Tunisie: hélicoptères d’attaque, précisions du ministère de la Défense

Le gouvernement Mehdi Jomaa avait commandé au mois de juillet 2014 un lot d’hélicoptères Sikorsky UH-60M « Black- Hawk » avec en option les kits « BATTLEHAWK » qui en font des hélicoptères d’attaque. Le choix était judicieux puisque ces appareils devenaient ainsi des « multi-mission », ce qui cadre parfaitement avec les moyens limités de nos armées. Un marché de plusieurs centaines de millions de dollars devenu nécessaire pour renforcer les capacités de l’Armée de l’Air tunisienne dans la lutte contre le terrorisme et lui permettre de rester au diapason des nouvelles technologies.

En avril 2015, le nouveau ministre de la Défense nationale Farhat Horchani a affirmé, dans une déclaration aux médias, que le premier lot de ces hélicoptères de combat sera livré à la Tunisie au cours des prochains mois. 10 mois plus tard, les premiers appareils ne sont toujours pas livrés. Ce retard dans la livraison de ces appareils dont notre armée a plus que jamais besoin,  pour faire face au danger terroriste qui ne cesse de se rapprocher, est devenu plus qu’inquiétant.

On se demande comment, en pleine guerre contre le terrorisme, on fait reculer encore une fois le délai de livraison! Il n’est pas normal qu’on doive attendre 3 ans avant que des armes, si vitales à la défense du pays, puissent être livrées!

Contacté par Réalités Online pour plus de précisions, le porte parole officiel du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, a affirmé qu’aucun retard n’a été enregistré dans la livraison de ces appareils. « Depuis la signature du contrat entre la Tunisie et les USA, il avait été mentionné que les hélicoptères devraient être livrés au début de l’année 2017. L’armée nationale avait commandé 8 hélicoptères Black Hawk UH-60 avec des équipements personnalisés et une technologie de pointe. La réception du matériel prend généralement du temps, surtout quand il s’agit d’un matériel militaire personnalisé» a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « Des pilotes sont actuellement en formation pour piloter ces appareils. La formation, elle aussi, exige du temps. A quoi servirait-il de recevoir des appareils alors que leurs pilotes n’ont pas encore eu la formation requise pour les piloter ? ».

Cependant, il semble étonnant qu’en pleine guerre contre le terrorisme, l’armée nationale subisse des délais aussi importants car si les hélicoptères doivent être livrés « début 2017 », ça fait 2 ans et demi de délai. Dans des circonstances normales, ça se comprendrait, mais dans les circonstances exceptionnelles que vit la Tunisie, c’est complètement irresponsable quand d’autres constructeurs peuvent livrer un matériel équivalent et former les pilotes dans un délai bien plus court.

D’autre part, ce délai est incompatible avec la déclaration du ministre de la Défense, M. Horchani qui, le 28 avril 2015 déclare : la Tunisie va réceptionner au cours des prochains mois le 1er lot d’hélicoptères de combat dans le cadre d’un contrat signé, en 2014, entre la Tunisie et les Etats-Unis. La formule « au cours des prochains mois » peut-elle signifier plus de 21 mois? Cela nous semble quelque peu tiré par les cheveux.

Déjà que le gouvernement Jomaa doit aux Tunisiens des explications sur des délais de commande aussi éloignés alors que le pays est en guerre, maintenant voici que le gouvernement Essid s’y met lui aussi en nous lançant des signaux contradictoires. S’il s’agissait de signaux venant de départements comme ceux de l’Economie, du Tourisme ou du Commerce, ça se comprendrait, mais que cela vienne du département de la Défense alors que nous sommes en pleine guerre et qu’un autre conflit se dessine à nos frontières, cela prend une tout autre dimension car c’est de sécurité nationale qu’il s’agit.

 

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