Le vrai dérapage a commencé lorsque les Imams ont manqué à observer leur rôle de fédérateurs et de prédicateurs. Ils ont privilégié les querelles en ignorant la quintessence de leur mission première, apolitique et à mille lieux des considérations belliqueuses ou partisanes. Une fois de plus, ces disputes démontrent que les positions sont inconciliables. Chacune ne voit l'heure qu'à son clocher. Ceci nous rappelle, d'ailleurs, ce que disait Abou-Al Ala Al Maari :" A l'attaqué, éclate une guéguerre entre Salah et les Thémudéens. Les derniers tirent la cloche de leur église et le premier crie du haut de son minaret. Si seulement, je pouvais savoir lequel des deux avait raison". Chacun avance des conclusions faites d'affirmations schématiques et univoques, fondées sur la thèse de Sant'Egidio.
 

Comme le commentaire est libre, nous nous attarderons pas à en jauger la profondeur. Nous déplorons, cependant, le manque de probité qui affleure dans l'utilisation, hors contexte, de propos tenus dans la dignité du débat contradictoire. A quoi rime la manipulation, savamment orchestrée, pour galvaniser la foule et sauter la prière du Vendredi? Nous nous élevons, de la façon la plus vive, contre ces démarches qui procèdent de la diffamation et de la dénonciation calomnieuse. Elles ne font que déboussoler les fidèles. Nos chers Imams et Cheikhs, versés dans la parole divine et imprégnés de la Sunna de notre Prophète (salut et bénédiction de Dieu sur lui) doivent cesser de faire des membres d'une même Communauté :"Des Troupeaux de solitudes juxtaposées", comme le dit François Mauriac.
 

Enfin, nous estimons que le Ministère de Tutelle ainsi que toutes les instances compétentes sont sensés rappeler aux contrevenants la teneur de la nouvelle Constitution de la deuxième République. Ils doivent sortir de leur torpeur afin de mettre un terme au laxisme ambiant et arrêter tous ceux qui n'hésitent pas à s'affubler d'un esprit rampant de prêcheurs de bonne parole. Ces attitudes fielleuses qui sont légion ne servent vraiment à rien dans les vrais combats pour le décollage économique de la Tunisie qui se saigne aux quatre veines en vue de retrouver sa vitesse de croisière.
 

Ali ben Amor Zouaoui