Tunisie. L'homosexualité ? N'en parlons pas !

L’association Shams pour la défense des LGBT est devenue légale le 18 mai dernier. Les réactions négatives à cette nouvelle ont foisonné et la levée de boucliers est loin d'être terminée. Le gouvernement risque de revenir sur une autorisation qu'il a lui-même délivrée.

“La création de l’association Shams pour la défense des droits des homosexuels n’a pas fini de susciter la polémique”, relève Business News dans une chronique intitulée : “En Tunisie, il vaut mieux être pédophile que homo”.

L’association Shams, qui lutte pour la dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie, a obtenu son visa légal le 18 mai, “après avoir mené ses activités sans autorisation pendant plus de 3 ans”, rappelle de son côté Kapitalis avant de souligner que “beaucoup de Tunisiens ont critiqué les autorités pour avoir autorisé une association ‘contre nature’ et qui ‘fait la promotion de l’homosexualité’. Certains ont même lancé une campagne de dénigrement contre l’association et les homosexuels en général.”

 

Atteinte aux valeurs de l’islam

Le site d'information tunisien rapporte les critiques qui ont notamment fusé de la part du parti islamiste Ennahda. “Nous devons respecter la loi et la loi interdit cette pratique”, a ainsi déclaré le 22 mai, Rached Ghannouchi, le président du parti. Alors qu'Abdellatif Mekki, ancien ministre de la santé et membre du bureau politique d’Ennahda, écrivait sur sa page Facebook que “l’homosexualité n’est pas un état normal dans la société”.

Même son de cloche de la part du mufti de la république, Hamda Saïed, considère l’homosexualité comme une atteinte aux valeurs de l’islam. Et  le 25 mai, un communiqué émanant de son cabinet a appelé les autorités à réexaminer la décision d’octroi du visa à cette association.

Kapitalis poursuit en relevant : “Certains internautes, ne sont pourtant pas du bord des islamistes ou des extrémistes religieux. Certains sont même des intellectuels prétendument progressistes.”

 

Le gouvernenemnt a peur

Pour Business News : “Le contexte tunisien revêt son lot d’hypocrisie. Le gouvernement, sous la pression, compte demander des comptes à cette association et évoque même une interdiction d’exercer. Par contre, il est complètement inerte quand on évoque la Charia et la mise en place d’un califat en Tunisie !” C'est le cas de Hizb Ettahrir, dont l'existence est légale et qui “exerce ses activités en toute liberté.”

Le site tunisien relève aussi que le parti de l'Ouverture et de la Fidélité, dont le dirigeant Bahri Jelassi est un fervent partisan de la polygamie et du mariage des filles dès l’âge de 13 ans, “non seulement n’a jamais été inquiété pour ses propos faisant clairement l’apologie de la pédophilie mais son parti bénéficie d’une existence légale et continue d’opérer.” Mais, “le gouvernement n’en a que faire et préfère s’acharner sur l’association Shams”, s'indigne Business News.

Et de s'inquiéter : “En fait, le gouvernement a fait le choix de s’attaquer à l’association Shams parce qu’il a peur. Le gouvernement actuel n’a pas les épaules pour faire face aux revendications populaires et pour se confronter ne serait-ce qu’à un pan de la société. De là, il est permis de s’interroger sur la capacité de ce gouvernement à faire respecter le contrat social. Si demain la polygamie ou la pédophilie devenaient une ‘revendication populaire’, comme est décrite la demande d’interdire l’association Shams, pourraient-elles être finalement autorisées pour ‘préserver la paix sociale’”?

 

 

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