels.
Bien entendu, des mesures comme celle de la fermeture des mosquées sont de nature à heurter la conscience collective, il aurait mieux valu que les mosquées confisquées par les tenants de la pensée extrémiste, soient affranchies par la force publique, et que des responsables désignés par les autorités y soient installés ; les mosquées étant des espaces publics qui relèvent de la tutelle de l’Etat.
La particularité du contexte exige en revanche de fermer l’œil sur certains excès et de soutenir le gouvernement. Les forces vives de la société sont tenues, chacune de sa position, de s’inscrire dans cette guerre nationale, qui dans la propagation des vrais préceptes et valeurs de l’Islam, qui dans la sensibilisation des jeunes et leur préservation contre cette doctrine maléfique, et qui dans l’incitation à la concorde et à l’unité nationale, indispensables pour faire barrage aux groupes armés qui tirent leur force de la division et de la fragilisation du tissu social qui en découle. Ce n’est plus le temps de la parole, c’est celui de l’engagement et de l’action. Un effort collectif dont est tributaire l’instauration d’un climat apaisé et propice à la tenue d'élections démocratiques et transparentes, conformément au vœu de tous.
S’agissant du terrorisme, on a laissé pourrir la situation, à notre corps défendant. L’Etat a démissionné de facto depuis 2011, et son autorité a subi un sacré coup, ce qui a laissé le champ libre aux groupes terroristes de faire entrer des armes et de prendre pied dans nos villes et montagnes.
Dans la dynamique postrévolutionnaire, tout était permis au nom de la liberté. Or, autant elle est une bénédiction, la liberté peut se transformer en malédiction si elle est utilisée à des fins malveillantes. Après un laisser-aller subi, et contre lequel on ne pouvait pas grand-chose, le retour de l’Etat se fera forcément par la fermeté et la rigueur. Les mesures prises, à l'instar de celles annoncées dimanche, pourraient être perçues comme étant des dérives autoritaires et une manière de renouer avec la répression. Il n’en est rien, pour une raison simple que ce gouvernement est provisoire ; seuls quelques mois nous séparent de la fin de sa mission. L'effet de ses décisions est temporaire, et ne concerne qu'une courte période dans l’espoir de la voir couronner par un scrutin libre et démocratique, générateur de stabilité. Il n’y a pas donc besoin de crier au loup.
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