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L’information est tombée comme un couperet : Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari, journalistes tunisiens retenus en otages depuis plus de 120 jours en Libye, auraient été exécutés par la branche libyenne de l’organisation terroriste l’Etat islamique (Daech). Incompréhension, colère, tristesse, les mots ne suffisent guère pour exprimer l’horreur. Nos compatriotes assassinés? Face au doute et aux informations contradictoires quant à l’authenticité des faits, on ne peut que se sentir impuissant et garder quand bien même une lueur d’espoir.
L’annonce de l’exécution a été relayée en premier lieu sur les réseaux sociaux. Un communiqué du groupuscule de l’Etat islamique dans la région libyenne de Berga relate l’assassinat de nos confrères, des photos ont également accompagné le communiqué, montrant Sofiane et Nadhir retenus par des hommes armés et cagoulés. Plusieurs médias nationaux et internationaux ont vite repris le contenu du communiqué. Toutefois, les sources restent contradictoires : d’aucuns confirment l'exécution, d’autres assurent que l’information est infondée.
La rumeur s’est propagée comme une trainée de poudre, devant le silence des autorités. En signe de solidarité, un rassemblement s’est improvisé devant le siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). Avec des visages fermés et graves, des journalistes, des militants de la société civile et des figures politiques cherchent à comprendre et recouper les données.
Le président du SNJT, Néji Bghouri, appelle au calme, nous signalant que les informations ne sont pas confirmées. Il précise que des contacts ont été établis avec des sources officielles et non officielles en Libye affirmant que les deux journalistes tunisiens sont encore en vie. Il ajoute que ces contacts se poursuivent afin de suivre l’évolution de la situation de nos confrères. Plus tard, il nous affirmera que le syndicat est en contact direct avec les ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur tunisiens, le ministère de la Communication libyen ainsi que des médias de la place. Aucun d’eux ne confirme l’exécution. M. Bghouri soupçonne par ailleurs, que cette affaire soit en lien avec l’attentat perpétré hier contre nos confrères français de Charlie Hebdo.
Entre-temps, la cellule de crise chargée du suivi de la situation sécuritaire en Libye s’est réunie en urgence avec des représentants des ministères de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères.
La cellule de crise a tenu, aujourd’hui jeudi 8 janvier 2015, une réunion d’urgence avec des représentants des ministères de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères, en vue d’examiner les informations circulant sur le meurtre de Sofiane et Nadhir. Dans un communiqué, le département des Affaires étrangères assure qu’il communiquera toutes les données concernant les journalistes en temps voulu. Le porte-parole du gouvernement, Nidhal Ouerfelli déclare, de son coté, que tous les efforts sont conjugués pour mettre au clair la situation.
Revenons en arrière, et rappelons les circonstances du kidnapping de nos confrères. Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari sont partis en Libye au début du mois de septembre 2014 pour réaliser un reportage dans l’Est de la Libye, plus précisément dans la région d’Ajdabia. Le journaliste et le caméraman préparaient ce reportage pour la nouvelle chaîne First TV, s’intéressant aux incidences de la crise libyenne sur la Tunisie. De violents combats déchirent en effet, toute la zone, où des factions ennemies se disputaient le pouvoir.
Le 3 septembre 2014, une source sécuritaire en Libye annonce l’enlèvement des deux journalistes, dans la ville de Brega. Les autorités tunisiennes contactent leurs homologues libyens afin de faire le nécessaire pour qu’ils recouvrent leur liberté au plus vite. Le ministère des Affaires étrangères entre en contact avec le chargé d’affaires libyen et le consul général de Libye en Tunisie, exprimant l’inquiétude des autorités tunisiennes et réclamant leur intervention auprès des ravisseurs pour la libération des deux Tunisiens. D’un autre coté, l’ambassadeur de Tunisie en Libye a été chargé d’établir des contacts sur place. Trois jours plus tard, le 7 septembre, ils sont libérés. On a pu recevoir une communication venant de Sofiane Chourabi où il explique que les ravisseurs les ont séquestrés pour une soi-disant, absence d’autorisation de travail officielle. Chourabi a également confirmé que leurs papiers et matériels leur ont été rendus, et qu’ils n’ont subi aucun mauvais traitement. Cependant, nos confrères seront séquestrés, à nouveau le 8 septembre, par une milice non identifiée à Ajdabia.
Depuis, les quelques informations disparates qu’on a pu accueillir et qui ont été communiquées par le département des Affaires étrangères, ne donnaient rien de concordant, mais laissaient tout de même une place à l’espoir. On se doit de continuer à espérer pour nos confrères, pour leurs familles qui doivent souffrir le martyre. On a pointé du doigt un certain manque de communication des autorités tunisiennes. Les circonstances troubles du kidnapping n’ont pas été élucidées. Les quelques communiqués venant du ministère des Affaires étrangères, font état que les journalistes sont toujours en vie, tout au plus. Aucune information sur le lieu de la détention, les ravisseurs et les raisons de l’enlèvement n’ont été communiqués. S’ajoute à cela la situation sécuritaire chaotique en Libye, où des régions entières sont contrôlées par des milices armées, rendant la négociation de plus en plus difficile et les informations de plus en plus rares.
Aujourd’hui, Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari, citoyens tunisiens et journalistes maintenus en otage alors qu’ils exerçaient leur profession, sont en danger. En dépit des démentis, on ne peut s’empêcher de retenir le souffle, en attendant des informations émanant de sources sûres. Espérons que nos confrères soient sains et saufs.
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