L’Hôpital Régional de Tabarka est malade

By Ali ben Amor Zouaoui février 18, 2016 803

Tabarka : Touwensa (Ali Zouaoui)

L’Hôpital se fout-il de la charité ? C’est une question qui se pose avec la plus grande insistance en ce moment. Après des élucubrations et dans le sillage d’une démarche fantaisiste, le Ministre de la Santé Publique vient de nous informer de la teneur de sa décision qui consiste à déplacer un appareil de chirurgie de l’Hôpital Régional de Tabarka à celui de Jendouba. Et à l’appui de sa thèse, étayée par des prétextes fallacieux, il veut nous faire croire que certains médecins, spécialistes en la matière refusent de travailler à Jendouba à cause du manque cruel de ce matériel adéquat. Est-il équitable de déshabiller Pierre pour habiller Paul ? Est-ce une pathologie incurable d’un autre genre qui s’abat sur la perle du Nord ?

Il serait plus sensé de proposer à ces docteurs récalcitrants qui ont, pourtant, prêté le serment d’Hippocrate de faire quelques kilomètres de plus. Ils pourraient enrichir, de leur compétence, notre Hôpital qui aspire à davantage de spécialités. Un responsable, dit technocrate, ne devrait pas être à cours d’idées en vue de résoudre les problèmes, qu’ils soient banals ou qu’ils se posent avec acuité. Il servirait d’une courroie de transmission pour aider le pays à relever les défis. Il parait que nous avons tiré des plans sur la comète. Par ailleurs, notre Ministre, en verve, coutumier du fait, pour avoir limogé des médecins qui ne voulaient pas prendre des vessies pour des lanternes, donne l’impression de faire la pluie et le beau temps. A-t-il oublié qu’il est le garant de la bonne application des dispositions des Articles de la nouvelle Constitution quant à l’observance de la nécessité de la distribution équitable des projets de développement dans toutes les régions tunisiennes. Et notamment celles de l’intérieur? La distinction positive est un terme qui risque d’être vidé de son sens à force d’être galvaudé ou ignoré par les nouveaux politicards.

Avant cet Etablissement Hospitalier dont nous venons d’esquisser le tableau lugubre, la ville du Corail qui regorge de potentialités en jachère, a connu d’innombrables épisodes malencontreux : Unités Hôtelières flambant neuves ont mis la clé sous le paillasson du jour en lendemain, aéroport à vocation internationale, au point mort, infrastructure routière d’un autre âge. Bien sûr la lise des malaises est loin d’être exhaustive. S’agit-il d’un sabotage ou d’une volonté délibérée ? Peu importe la réponse. Tabarka a du mal à décoller et à négocier son rendez-vous avec l’essor économique.

Nous avons besoin d’une véritable éducation des consciences ; car la lutte contre l’inégalité et l’injustice est d’une ampleur singulière. Elle ne sera jamais gagnée si les lois et les structures y afférentes ne sont pas modifiées. Tant que seules les élites progressent et éprouvent une grande satisfaction affective, le développement, dans toutes ses phases, se trouve immanquablement hypothéqué.

Monsieur le Ministre doit savoir que les enfants de Kroumirie sont capables de débrayage identique à celui qui a été initié au Sud. Mais le civisme, la Citoyenneté et le Patriotisme leur imposent un code de conduite et une clause de conscience, émanant des priorités vitales du pays et des contingences qu’il traverse à l’heure actuelle.
 

 

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