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"Le poète a toujours raison qui voit plus haut que l'horizon et le futur est son royaume, face à notre génération je déclare avec Aragon, la femme est l’avenir de l’homme (texte de Louis Aragon chanté par Jean Ferrat)."
Jean Ferrat était un chanteur peu ordinaire, politiquement enraciné à gauche, il restera fidèle à cet engagement jusqu’à la fin, y compris lorsque le parti communiste français, ne représentait plus que cinq pour cent de l’électorat.
Il est aussi resté fidèle, à ses proches : sa femme Catherine Sèvres, également chanteuse, comme lui elle a écrit de grands et beaux textes, et à la fille de cette dernière, qu’il entourait d’une grande affection et continuait à présenter comme la sienne, même après le décès de sa maman.
Jean Ferrat, était un être particulier, qui avait des idées bien à lui, admonestantes, provocantes, déroutantes, qu’il offrait à son auditoire conquis avec un tendre sourire, et cette voix d’or, qui rendait l’improbable, possible.
Il était l’interprète de grands auteurs, et tout particulièrement de Paul Eluard et d’Aragon, ce dernier et sa femme Elsa Triolet, étaient des gens de la gauche extrême, cependant admis avec empressement dans tous les salons parisiens, là où tout le monde voulait y être.
Avec principalement, Catherine Sauvage, Catherine Sèvres, Juliette Gréco, Françoise Sagan, ces femmes perpétuaient l’âge d’or de Saint Germain des Près, celui de Paul Valery, Boris Vian, Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir.
Le remarquable de cette grande période qui a précédé et suivi Mai 1968, est la place prééminente jouée par la femme dans les milieux de la création, de l’art, du journalisme et de la politique, et qui faisait que Mai 1968 était bien un grand mouvement de jeunes hommes et surtout de jeunes femmes.
Mai 1968 s’est ensuite retiré de l’actualité pour entrer dans l’histoire, avec comme premier résultat que les jeunes filles de ce printemps là, formées à la bonne école de la contestation et ensuite de la raison, sont devenues des actrices conquérantes et des stars rayonnantes du champ politique à l’instar de notre Gisèle Halimi, restée indéfectiblement attachée à sa Tunisie, Evelyne Sullerot, Monique Witting, du cinéma et du journalisme, à l’exemple de Agnès Varda, Coline Serreau, Nelly Kaplan, Françoise Giroud et Christine Ockrent voire, un peu plus tard, Anne Sinclair.
Ailleurs dans le monde, Mai 1968 continuait à rayonner, et n’était pas étranger à l’accession des femmes à la tête de certains Etats, qui ne s’en portaient pas plus mal, comme à titre d’exemples la Grande Bretagne de Margareth Thatcher, l’Inde d’Indira Gandhi, et le Pakistan avec Benazir Bhutto, et plus récemment l’Allemagne de la chancelière Angela Merkel, le Libéria avec Elen Johnson Sirleaf, le Brésil avec Dilma Roussel, et le Chili de Michele Bachelet.
Autre pays, autre époque et autres mœurs, nous sommes en Tunisie, ce mercredi 13 janvier dernier, au matin, le quotidien de référence, présente en photo la "nouvelle équipe, nouvelle étape" gouvernementale tunisienne.
On a beau essayer, Il est impossible de ne pas remarquer la portion congrue réservée au sexe féminin : une seule présence sur dix ! Celle, il est vrai, non négligeable, de la cantatrice Madame Sonia Mbarek.
Même si cette photo, n’est pas une traduction précise de la composition du Gouvernement, elle n’en est pas moins une représentation de l’image de la femme dans notre culture nationale.
Sans vouloir faire du féminisme, un fonds de commerce à peu de frais, ou encore une coquetterie, on ne peut que se sentir concerné, à double titre, d’abord par cette image, qui n’est certes qu’une image, mais tout de même, qu’on ne peut pas considérer, autrement que gênante.
Pourquoi la femme tunisienne est elle représentée, consciemment ou pas, autrement que comme un être d’appoint, un peu pour compléter la photo ?
Et pourquoi l’autre présence féminine au sein du gouvernement, celle de Mme Samira Merai Friaa au parcours jusqu’ici jugé par tous excellent, ne figure pas sur cet instantané ?
Qu’on le veuille ou pas cela traduit une réalité, pas en rapport avec l’intelligence du peuple tunisien et sa modernité totalement compatibles avec toutes ses autres valeurs, notamment, la foi, l’égalité des genres, et leur complémentarité.
Les images de la jeune championne du 3000 m steeple, Habiba Ghribi, belle, souriante, rayonnante, triomphante, à la fin d’une finale mondiale, dans laquelle elle a brillé l’été dernier, habillée du drapeau national, ont fait beaucoup pour l’image, pas seulement de la femme tunisienne, mais aussi pour celle de notre pays.
Il en est ainsi, des prises de parole de nos femmes dans toutes les enceintes, et dans les espaces médiatiques, qui sont d’une grande conscience, d’une parfaite élégance, d’une lucidité et d’un courage à toute épreuve, à l’instar de la créatrice Leila Toubel qui réussit si bien avec ce spectacle magnifique de "Solwen", et sa prestation toute en sobriété et en intelligence mêlées, sur une chaine télévisée, ce mardi soir dernier.
Il faut reconnaitre que la femme tunisienne, est en parfaite symbiose avec cette observation largement partagée, qu’elle peut avoir, en toutes circonstances, les mêmes vertus que l’homme, avec son altruisme de surcroit.
Sans compter ses images, si belles, du temps du printemps tunisien, aujourd’hui quasiment irréelles, et ses discours enfiévrés d’alors, mais pleins de raison, et qui sont pour nous tous un sujet de grande fierté.
Il y a lieu de se remémorer en toutes circonstances, l’apport de la femme pour notre société, et faire en sorte de lui donner la place exigeante et éminente qui lui revient, pour que le pays se porte mieux.
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