Les Tunisiennes se refont une virginité

By Lobna Ben Ismail octobre 14, 2014 705

Selon Nédra Ben Smaïl, la chirurgie réparatrice de l’hymen, pour “rétablir” la virginité avant le mariage, explose en Tunisie

Dans Vierges ? La Nouvelle Sexualité des Tunisiennes, la psychanalyste Nédra Ben Smaïl estime qu’un nombre grandissant de femmes ont recours à une chirurgie réparatrice de l’hymen avant le mariage.
 

Cela coûte entre 600 et 1000 dinars, soit entre 300 et 500 euros. Si la pratique existe depuis plusieurs décennies, elle aurait explosé depuis la Révolution de jasmin de décembre 2010. De plus en plus de Tunisiennes demanderaient à se faire recoudre l’hymen avant le mariage. « 20 % seraient des “vraies vierges” et plus des trois-quarts seraient des “vierges médicalement assistées” », écrit la psychanalyste Nédra Ben Smaïl dans son livre, se basant sur des entretiens réalisés auprès de gynécologues et des centaines de témoignages anonymes. Les Tunisiennes se marient de plus en plus tard, aux alentours de 30 ans, à cause de leur difficulté à rencontrer « un mari », mais aussi parce qu’organiser un mariage coûte cher, dans un pays où la situation économique des jeunes est très difficile. En janvier 2011, 30 à 35 % des jeunes diplômés tunisiens étaient au chômage.
 

Nédra Ben Smaïl explique que « l’institution matrimoniale, qui est pourtant bien ancrée dans la société tunisienne, recule devant le célibat, devenu un véritable phénomène de société. [Cela témoigne] autant de la transition démographique que du malaise d’une culture en crise de mutation. »Si les mœurs évoluent, reste qu’il faut continuer à sauver les apparences et assurer la garantie d’une respectabilité. Selon une étude réalisée en 2005 par l'hôpital psychiatrique Razi de Tunis, 83,7 % des Tunisiens estiment qu'une femme doit préserver sa virginité jusqu'au mariage. De nombreuses Tunisiennes dénoncent l’hypocrisie des hommes, qui recherchent, eux aussi, une vie sexuelle avant le mariage. « Même s’ils choisissent très rarement d’épouser celles avec qui ils auraient couché avant », note Lilia Blaise, la journaliste de Slate Afrique. L’hyménoplastie permet donc d’effacer les stigmates de sa vie de femme célibataire et arrange hommes, femmes, familles et société. Plusieurs hauts responsables du gouvernement ont appelé récemment à des mesures pour décourager les rapports sexuels hors du mariage. La chasteté ou le bistouri, telle est l'alternative des Tunisiennes de 2012.
 

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