Le nombre de journaux imprimés en Tunisie a régressé de 228 à 45 titres !

By www.touwensa.net octobre 18, 2015 378

Une étude réalisée par le journaliste Mongi Khadraoui, ancien SG du Syndicat national des journalistes tunisiens, a été présentée hier, jeudi 15 octobre 2015, à un panel de représentants d’organisations professionnelles et civiles réuni sur la révision du décret-loi 115 relatif à la presse et la liberté d’expression.

L’étude élaborée par M. Khadhraoui a planché sur le nombre de journaux (tous types confondus) qui existaient en Tunisie en 2011 et leur nombre actuel. On découvre ainsi que le nombre de titres a régressé de 229 journaux et magazines à une cinquantaine de journaux seulement. Mongi Khadhraoui dénombre les titres comme suit : En 2011, on avait 17 quotidiens, 5 bi-hebdomadaires, 103 hebdos, 11 bimensuels, 69 mensuels, 9 bimestriels, 12 trimestriels, 2 biannuels et un annuel. Parmi les titres, il y avait en 2011, quinze journaux de partis. En 2015, on a 11 quotidiens, 22 hebdos, 1 bimensuel, 8 mensuels, 2 bimestriels et un trimestriel. Quant aux journaux de partis, il n’en reste que quatre. M. Khadhraoui note qu’il n’a pris en considération que les journaux qui sont régulièrement vendus dans les kiosques. D’après les demandes des cartes de presse déposées, M. Khadhraoui conclut que 75% des journalistes exerçant dans ces 45 médias travaillent dans quatre maisons d’édition seulement, à savoir Dar Assabah (4 titres), Snipe La Presse (2 titres), Dar El Anwar (4 titres) et Le Maghreb (1 titre). Quant aux journaux électroniques, il en dénombre une vingtaine seulement en 2015 contre un nombre indéterminé, parce que trop élevé et non déclaré, en 2011. Par journal électronique, il entend un média disposant d’une équipe journalistique identifiée publiquement (par sa rubrique Qui sommes-nous), des articles propres à lui, un directeur, une entreprise éditrice en bonne et due forme et une adresse géographique mentionnée publiquement permettant aux lecteurs de s’adresser à l’équipe du journal en cas de réclamation.

 

La raison essentielle de cette régression est liée à l’exigüité du marché que ce soit en termes de lectorat ou d’annonceurs. Depuis un bon bout de temps, la Fédération tunisienne des directeurs de journaux essaie de sensibiliser, sans succès, les autorités publiques sur le danger de la disparition des journaux imprimés en Tunisie. La publicité demeure la principale, voire l’unique, source de revenus des médias en Tunisie (radios, télévisions et journaux). La part de l’investissement publicitaire pour la presse écrite (imprimée et électronique) est en baisse constante et atteint des proportions inquiétantes. D’après les chiffres de Sigma Conseil, l’investissement publicitaire pour la presse imprimée a chuté de 0,8% pour 20,3 MDT, alors que celui alloué pour l’internet (Presse électronique, sites web et FB), a connu la plus forte régression du secteur avec une chute de 8,9%. La part de marché de l’internet n’est que de 2,7% en Tunisie (alors qu’elle est supérieure à 25% dans certains pays développés) pour un CA global théorique de 5,2 MDT. Pour la presse imprimée, la part de marché est de 10,4% pour un CA de 20,3 MDT.

 

La Tunisie, en matière d’investissements publicitaires, demeure très éloignée des standards des pays développés. Alors que l’investissement sur internet est partout en hausse (il dépasse carrément la télévision dans certains pays), on voit qu’il est en baisse en Tunisie. Toujours selon les chiffres de Sigma, la part allouée par chaque citoyen à l’investissement publicitaire est de l’équivalent de 9 dollars en Tunisie, contre 20 dollars au Maroc, 42 dollars en Turquie, 197 dollars en France, 529 dollars aux USA et 734 dollars en Suisse. La conséquence de ce manque d’investissement publicitaire se reflète tout de suite et directement sur le chiffre d’affaires des entreprises tunisiennes inconscientes de cet apport prouvé scientifiquement et utilisé dans tous les pays développés et, par ricochet, sur l’ensemble des médias tunisiens. L’autre conséquence est encore plus grave, puisque cela empêche l’essor de médias libres et indépendants en Tunisie qui se trouvent acculés soit à mettre la clé sous la porte, soit d’aller se faire financer auprès d’organismes étrangers ou/et de l’argent sale.

 

 

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