Tunis : Dos au mur et droit dans le mur, la Tunisie s’inquiète plus de son Stade que de sa dette galopante et de sa croissance à 0,5 % !

By www.touwensa.net octobre 31, 2015 504

Si vous demandez à n’importe lequel des Tunisiens, «où va-t-on ?», il vous répondra sans hésitation, «dans le mur». Désabusé par un parti (Nida Tounes) qui a remis en selle le parti (Ennahdha) que presque toute la Tunisie a refusé par la voie la plus démocratique du monde, et mécontent du premier bilan d’un chef de gouvernement, nommé par les partis alliés d’Ennahdha, le  Tunisien n’est pas loin d’avoir raison. Sans ressources naturelles, c’est pourtant l’un des rares peuples au monde à être payé, à recevoir deux augmentations salariales successives en une seule année (13,8 % du PIB vont pour les salaires publics) et à ne travailler que jusque ce qu’il faut pour assurer une présence physique .

C’est dans toute cette atmosphère qu’éclate cette «bombe artisanale » et «préfabriquée» dudit «gage» du stade olympique de Radès dans le cadre de l’émission des Sukuks islamiques. Une polémique en a ainsi été faite, suite aux déclarations du ministre des Finances à ce propos de cette émission, au sein de la commission des Finances de l’ARP. Cette polémique, surfaite et gonflée à outrance, appelle pourtant quelques remarques :

Cette polémique révèle, en premier lieu, une totale ignorance des techniques de la dette. Toute dette, en effet, requiert une garantie. Le meilleur exemple nous en a pourtant été donné lorsqu’à deux reprises, la même Tunisie a dû avoir recours à une garantie américaine pour deux crédits de 500 MUSD. Bien avant cela, la BCT était plusieurs fois sortie sur les marchés internationaux des capitaux pour diverses dettes et a dû fournir la garantie de l’Etat, pour avoir les ressources dont avait besoin le ministère des F Il était pourtant à chaque fois clair que si l’Etat devenait incapable de rembourser la dette, c’est lui-même qui en deviendrait redevable. Et si cela arrivait, à Dieu ne plaise, ce sont les biens de l’Etat qui pourraient être vendus par le bailleur de fonds pour se faire rembourser son crédit. Diverses fois, des banques publiques avaient contracté des crédits et c’était toujours l’Etat qui donnait ses biens en gage ou en garantie. Où est  donc la  nouveauté dans le cas des Sukukus ?? et pourquoi cette sur médiatisation outrancière, si ce n’est pas par ignorance ou par calcul politique mesquin ?

 

Cette polémique autour des Sukuks a ensuite de nouveau dévoilé le flagrant manque de communication de tout le gouvernement et de la Primature en particulier qui est la tutelle de tous les ministères. En effet, ce n’est un secret pour personne que ce n’est pas le ministre qui a décidé de l’émission des Sukuks islamiques, mais que c’est en définitive le chef du gouvernement Habib Essid qui est le premier et le dernier ordonnateur et décideur d’une pareille action financière. S’il ne connaît pas la technique des Sukuks,-«Nul n’est sensé ignoré la loi»- et endosser les habits d’un chef de gouvernement, c’est endosser aussi toutes les responsabilités de ses erreurs et ne pas jeter l’opprobre sur le ministre des Finances. Sinon on reviendrait à la fameuse phrase de Ben Ali qui disait un certain  soir du 13 janvier 2011 que «ils m’ont induit en erreur». Il aurait en effet plus simple qu’Essid ou son cabinet de Com et explique à tous les médias la différence entre «gage» tel que «populeusement» interprété et le concept financier et généralement admis de garantie contre crédit.
 

Cette fâcheuse polémique, dont semble désormais être la victime livrée en proie à la vindicte médiatique le ministre des Finances, a enfin de nouveau révélé l’absence de toute solidarité gouvernementale. Sinon, comme le chef du gouvernement permettrait-il à deux de ses ministres, dont la propre secrétaire d’Etat du ministre des Finances, d’aller démentir son autre ministre par des propos qui rappellent, à ne pas s’y tromper, le dicton tunisien du «Moussa le Hadj ou le «Hadj Moussa» pour tous ceux qui essaieraient de faire passer des lanternes pour autres choses que des lanternes par d’autres mots similaires.

C’est ainsi tout un peuple, à travers ses médias qui s’étaient malencontreusement laissés traîner dans un jeu un trouble jeux de mots, qui s’inquiète de voir donner un stade en garantie à un crédit, alors que c’est tout un Etat, avec tous ses biens, qui a été déjà donné en garantie à d’autres crédits et qui devra être donné en garantie aux prochains 4 milliards DT qui devront être trouvés pour boucler le budget de l’Etat 2016.

C’est enfin tout un peuple, certains médias compris, qui préfère s’offusquer de cette affaire et ne pas s’inquiéter d’une dette qui bouffe déjà presque 54 % de son PIB et d’une classe privilégiée qui avale 13,8 % du budget alors que sa croissance dépasse difficilement 0,5 %.

 

 

 

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